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Supporters du dimanche

©BELGA

Eh bien voilà, qu’est-ce qu’on fait maintenant? Le plus grand événement sportif du monde devient aussi excitant qu’un plat de pâtes au beurre depuis que les Diables en sont sortis.

Lundi, c’était leur retour, ils avaient eu soin de nourrir une polémique, les esprits et les cœurs avaient de quoi s’échauffer: on a espéré, on les a maudits, la vipère en chacun de nous a pu cracher son venin sur Wilmots-le-rabat-joie, mais on a souri à les voir une dernière fois tous réunis, en costard-cravate, ils nous ramenaient un dernier petit bout du Brésil avec ce petit côté carnaval.

Mais mardi, tout est retombé. Le soufflé, les olas, le coude à pils, la pluie, les coins des lèvres, le cardiogramme. Plat. Le pays est plat. Et on doit se refaire à cette platitude des conversations… Tu pars où en vacances? Ca va le stage des gosses? Merguez ou brochettes pour le barbecue de dimanche? Cette pluie, c’est prévu jusqu’à quand? Et surtout, surtout, fini l’excuse en or massif pour esquiver les dîners chez belle-maman! Le "ah non, y a match" va être repris de volée direct: "tu plaisantes, c’est Argentine/Pays-Bas, on s’en fout".

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Non, c’est pas très sportif comme esprit. Mais pour pas mal d’entre nous, c’est comme ça. On a suivi, un peu, le Mondial parce qu’on pouvait choisir un camp, espérer avec lui et avoir peur pour lui. Les supporters du dimanche sont mesquins. Ce qu’ils aiment, c’est eux. Leurs sensations, leur yo-yo émotionnel. Pas le sport, pas le football, pas les valeurs — OK, elles ne sont pas toujours très apparentes — qu’il peut véhiculer sur le terrain. On les a critiqués les Diables pour leur retour boudeur, mais bon, c’est pas comme si nous, supporters à deux francs, on faisait dans la grandeur…

Pour Argentine/Pays-Bas, on va faire quoi? Soit tourner le dos, les Diables ne sont plus là, intérêt zéro. Soit choisir un camp: supporter les Pays-Bas, qu’ils mettent une bonne raclée aux Argentins et ça nous étanchera la soif de vengeance ou supporter l’Argentine, qu’elle devienne championne du monde, ce qui dédouanera les Diables de leur défaite en quart. Dans un cas comme dans l’autre, c’est encore notre ancien camp qui nous guide et pas franchement de belles valeurs. Les vrais aficionados, les vrais amateurs de sport regarderont ce match pour le plaisir de voir deux des plus belles équipes de football livrer tout leur talent, leur art du jeu, leur technicité, leur pugnacité. Les vrais de vrais n’ont même pas besoin de choisir un camp pour être en mesure d’apprécier un match.

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