Mount Kimbie | Explorateurs des temps modernes
Avec leur troisième album "Love What Survives", le duo électronique londonien s’installe définitivement dans la cour des grands. Rencontre.
Posons-le d’emblée: Mount Kimbie est certainement ce qu’il se fait de mieux en matière de musique électronique depuis une dizaine d’années. En l’espace de trois albums et presque dix ans d’existence, le duo londonien s’est payé le luxe d’inventer le style "post-dubstep" avec "Crooks & Lovers" (2010), musique électronique aux ambiances feutrées, avant de tout bazarder pour adopter un son plus percutant avec "Cold Spring Fault Less Youth" (2013), en y incorporant des éléments de post-punk et de New Wave. "Love What Survives", troisième production du duo formé par Kai Campos et Dominic Maker survient après 4 ans d’absence, marquées par une tournée marathon d’un an et demi à travers les salles et les festivals du monde entier et une séparation (physique), avec l’emménagement d’un des membres à Los Angeles.
Le résultat? Un disque d’une infinie grandeur, abrasif et intrigant, à l’intérieur duquel les basses vrombissantes et raisonnantes côtoient les atmosphères tropicales et les transes mélancoliques. Un travail abouti porté par de nombreuses collaborations, notamment avec le génial James Blake et la musicienne Micachu distinguée d’un BAFTA pour la bande originale du film "Under The Skin" de Jonathan Glazer. Frissonnant. Un effort qui a laissé une marque durable sur le groupe:
"Nous avons beaucoup tourné avec l’album précédent, pendant presque 2 ans. Nous avons donc décidé de prendre une année pour nous, sans ne rien faire avec Mount Kimbie. Puis nous avons peut-être pris 3 ans pour faire cet album, avec de nombreux allers-retours entre Londres et Los Angeles. C’était assez éprouvant" nous confie Kai Campos depuis la cour intérieure d’un luxueux hôtel bruxellois…
"Je pense que ce qui définit bien cet album, c’est le mouvement. Car nous avons beaucoup voyagé et cela fait désormais partie de nos vies."
Quel était votre état d’esprit au moment de vous remettre au travail? On a l’impression que vous étiez au bord de la séparation…
K.C.: "Ce fut quelques années compliquées, mais nous avions trop envie de continuer ensemble. Alors nous nous sommes réunis et nous avons commencé à réfléchir à ce que nous voulions faire, à de nouvelles façons de travailler, mais aussi aux choses que nous avions faites et qu’on voulait éviter. Mais notre but était d’arrêter de se mettre la pression et d’explorer de nouvelles voies."
Vous avez un rapport spécifique au live, il me semble que vous n’aimiez pas faire de concerts à vos débuts?
K.C.: "Au commencement du groupe, jouer en live n’était pas du tout notre motivation principale! On se concentrait surtout sur le studio. Je pense que nous avons beaucoup évolué au fil du temps, personnellement et musicalement. Plus nous avons fait de concerts, plus notre musique s’est construite autour de ça. Mais au début nous étions vraiment nuls en live, nous avons fait beaucoup de chemin depuis!"
Malgré votre état d’esprit, il est me semble que l’album est plus optimiste que le précédent
Dominic Maker: "C’est drôle car les gens nous disent les deux choses! Certains nous disent qu’il est plus optimiste, d’autres qu’il est plus sombre. Je pense que nous sommes surtout plus relax dans la conception de l’album. Peut-être qu’avec "Cold Spring", nous ressentions plus le besoin de prouver quelque chose, ce qui n’est pas très bon lorsqu’on essaye de créer quelque chose selon moi. Cet album est simplement plus vivant."
Il semble important pour vous de garder une place spécifique pour vos amis. Il y a beaucoup de collaborations dans le disque avec notamment King Krule et James Blake?
En concert à l’AB le samedi 4 novembre. www.abconcerts.be
À écouter: SP12 Beat/We Go Home Together/You Look Certain/Marilyn
D.M.: "Nous sommes avant tout de grands fans de leur musique. C’est assez intéressant de soulever ça car au début nous ne voulions presque pas faire de collaboration. Mais lorsqu’on a commencé à rassembler nos pensées, l’idée de travailler avec ces artistes, s’est faite de manière naturelle. Mais ces collaborations sont également des challenges pour les artistes, une manière pour eux de se repousser dans leurs retranchements. La voix de James Blake par exemple est totalement transfigurée dans ses deux morceaux."
Diriez-vous que votre musique s’apprécie mieux en live?
D.M.: "Je pense que ce qui définit bien cet album, c’est le mouvement. Car nous avons beaucoup voyagé et cela fait désormais partie de nos vies. Et souvent lorsque l’on compose à deux on s’imagine ce que le morceau rendrait en conduisant ou en étant en mouvement."
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