Face à la barbarie, la résilience

Si les vies fauchées par les attentats sont hélas perdues à jamais, l’économie, elle, parvient toujours à rebondir. Pour preuve, les derniers chiffres de croissance du deuxième trimestre qui sont bons pour la Belgique. Avec un PIB en progrès de 0,5%, notre pays fait même mieux que la zone euro (0,3%). On peut y voir un effet de rattrapage par rapport à un premier trimestre où la Belgique affichait un maigre 0,2% de croissance contre 0,6% pour la zone euro. L’un dans l’autre cependant, cela reste un bon premier semestre. Surtout si l’on tient compte du contexte hautement troublé que traverse le Vieux Continent, harcelé par les attentats islamistes et rongé par le doute suite au Brexit. Chez nous, on peut encore y ajouter les récentes grèves.

Et pourtant, l’économie tient bon malgré tout. Les indicateurs de confiance restent bien orientés et les ménages consomment. Certes, les gens ne vont plus autant au restaurant, au café, au cinéma ou à des concerts. Mais ils consomment ailleurs et autrement. Ce glissement témoigne de la résilience de notre tissu économique. Là où un attentat sur une plage en Egypte ou en Tunisie peut mettre par terre l’économie locale, les économies européennes – diversifiées – encaissent mieux les coups.

Cette résilience se vérifie aussi au plan politique. Jusqu’ici – et touchons du bois –, les attentats sur notre sol n’ont pas entraîné de manifestations violentes à l’égard des citoyens de confession musulmane. Certes, sur les forums, les gens ne sont pas tendres. Et dans la rue, on regarde parfois de travers la femme voilée. Mais on en reste aux mots et aux attitudes. Dans n’importe quelle autre partie du monde, une telle épreuve aurait nécessairement dégénéré en violence. Cette résilience de nos sociétés, fruit de septante ans d’éducation citoyenne et d’un cadre institutionnel bien rôdé, est la meilleure réponse face à la barbarie.