31.329 emplois vacants en Wallonie: ça bride la croissance
L’Union wallonne des entreprises estime que de nombreuses sociétés vont devoir refuser des contrats. Elle y voit un frein à la croissance et appelle le Forem à mieux former ses demandeurs d’emplois.
La Wallonie reste une terre de contrastes. Alors que son chômage atteint toujours des niveaux inquiétants avec plus ou moins 220.000 demandeurs d’emploi, le nombre d’emplois vacants dans le sud du pays n’a jamais été aussi important. D’après les données fournies par l’Union wallonne des entreprises (UWE), la Wallonie comptait 31.329 postes vacants à la fin du troisième trimestre 2017. C’est 53% de plus par rapport au troisième trimestre 2016.
Cette situation, comme l’explique Olivier de Wasseige, l’administrateur-délégué de l’UWE, n’est pas une simple question de statistiques. Derrière cette photographie se cache un enjeu: la relance économique de la Wallonie. "La reprise économique est là mais la croissance est freinée en Wallonie par une pénurie de main-d’œuvre alors que le taux de chômage est toujours aussi important. Une Région comme la Flandre connaît une situation similaire — avec 90.651 emplois vacants — mais elle est au plein emploi. La Wallonie n’en est malheureusement pas encore là. La main-d’œuvre reste disponible et les entreprises engagent".
Le Forem n’arrive pas à implémenter assez vite les formations vers les métiers en pénurie.
Les entreprises freinées
Sans disposer de données statistiques, les économistes de l’UWE assurent que plutôt que d’être à 1,8% en 2018, "le taux de croissance de la Wallonie serait d’office supérieur si ce problème d’emplois vacants était résolu". De combien? C’est difficile à dire car il faut tenir compte des effets boule de neige comme la croissance de la demande des consommateurs. "Mais les entreprises se plaignent de voir leur croissance freinée. Les entreprises ont aujourd’hui la possibilité de produire plus mais elles n’arrivent pas à trouver la main-d’œuvre adéquate en Wallonie. Elles risquent donc de devoir refuser des commandes", constate Olivier de Wasseige.
Le Forem appelé à mieux former
La priorité est maintenant d’arriver à résoudre cette situation. "Nous avons en Wallonie une occasion de résoudre le chômage, il faut tout faire pour ne pas louper le coche et permettre à la conjoncture positive d’aller jusqu’où elle peut aller."
Sans remonter jusqu’aux origines du problème lié à la formation dans l’enseignement, Olivier de Wasseige estime que le principal souci vient du Forem qui n’arrive pas à former correctement les demandeurs d’emploi. Les formations seraient, selon lui, en inadéquation avec le marché de l’emploi. "Le Forem ne forme pas suffisamment les demandeurs d’emploi aux métiers en pénurie. Plus inquiétant, les formations données ne permettent pas d’arriver au niveau de qualification demandé par les entreprises. Le Forem n’arrive pas non plus à implémenter assez vite les formations vers les métiers en pénurie." Il pointe à titre d’exemple les 60.000 demandeurs d’emploi en Wallonie à la fin 2017 qui sont exonérés de pointage parce qu’ils suivent une formation. "Sur ces 60.000 personnes, seulement 10.000 suivent une formation sur un métier en pénurie. Résultat, sur les 220.000 demandeurs d’emploi en Wallonie, seulement 5% suivent une formation de métier en pénurie!"
Parmi les solutions, l’UWE suggère au Forem de se tourner vers le privé. "Je ne suis pas en train de dire qu’il faut privatiser les formations du Forem mais faire appel aux acteurs privés de la formation pourrait améliorer la situation."
Bruxelles | Un taux de vacance de plus de 3,5%
Pour l’Union des classes moyennes comme pour Actiris, il n’est pas aisé de se faire une idée précise du nombre de postes disponibles sur le marché de l’emploi bruxellois. "Il y a 35.000 employeurs à Bruxelles dont 80% de PME et TPE. On peut dire que les chiffres officiels sont toujours légèrement sous-estimés: une opportunité d’emploi ne se matérialise pas forcément par la publication d’une offre dans les petites entreprises dont beaucoup recrutent via le bouche à oreille ou via une simple affiche sur la vitrine", explique David Piscicelli, expert à l’UCM. Les offres passant par Actiris constituent un bon indicateur. En 2017, le service régional de l’emploi avait reçu un total de 34.808 offres. Dont 17% dans les services administratifs, 12% dans l’administration publique et 11% dans les domaines de la santé et de l’action sociale.
Le SPF Economie publie quant à lui des statistiques précises. Au premier trimestre 2017, il y avait ainsi – et c’est une moyenne – 17.446 emplois vacants (dont 1.000 en intérim), selon les derniers tableaux en date relatifs à Bruxelles. Selon l’UWE, ce chiffre est monté à 20.670 au troisième trimestre 2017 enregistrant une hausse de 33% par rapport à la même période de 2016. Le taux de vacance d’emploi à Bruxelles était de 3,54%.