Des mesures de soutien corona trop peu ciblées
Les mesures de soutien accordées aux entreprises et aux ménages pour surmonter la crise ont été bien trop générales, épingle la FGTB dans son baromètre socio-économique 2020.
C'est presque devenu une tradition... En novembre, la FGTB sort son baromètre socio-économique. En recoupant les données statistiques de plusieurs organismes officiels, le syndicat socialiste y met en exergue certains "problèmes" de notre société, mais propose aussi ses solutions, à court et moyen terme, pour y remédier.
Sans surprise, cette mouture fait la part belle aux conséquences de l'épidémie de coronavirus. "De façon générale, ce qui ressort de l'exercice, c'est que la sécurité sociale et les services publics ont joué leur rôle, mais aussi que la crise a encore renforcé les inégalités", résume le président de l'organisation syndicale, Thierry Bodson.
"Ce qui ressort du baromètre, c'est que la sécurité sociale et les services publics ont joué leur rôle, mais aussi que la crise a encore renforcé les inégalités."
Pertes plus lourdes pour les petites entreprises
Dans cette édition 2020, la FGTB s'est notamment penchée en détail sur les mesures de soutien, prises entre mars et septembre, par les différents gouvernements pour limiter les dégâts de l'épidémie. Son constat est sans appel: ces initiatives ont été bien trop générales, alors que des mesures sectorielles ciblées auraient été plus utiles.
"On gagnerait certainement à avoir des mesures plus orientées vers des entreprises viables et actrices de la transition environnementale."
Afin d'étayer son analyse, elle s'appuie sur des données de l'Economic Risk Managment Group (ERMG), illustrant que les pertes de chiffres d'affaires, entre avril et juin, ont grandement varié d'un secteur à l'autre. Au sein même des secteurs, les petites entreprises ont par ailleurs souvent subi des pertes bien plus lourdes que les grandes.
Efficacité et proportionnalité
Sur base de ces éléments, Thierry Bodson n'en doute pas: il faut mener une réflexion sur l’efficacité et la proportionnalité des mécanismes d’aide pour les entreprises. S'il n'est pas question de remettre toutes les aides en cause, il convient de revoir le caractère forfaitaire de certaines, estime-t-il. "Quand la crise nous est tombée dessus, il n'était pas nécessairement facile d'élaborer des critères pour étayer les demandes de soutien. Mais maintenant, alors qu'on sait que nous sommes partis pour une certaine durée, on pourrait sérieusement essayer d'en fixer."
Interrogé par nos soins, l'économiste Etienne De Callataÿ ne conteste pas l'analyse posée par le syndicat. "Effectivement, les aides ont été non ciblées et peuvent poser question. On gagnerait certainement à avoir des mesures plus orientées vers des entreprises viables et actrices de la transition environnementale", commente-t-il.
Pour l'heure, de telles évolutions ne semblent cependant pas d'actualité. "On ne peut clairement pas dire que la Vivaldi tranche par rapport à ce qui a été fait par le gouvernement intérimaire Wilmès. On est plutôt dans la continuation, voire dans l'exacerbation, notamment avec un droit passerelle multiplié par deux", observe l'économiste en chef d'Orcadia Asset Management.
Entreprises plus soutenues que les ménages
Autre constat posé par la FGTB au sujet de ces mesures de soutien: 11,7 milliards d’euros sont revenus aux entreprises et aux indépendants, tandis que seuls 3,4 milliards d’euros reviendront aux ménages en 2020. "On ne dit pas qu'il faut que ce soit identique évidemment, mais on s'étonne de ce différentiel", commente Bodson.
"A priori, ce différentiel m'interpelle aussi", note De Callataÿ. "Dans une crise telle que celle que nous traversons, il faut protéger les individus. La règle du jeu de l'économie de marché est que, quand ça va mal, le patron ou l'actionnaire passe à la caisse en premier. C'est une exigence de cohérence pour avoir une légitimité des profits quand les choses vont bien", conclut-il.
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