Grands travaux et cure d'amincissement pour le patrimoine de l'État
Mathieu Michel a affiné le programme exhaustif des besoins immobiliers prioritaires de la Régie des Bâtiments, dont il a la tutelle. Le timing et les budgets de chaque chantier seront présentés ce mardi. Demandez le programme.
Pas moins de 5,1 milliards d’euros non indexés, dont 3,5 milliards déjà budgétés et couverts, notamment, via le plan de relance. C’est l’addition à charge de la Régie des Bâtiments qui sera mise sur la table du Parlement, en commission Mobilité, ce mardi matin sur le coup de 10h30 par Mathieu Michel.
"Il reste aux gouvernements suivants à dégager 1,6 milliard d’euros sur 20 ans. Avec un peu de bonne volonté, c’est largement faisable. Et c'est indispensable. Tout comme plusieurs grands travaux à financer via des partenariats public-privé", souligne le secrétaire d'État (MR), sur le point de lever le voile sur la liste exhaustive validée en Conseil des ministres fin 2021.
Plus de 100 chantiers
Cette liste, que nous avons pu parcourir, comporte plus de 100 chantiers distinctifs répertoriés par leur situation géographique et par la fonction qu’ils intègrent pour compte des grandes fonctions régaliennes de l’État.
"Nous avons également passé un marché à l’attention des sociétés qualifiées pour réaliser un audit du parc immobilier (...) en vue de connaître et réduire son empreinte carbone."
On y trouve programmées à échéance rapprochée (avant 2025), la modernisation d’une quinzaine de casernes de la police fédérale ou la construction et la rénovation d’autant de centres fermés pour l’asile et la migration. Sans oublier, comme le fait remarquer le secrétaire d'État, la création "rapide" de 720 places dans les maisons de détention pour les courtes peines, histoire d’entamer enfin le désengorgement des prisons du pays, en surpopulation chronique.
Marchés publics annoncés
Si plusieurs chantiers ou phases de chantier – à l’instar des palais de justice de Bruxelles, Charleroi, Dinant, Mons, Tournai ou Liège (palais des princes-évêques) – sont reportés après 2026, le menu des trois prochaines années reste particulièrement copieux et ne manquera pas de rapidement provoquer une pluie d’annonces de marchés publics.
"Nous avons également passé un marché à l’attention des sociétés qualifiées pour réaliser un audit du parc immobilier sous tutelle de la Régie en vue de connaître et réduire son empreinte carbone en ligne avec les nouvelles directives européennes en la matière. C’est un des objectifs prioritaires de ce plan pluriannuel", rappelle Mathieu Michel.
Mais pas que: l'une des autres priorités du gestionnaire des murs de l'État, imposée par le gouvernement, est de regrouper, rationaliser et réduire significativement les superficies occupées par les services fédéraux. On parle de plus d’un million de mètres carrés qui passeront à la trappe, sur un total de 6,8 millions actuellement gérés, à défaut de tous être occupés. Il s’agira d’une solide économie d’échelle à tout niveau, CO₂ compris.
Partenariats public-privé
Au-delà de la liste exhaustive des chantiers imminents (avant 2026) et déjà programmés à l’horizon 2040, Mathieu Michel a également soumis à étude plusieurs gros contrats DBFM (design/build/finance/maintain), sur le modèle de celui lancé pour la conception, la construction et la gestion de la nouvelle prison de Haren. Il s’agit notamment de ceux des prisons de Paifve (Liège) et de Mons, de la construction de la 5e école européenne ou du futur siège centralisé de Sciensano.
"Enfin, certains biens patrimoniaux qui ont besoin d’une rénovation rapide et d’une nouvelle affectation seront proposés à des tiers – privés ou publics –, pour qu’ils prennent en concession les travaux et gèrent ensuite ces lieux exclusifs pour leur redonner vie. Nous sommes ouverts à toutes les propositions qui font sens", ajoute le secrétaire d'État. Sont déjà identifiés la piscine et le théâtre du Résidence Palace, le palais de la Dynastie (Mont des Arts), le Pavillon chinois et la Tour japonaise (Heysel).
Pourquoi cette présentation exhaustive aux parlementaires programmée ce mardi?
Je souhaite que tout le monde soit au courant des détails de ce plan pluriannuel, de son financement et de ses motivations. Il ne s’agit pas de saupoudrage géographique ou politique, mais de réelles priorités. Et si, d’ici 2040, un gouvernement veut sortir de ce plan de vol objectivé, tout le monde sera au courant et il faudra le justifier.
Nombre de chantiers listés sont reportés après 2026. C’est un peu vague, vu les urgences, non?
La liste des travaux et les échéances ont été détaillées de manière plus fermée et précise à l'attention du gouvernement. Ici, nous avons voulu aller à l’essentiel; et c'est déjà très dense.
Vous placez parmi vos priorités la réduction de l'empreinte carbone du parc immobilier de l’État. N’est-ce pas un gouffre financier dont on mesure encore mal la profondeur?
Nous allons drastiquement réduire les surfaces occupées – tout bénéfice direct en termes de réduction des charges locatives et de production de CO2 – et les économies seront réinjectées dans les caisses de la Régie des bâtiments pour couvrir ses futures acquisitions et chantiers, puisqu’une de nos priorités est de redevenir propriétaires de nos murs.
Cette dernière priorité – le retour à la propriété –, vous allez également l’expliquer demain en commission Mobilité?
Bien sûr. Tout comme nous l’avons récemment défendu et fait valider en Conseil des ministres.
- Le secrétaire d'État chargé de la tutelle de la Régie des Bâtiments a enfin doté l'institution d'un plan pluriannuel d'investissement.
- L'objectif est de rationaliser le portefeuille immobilier de l'État: en réduire la superficie, le bilan carbone et le coût locatif récurrent en redevenant propriétaire des murs occupés.
- Le moyen est de sortir de la routine actuelle, qui consiste à travailler dans l'urgence sans programme cohérent à long terme ni enveloppe financière suffisante pour l'exécuter.
- Le premier Plan pluriannuel d'investissement ciblant les grands travaux de l'État à l'horizon 2040 est présenté ce mardi matin au Parlement.
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