Les audits sur le remplacement des F-16 "n'apportent peu voire pas de réponse"
Les députés pouvaient consulter les audits sur le remplacement des F-16 ce lundi, après n’avoir reçu qu’un aperçu vendredi dernier, lors de la commission de la Défense. Quelles réponses apportent-ils?
Les députés de l’opposition n’ont pas obtenu beaucoup plus de réponses à leurs questions sur le remplacement des F-16 ce lundi, malgré une consultation des audits plus complètes que vendredi dernier en commission de la Défense. Ils déplorent en effet des audits qui n’apportent que peu voire pas de réponses aux questions qui se posent dans ce dossier.
Rappel des faits
La Défense s’est retrouvée au cœur d’une tempête politico-médiatique fin mars suite à la fuite d’un rapport de Lockheed Martin qui affirmait que nos avions de chasse F-16 pourraient voler plus longtemps que présupposé, sans "coûts exorbitants". Une information qui n’était pas remontée jusqu’au ministre de tutelle, Steven Vandeput.
Un audit a alors été demandé à l’Inspection générale de l’armée, et un autre au comité d’audit fédéral. Ces deux audits ont été présentés vendredi après-midi en commission de la Défense, et devraient permettre de comprendre pourquoi l’information est restée confinée à l’armée.
Cette étude de Lockheed Martin, qui n’a donc pas été transmise au ministre au grand désarroi de l’opposition, porte donc sur la prolongation de la durée de vie des F-16 de six ans. Plusieurs hauts gradés de l’armée de l’air potentiellement impliqués dans la non-transmission de ce mémo du constructeur américain s’étaient mis provisoirement en retrait de leurs fonctions.
Charles Michel avait alors promis de faire la clarté sur cette affaire avant de prendre quelconque décision.
"Y a-t-il eu manipulation? Le ministre Vandeput engage-t-il sa responsabilité politique? Etait-il au courant? Nous n'avons pas de réponse", a souligné la députée Julie Fernandez-Fernandez (PS).
Les deux enquêtes ne sont disponibles qu'en néerlandais et retracent la chronologie des études, depuis le discours de clôture en 2016 de l'Aircraft Structurial Integrity Program au Texas, où a été évoquée la prolongation des F-16, jusqu'à une réunion en mai 2017 de la Composante Air de l'armée belge où l'étude de Lockheed Martin a été discutée.
Un lieutenant-colonel estime que ces résultats peuvent avoir une influence sur la procédure de remplacement des F-16, et doivent ainsi être communiqués au ministre de la Défense et au chef de la Défense.
Le supérieur du lieutenant-colonel, le colonel Peter Letten, en charge du matériel volant, juge, lui, au contraire que ce n'est pas nécessaires, que ces résultats sont "sans valeur". Les autres officiers supérieurs mis au courant, dont le chef de la Composante Air, le général Frederik Vansina, et le chef du programme de remplacement, le colonel Harry Van Pee, ne remettent pas en cause cette décision.
"Ce n'est pas aux militaires de décider quelles sont les informations dont doivent disposer les politiques. C'est aux politiques de prendre les décisions. S'ils n'ont pas toutes les informations, il y a un problème."
L'audit réalisé par l'armée, que les parlementaires jugent pauvre en informations, pointe le fait que le lieutenant-colonel X serait frustré du poste qu'il occupe. Seul un membre du cabinet du ministre de la Défense a été entendu.
"Ce n'est pas aux militaires de décider quelles sont les informations dont doivent disposer les politiques. C'est aux politiques de prendre les décisions. S'ils n'ont pas toutes les informations, il y a un problème", a déploré Benoît Hellings (Ecolo).
Selon les députés, des pièces importantes ne sont pas communiquées au Parlement. "Ce n'est pas une façon sérieuse d'exercer le contrôle parlementaire", a fustigé Georges Dallemagne (cdH).
Le socialiste flamand à l'origine des révélations, Dirk Van der Maelen ne comprend pas la confidentialité qui entoure ces audits. "C'est une situation digne du 19e siècle. Je ne vois pas quel est le fondement juridique de cette décision", a-t-il dit.