Les coulisses
Parcours d'obstacles pour les journalistes européens/Petit bonus chez Belfius/Ne pas confondre Vincent Company avec une star belge du foot/ Joëlle Milquet et les "cultureux"/Lire dans les pensées d'un ministre socialiste/Une fusion tant attendue/Nouvelle égérie horlogère/
Berlaymont trop protégé?
Ces derniers temps est véhiculée l’image d’une Europe distante et fermée. La preuve? Pour pouvoir entrer dans la salle de presse de la Commission européenne, un journaliste doit désormais franchir plusieurs obstacles, de plus en plus décourageants.
Le dernier en date est un sas de sécurité implanté depuis quelques semaines à l’entrée du Berlaymont, où le journaliste doit montrer son accréditation auprès des institutions européennes. Sa carte de presse nationale ne lui sert à rien. S’il n’a pas d’accréditation spéciale, il sera accompagné par un cerbère du service de sécurité G4S auprès d’un huissier qui le toisera avant de décider s’il le laissera entrer, oui ou non, avec une autorisation valable un jour.
Passée cette première étape relativement humiliante, l’homme de presse devra retirer sa veste et ses objets métalliques. Comme dans un aéroport, le journaliste, qu’il couvre ou pas l’Europe depuis 30 ans, doit passer par un portique. Et ses effets personnels sont scannés. Comme s’il était un inconnu, venant du bout du monde. Un terroriste, peut-être, même s’il a connu la Commission Delors. Ensuite, il passe une barrière automatique et peut enfin rentrer dans l’espace de presse. Les conditions d’entrée au Parlement européen ou dans le bâtiment des conseils ne sont pas meilleures.
L’Europe est peu populaire
Mais faut-il s’en étonner, si elle traite ses observateurs les plus proches en terroristes potentiels?
Il fut pourtant un temps où la presse était la bienvenue. Dans les années 90, un ou deux agents contrôlaient l’identité des journalistes, d’un simple coup d’œil, à l’entrée d’une salle de presse accueillante. Ces agents connaissaient tout le monde, et tout le monde les connaissait. Mais ça, c’était avant que l’Europe se claquemure. Et éteigne sa passion fondatrice, pour donner l’image d’une administration opaque.
Une fève dans la couque
En attendant de devenir fonctionnaires wallons, chez Belfius, on ne manque pas de brillantes idées qui feront saliver d’envie les malheureux qui n’ont pas la chance de travailler au sein de cette grande institution. Le comité de direction (qui est un peu le comité des fêtes aussi, lisez plutôt…) a invité les départements de la banque (maximum 200 personnes à la fois) à assister à un "petit-déjeuner viennoiseries informel (debout)". L’occasion pour Marc Raisière, le big boss de la banque, d’exposer les résultats de 2014 et les défis de 2015, de répondre aux questions aussi, mais surtout de profiter de cette communion festive pour valoriser le personnel qui, ces dernières années, n’a pas connu que "du bonheur" comme on dit sur TF1. En franglais, on appelle cela un "incentive". Qui ne consiste pas – rassurez-vous – en ces viennoiseries "à manger debout". Non, l’incentive est dans la couque! Le comité des fêtes, pardon de direction, a repris l’idée de la galette des rois: l’une des couques contiendra une fève. Et l’heureuse dent qui tentera de la croquer, aura le plaisir (le comité des fêtes le désigne comme le "gagnant") d’accompagner "pendant une demi-journée" un membre du comité de direction.
Une demi-journée avec l’un de ses grands patrons! On sent que des larmes de joie vont couler du côté de la place Rogier. Ou que certaines fèves risquent de se perdre…
Du bien beau monde pour une fusion
"Ne croyez pas toujours le MR."
L’info bancaire de la semaine (après le show de Super Mario à Francfort, on est d’accord), c’est la confirmation que la Banque Degroof et Petercam ont enfin signé le bout de papier (on dit "memorandum of understanding") qui les conduira à fusionner dans quelques mois. Cela s’est passé lundi soir. Une trentaine de personnes s’étaient donné rendez-vous au cabinet White & Case, rue de la Loi à Bruxelles. Tant que ça? C’est que, pour réunir trois quarts des droits de vote de chacune des deux maisons organisées sur le mode "partnership", il faut rassembler du monde. Et encore, la date ayant été fixée peu auparavant, les procurations étaient nombreuses. Autour des deux CEO Philippe Masset (Degroof) et Xavier Van Campenhout (Petercam), il y avait la famille Philippson (Alain Philippson est président de Degroof), Jean-Marie Laurent Josi pour Cobepa, Frank van Bellingen pour CLdN Finance (famille Cigrang), les familles Van Campenhout et Peterbroeck, le président de Petercam Ludwig Criel, quelques associés aussi. Bref, à peu près le futur conseil d’administration de Degroof-Petercam. Ceux qui ont voulu ce deal et en attendent un regain de rentabilité. Le lendemain, chacun a annoncé le deal devant les siens. Degroof a réuni plus de 400 personnes à l’hôtel Thon, Petercam plus de 300 à l’espace Square. Des salles avaient déjà été réservées quelques semaines plus tôt, mais il a fallu annuler car il y avait encore du "fine tuning" à faire entre actionnaires. Ce que l’actionnaire veut…
Bain de culture
Lundi dernier, la vice-Présidente de la Communauté française, ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance, Joëlle Milquet avait convié les acteurs du secteur culturel au Théâtre National pour exposer les grandes lignes de la politique culturelle de la législature. Après un (gros) retard (habituel) sur l’horaire annoncé et deux intermèdes donnant la parole au monde artistique, la ministre s’est exprimée devant une salle un peu moins comble qu’au début de la séance. Dans son discours intitulé "Bouger les lignes", Joëlle Milquet a multiplié les citations invitant Malraux, Mitterrand, Olivier Donnat, Danton, Romain Gary, Montaigne, Benoît Peeters, Amin Maalouf, Camus, Simon Nora et René Char, à appuyer son propos (de 23 pages A4, quand même). De quoi montrer, dès le premier contact avec les "cultureux", que l’on possède de la culture,… ou un très bon dictionnaire de citations.
Avec C comme Company. On se demande comment certains n’y avaient pas pensé plus tôt. Des petits malins surfent habilement sur la notoriété de certaines personnalités pour baptiser leur entreprise ou activité. On a ainsi appris la création à Anvers de l’asbl… Vincent Company. Avec C pour "company" afin de ne pas être confondu avec le capitaine des Diables rouges, Vincent Kompany. Son objet social est à vocation artistique, puisque Vincent Company a pour objectif de soutenir les artistes que ce soit sur le plan de la production, de la communication, du coaching, de l’organisation, du partage d’idées, de la formation, etc.
L’acte de constitution ne dit pas qui est ce Vincent
Une allusion à Van Gogh, peut-être, qui s’apprête à faire l’objet d’une grande exposition à… Mons, la ville d’Elio Di Rupo, le meilleur ennemi de Bart De Wever, le maïeur d’Anvers (mais là on s’égare sans doute…)? Heureusement qu’il s’agit d’une asbl et non pas d’une société commerciale. Sans quoi, le défenseur de Manchester City aurait pu s’en prendre à ses fondateurs pour usage parasitaire de son patronyme.
Le retour d’Axelle
À ce stade, la nouvelle est passée inaperçue, mais il semble bien qu’Axelle Despiegelaere sera la nouvelle égérie d’Ice-Watch. Axelle qui? Mais si, faites un effort… Il s’agit de cette jeune supportrice des Diables Rouges repérée lors de la dernière coupe du monde! En deux temps trois mouvements — on appelle ça un buzz — la jeune fille, qui n’en demandait pas tant, a vu sa trombinette affichée dans les magazines du royaume. L’affaire semblait bien emballée, on la voyait déjà signer un contrat avec L’Oréal avant que, patatras, tout ne s’effondre pour la peau d’un oryx. Car, sur Facebook, la trombinette de la jeune demoiselle s’affichait également, mais cette fois, avec un oryx mort à ses côtés, une gazelle africaine tuée lors d’une partie de chasse. La toile mondiale s’est emparée de l’affaire — on appelle toujours ça un buzz — et les contrats promis (y’en a-t-il jamais eu?) se sont envolés avant même d’avoir été signés. Mais la roue tourne et tout le monde a droit à une seconde chance (sauf l’oryx, en l’occurrence…). Un communiqué envoyé cette semaine laisse entendre que la jeune fille représentera à l’avenir la marque horlogère Ice-Watch. Un joli coup pour elle, assurément. La morale de l’histoire? Le siège d’Ice-Watch étant situé à Bastogne, elle devrait pouvoir encore faire le coup de feu dans les forêts ardennaises entre deux prises de vue. Mais méfie-toi, demoiselle: n’oublie pas que tôt ou tard, un matin, un lapin tuera le chasseur! Et si Chantal Goya le dit…
Un don de télépathie?
Le MR arrive-t-il à lire dans les pensées du ministre Jean-Claude Marcourt? Tout part d’une question posée par le député libéral Georges-Louis Bouchez. Ce dernier s’est inquiété mardi au Parlement de voir les investissements des opérateurs télécoms sous pression. La cause? Il prend en exemple la prochaine taxe sur les antennes GSM que le gouvernement wallon entend imposer aux opérateurs et qui constitue à leurs yeux une véritable agression. Conscient des problèmes rencontrés par le secteur, Jean-Claude Marcourt a promis d’aborder ces questions de rentabilité dans son prochain plan numérique. La brèche est ouverte… Georges-Louis Bouchez est persuadé que, par ses déclarations, le ministre de l’Économie reconnaît que cette taxe sur les pylônes n’est pas une bonne chose. "Vous admettez le fait qu’on puisse en rediscuter puisque cette taxe vient s’additionner à une série d’autres éléments", dira-t-il dans sa réplique. Vraiment? En aparté, Jean-Claude Marcourt tacle l’analyse: "Ne croyez pas toujours le MR." On suivra l’affaire!
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