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Négociations fédérales: trois grosses pierres d'achoppement pour l'Arizona dans les propositions de Bart De Wever

Après des vacances en Forêt noire et un passage aux JO de Paris, avec son épouse, pour applaudir les Belgian Cats, Bart De Wever relance des entretiens bilatéraux. Avant de réunir les négociateurs des cinq partis intéressés par une Arizona. ©BELGA

Les négociations pour la formation d'un gouvernement fédéral ont repris. Il faut réformer tout en trouvant beaucoup d'argent, trancher la question institutionnelle et adoucir les angles entre gauche et droite.

Les vacances sont finies pour Bart De Wever, le formateur désigné par le Roi afin de former une coalition fédérale, et les négociateurs des cinq partis impliqués dans leur quête d'Arizona (N-VA, MR, Les Engagés, CD&V et Vooruit). Ce lundi, c'était la reprise des négociations pour constituer le prochain gouvernement.

Bart De Wever voit d'abord chaque parti séparément, avant de réunir tout le monde en milieu ou fin de semaine. Il est attendu lundi prochain, le 19 août, au Palais royal pour rendre un nouveau rapport intermédiaire au Roi.

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Trois réformes

Bart De Wever devrait désormais disposer de tableaux budgétaires et de chiffres donnés par l'administration.

On connaît quelques-unes des propositions qui sont en discussion. Bart De Wever envisage trois grandes réformes pour la Belgique: fiscalité, pension et marché du travail. Celles-ci ont généré un melting pot d'idées que le formateur a soumises à ses acolytes: une révision des seuils de l'impôt des personnes physiques, la déductibilité totale des frais de crèche pour les parents qui travaillent, l'indexation des salaires uniquement sur le net, un changement de TVA sur divers biens, notamment sur l'alimentation, l'indexation limitée dans le temps des allocations de chômage, la révision de la pension des fonctionnaires, le retrait du paiement des allocations de chômage du giron des syndicats...

Pour ses entretiens bilatéraux, Bart De Wever pourra enfin s'appuyer sur quelques tableaux budgétaires ainsi que sur de nouveaux chiffres produits par l'administration. Le Bureau du plan a calculé l'impact de certaines mesures envisagées par le formateur.

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Ces données seront bien utiles. Actuellement, on voit assez mal où le formateur va trouver les 28 milliards d'euros d'économie que l'Europe attend de la Belgique, puisque la Commission nous poursuit d'une procédure en déficit excessif.

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Pour rappel, le but est toujours d'aboutir à un accord global pour le 20 septembre. La Belgique devra alors envoyer à la Commission européenne son plan budgétaire, dans le cadre de cette procédure en déficit excessif.

Où faire des économies?

"Vooruit, Les Engagés et le CD&V n'ont pas envie d'économies dans le secteur social et les services aux citoyens."

Caroline Sägesser
Analyste politique (Crisp)

"Bart De Wever semble miser sur un effet retour de la remise au travail des malades et des chômeurs de longue durée, ainsi que de la croissance économique. Mais on sait d'expérience qu'on a tendance à surestimer ces effets. Cela permet de présenter un accord politique plus attrayant, quitte à revoir ses plans par la suite", glisse Caroline Sägesser, analyste politique au Crisp.

Cependant, la Commission risque de ne pas être dupe face à des calculs fort optimistes. Il faudra être ingénieux.

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Le casse-tête budgétaire des négociateurs est traversé par deux oppositions. "Vooruit, Les Engagés et le CD&V n'ont pas envie d'économies dans le secteur social et les services aux citoyens. Et la N-VA veut s'inscrire dans l'orthodoxie budgétaire de la ligne européenne, alors que le MR refuse d'augmenter la pression fiscale", cadre Caroline Sägesser.

Ainsi posée, l'équation paraît impossible à résoudre. "Mais en Belgique, rien n'est impossible, glisse l'analyse du Crisp. Et nous avons cinq partenaires idéologiquement plus proches les uns des autres que ne le sont ceux de la Vivaldi."

Retour du confédéralisme

"Je ne crois pas que Bart De Wever osera devenir Premier ministre sans amener d'aménagement institutionnel."

Caroline Sägesser
Analyste politique (Crisp)

Puisque le leader de la N-VA est aux commandes, il va tenter d'imposer le leitmotiv de son parti bercé par les idées nationalistes. Sander Loones, député flamand, s'occupe d'enquêter sur les motivations et limites des partis concernés dans les matières institutionnelles.

"Après 20 ans de carrière en Flandre, Bart De Wever se dit qu'il aura plus de chance de figurer dans les livres d'histoire s'il est Premier ministre de Belgique, plutôt que ministre-président flamand. Mais je ne crois pas qu'il osera devenir Premier ministre sans amener d'aménagement institutionnel. Le confédéralisme, c'est très peu probable, il n'obtiendra pas de majorité des deux tiers au Parlement pour une réforme cohérente. Mais après la réflexion budgétaire, en seconde partie des négociations, il voudra aborder l'institutionnel", estime l'analyste du Crisp.

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Le formateur envisagera-t-il un transfert de compétences, une régionalisation du budget fédéral dans certaines matières, avec une gestion bicéphale? "Le timing est serré, Bart De Wever n'a qu'un bon mois pour aboutir. Outre la deadline imposée par l'Europe, il y a la perspective des élections communales, le 13 octobre. Or, le vote n'est plus obligatoire en Flandre pour ces élections, et la menace de l'extrême droite, avec le Vlaams Belang, est importante pour la N-VA."

La N-VA a toutes les raisons de vouloir marquer son territoire avant que les citoyens ne repassent dans l'isoloir, pour ancrer son travail dans les esprits.

Rééquilibrer

"Vooruit a un avantage en étant le seul parti de centre-gauche dans cette négociation."

Caroline Sägesser
Analyste politique (Crisp)

Avant la semaine de pause, Les Engagés, Vooruit et le CD&V avaient jugé que les propositions contenues dans la note socio-économique n'étaient pas assez "équilibrées" et encore trop calquées sur le programme des nationalistes flamands. De Wever, qui séjournait dans la Forêt noire, en Allemagne, pour cette semaine de vacances, a donc dû revoir son mémo.

Mais le fossé théorique entre la gauche (Vooruit) et la droite (N-VA et MR) du possible attelage Arizona n'est sans doute pas aussi profond dans la réalité que sur papier.

"Vooruit est plutôt de centre gauche; il se rapproche du centre sur les aspects sécuritaires et du centre-droit sur les questions de justice, de police et d'immigration. C'est davantage dans les dossiers sociaux, comme le financement de la sécurité sociale, que ça pourrait coincer."

"Mais l'écart ne me semble pas irréductible, surtout que Vooruit a un avantage en étant le seul parti de centre-gauche dans cette négociation. Il pourra se créditer de toutes les avancées, ou absences de recul, puisqu'il n'a pas de concurrence à gauche. Si on maintient l'indexation intégrale des salaires, la norme de croissance de l'Inami, il pourra dire : 'C'est grâce à nous!'", pointe Caroline Sägesser.

Négociations en Flandre

Les discussions reprennent aussi au niveau de la Région flamande pour l'élaboration d'une coalition. Là aussi, c'est un N-VA qui est à la manœuvre, Matthias Diependaele, le ministre des Finances et du Budget du gouvernement sortant. Les négociateurs des deux autres partis impliqués dans l'élaboration de cette coalition Rocket, le CD&V et Vooruit, peuvent désormais s'appuyer sur des données chiffrées liées à la situation budgétaire.

Après l'envoi, ce lundi, des textes finaux des différents groupes de travail à Vooruit et au CD&V, les négociateurs en chef se retrouveront ce mardi en milieu de journée, essentiellement pour déterminer le programme. Mardi après-midi et mercredi matin, le formateur devrait discuter des tableaux budgétaires avec chacun des deux autres partis, mais séparément.

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