Faible marge de manœuvre pour des hausses salariales
Le Conseil central de l’économie a rendu ce mercredi son rapport: la progression maximale des salaires pour les deux prochaines années est fixée à 0,8%. Les partenaires sociaux vont se mettre au travail.
Ce sera finalement 0,8%. Le Conseil central de l’économie (CCE) a, ce mercredi, rendu son verdict dans un rapport "technique" fort attendu. Pour rester en ligne avec les trois pays qui nous entourent (Allemagne, France et Pays-Bas), les salaires belges ne devraient pas augmenter de plus de 0,8% au cours des deux ans à venir (2019-2020).
"C’est mieux que rien."
L’effet du tax shift
Ceci étant, d’autres facteurs doivent aussi être pris en considération pour avoir une vue correcte et complète de la manière dont les salaires évolueront au cours de la période 2019-2020.
Ainsi, le gouvernement Michel a mis en œuvre, de manière phasée, son fameux tax shift. Objectif: déplacer une partie des charges sur le travail vers d’autres sources de revenus afin de favoriser l’embauche et de rendre le travail plus attractif.
Pour ce faire, le gouvernement opère de deux façons, d’une part par le biais de l’impôt des personnes physiques et, d’autre part, par le biais des charges patronales.
Lorsque le gouvernement diminue l’impôt des personnes physiques (IPP), par exemple en augmentant la quotité forfaitaire exonérée d’impôt, cela n’influence pas le coût salarial. C’est donc un bonus net pour le travailleur.
Par contre, lorsqu’il diminue les charges patronales (de 33% à 25% avec une série de mesures compensatoires), cela réduit le coût du travail pour les employeurs, ce qui peut avoir un effet positif sur la marge salariale. Autrement dit, en réduisant les charges patronales, on retrouve en théorie une certaine marge salariale.
En théorie seulement, car pour éviter de donner d’une main et de reprendre de l’autre, le gouvernement a revu en 2017 la loi de compétitivité de 1996 (qui vise à encadrer l’évolution des salaires par rapport à nos trois voisins). Les nouvelles règles imposent de ne pas se servir des gains du tax shift (sous la forme de baisses de charges) pour offrir de nouvelles hausses de salaire aux travailleurs.
Si les baisses de charges patronales ont surtout eu un effet en 2017, elles devraient encore un peu profiter aux employeurs en 2018 et 2019. Quant aux mesures relatives à l’IPP, c’est surtout en 2019 qu’elles produiront leurs pleins effets. C’est d’ailleurs en grande partie pour cette raison que la Banque nationale, dans ses prévisions de décembre dernier, a annoncé une progression du revenu disponible des ménages de 2,1% en 2019. Un ballon d’oxygène qui sera le bienvenu après des années 2011-2016 marquées par un quasi-gel des salaires.
Déception syndicale