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Les centres d'études des partis, des usines à idées au cœur des négociations

Georges-Louis Bouchez, président du MR. ©Photo News

Proches des présidents de parti et des groupes parlementaires, les centres d'études sont au cœur du fonctionnement des partis. Petite plongée dans ces usines à idées qui, souvent, visent à remporter la bataille des élections.

Alors que des négociations se mènent encore sur les fronts fédéral et bruxellois, des femmes et des hommes de l'ombre jouent un rôle prépondérant en épaulant les experts et les ministres dans les discussions censées mener à la formation de nouveaux gouvernements.

Mais en deuxième ligne, travaillant sur différents fronts, on retrouve les centres d'études des partis, des usines à production de notes et d'analyses en tout genre. Des machines qui, parfois, font le lien entre la présidence, les ministres et les députés. Dans certains cas, ces mini-think tanks se battent sur le front des idées en vue de gagner la bataille des élections.

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Au MR, le Centre Jean Gol est présidé par Axel Miller, par ailleurs chef de cabinet de Georges-Louis Bouchez, le président du parti. On retrouve le même schéma chez Les Engagés (Stéphane Nicolas, directeur du Cepess et chef de cabinet du président Maxime Prévot) et au PS (Jamil Araoud, directeur de l'Institut Emile Vandervelde et directeur de cabinet du président Paul Magnette).

"Nous sommes entre le savant (qui analyse, pèse le pour et le contre) et le politique (qui a l'instinct, et qui doit décider)."

Corentin de Salle
Directeur scientifique du Centre Jean Gol

Entre la réflexion et l'action

Définir la ligne du parti et assurer la défense des valeurs des bleus, telle semble être la ligne du Centre Jean Gol, composé d'une quinzaine de personnes, animé au quotidien par Corentin de Salle, son directeur scientifique."On a de la chance avec Georges-Louis Bouchez, c'est lui qui a consacré le plus de moyens à la bataille des idées", explique Corentin de Salle qui assure que le centre se situe quelque part entre le monde académique et l'action immédiate qui est celle des cabinets et des parlements. "Nous sommes entre le savant (qui analyse, pèse le pour et le contre) et le politique (qui a l'instinct, et qui doit décider)", nous a-t-il expliqué, avant d'ajouter "le centre propose, le politique dispose".

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Une des forces du Centre Jean Gol, estime son directeur scientifique, est son rapprochement avec l'équipe en charge de la communication du parti. Durant les négociations, les lignes chauffent et le Centre Jean Gol pond des notes et des analyses qui alimenteront les discussions devant mener à la mise en place d'exécutifs.

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"Au moment où nous avons dû développer un programme, le centre a joué un rôle de plateforme pour déterminer les objectifs politiques du parti."

Stéphane Nicolas
Directeur du centre d'études des Engagés

Temps court et temps long

Cette dualité entre le temps court et le temps long semble être le propre de la plupart des centres d'études, mais, en tout état de cause, pousser la porte de ces usines à idées revient à se plonger au plus profond des partis. Pour les Engagés, le Centre d'études politiques, économiques et sociales (Cepess) a servi de béquille à la refondation du parti. Rédaction d'un manifeste, définition des priorités et collaboration avec de nombreuses personnalités de la vie civile venues rejoindre les rangs du parti, le Cepess, dirigé par Stéphane Nicolas, a été de tous les combats récents qui ont permis aux Engagés de signer l'une des plus belles remontada des dernières années.

"Au moment où nous avons dû développer un programme, le centre a joué un rôle de plateforme pour déterminer les objectifs politiques du parti", nous a expliqué Stéphane Nicolas. Pour la reconstruction des Engagés, le centre a été une sorte de plateforme de coordination entre les groupes parlementaires et des inputs extérieurs pour mettre au point le manifeste et le programme.

Sander Loones, un des lieutenants de Bart De Wever, un temps poussé dans les tranchées de l'Arizona pour tenter de déminer le communautaire, a fait ses premières armes au centre d'études de la N-VA.

Mine de talents politiques

À la N-VA, ce sont les moyens apportés par les bons résultats des élections de 2010 qui ont permis de mettre sur pied un centre d'études digne de ce nom, nous a expliqué Anne-Laure Mouligneaux, la porte-parole du parti. Le centre de la N-VA, dirigé par Sven De Neef, le sherpa de Bart De Wever au Fédéral, définit les points de vue du parti, développe des positions sur de nouvelles problématiques, organise des congrès et assiste aux négociations. On l'a dit, dans la séquence des négociations au Fédéral, le centre d'études est en première ligne, vu la double casquette de Sven De Neef.

Comme d'autres centres d'études, celui de la N-VA peut également être perçu comme une mine de talents en devenir. Ainsi, Sander Loones, un des lieutenants de Bart De Wever, un temps poussé dans les tranchées de l'Arizona pour tenter de déminer le communautaire, a fait ses premières armes au centre d'études de la N-VA. "En 2014, des membres du centre d'études ont rejoint des cabinets. Ce sera probablement encore le cas cette fois-ci", a précisé Anne-Laure Mouligneaux.

Enfin, tant au CD&V que chez Vooruit, le centre d'études occupe une place centrale. Chez les chrétiens-démocrates flamands, "les conseillers du centre font office de back-office pour nos négociateurs en chef. Ils analysent les textes, rédigent des amendements et calculent l'impact financier des mesures", nous a expliqué Jan Vanderhoeven, le porte-parole du parti.

Au PS, on réduit la voilure

Autrefois considéré comme la "machine de guerre" du Parti socialiste, l’Institut Emile Vandervelde (IEV) est en train de vivre une cure d’amaigrissement, comme nous l’a confirmé Stéphanie Wilmet, la porte-parole du parti.

Fondé en 1947, l’IEV était le premier centre d’études du pays. Durant des années, sa force de frappe a permis au parti de faire face à tout type de négociations. En coulisses, on raconte toujours que c’est en voyant Elio Di Rupo débarquer avec des caisses bourrées de notes et d’analyses que la N-VA a décidé de créer son propre centre d’études. Comme dans d’autres partis, ces lieux de réflexion sont aussi une sorte d’accélérateur de talents, voyant passer des personnalités fortes qui tracent souvent leur route dans l’appareil du parti.

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Thomas Dermine, secrétaire d’État sortant en charge de la Politique scientifique, a été directeur de l’IEV durant un an, entre 2019 et 2020. Depuis peu, alors que les socialistes doivent penser leur refondation, le nouveau directeur du centre d’études est Jamil Araoud, récemment nommé chef de cabinet de Paul Magnette, le président du PS.

Le résumé
  • En plus des sherpas et bon nombre d'experts, les hommes et femmes politiques appelés à former de nouveaux gouvernements sont épaulés par des centres d'études.
  • En plus de produire des notes et des analyses, ces think tank définissent les objectifs du parti et sont les garants du respect de ses valeurs
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