Les coulisses
Le bel enthousiasme d'une patronne du Bel 20/La Belgique, un pays exotique?/Un accent allemand prononcé/Une chapelle très bleue/ Un gestionnaire qui suscite une écoute religieuse/Un "copier-coller" vraiment pas très orthodoxe/Un assureur qui n'a pas envie de rire
Souvenirs de Davos
De sa première participation au Forum économique mondial de Davos qui s’est tenu très récemment, Dominique Leroy ne tire que du positif. La patronne de Belgacom estime que ce n’est pas le lieu où l’on peut signer des contrats, mais d’après elle, assister à des débats dans lesquels interviennent des patrons d’entreprises de haut vol comme Marissa Mayer (Yahoo!), Marc Benioff (PDG de Salesforce), Eric Schmidt (président de Google), Satya Nadella (directeur général de Microsoft) ou encore la directrice des opérations de Facebook, Sheryl Sandberg, et le patron de Vodafone, Vittorio Colao, est un moment plein d’enseignements.
Dominique Leroy a fait un bref rapport de sa présence à Davos, mardi dernier, lors d’une rencontre avec la presse, au cours de laquelle elle a présenté les membres du comité de direction de l’opérateur historique belge des télécoms. Elle a raconté cette première expérience suisse avec un certain enthousiasme et une fraîcheur qui en disent long sur sa modestie, malgré les responsabilités qui sont les siennes.
En rencontrant la presse, elle a aussi relancé une tradition qui avait connu une interruption en 2014. Et pour cause, c’était l’année de sa nomination en tant que CEO et vu les circonstances du départ de son prédécesseur, Didier Bellens, il n’était pas opportun d’organiser un tel "happening". Mardi, aucune allusion n’a été faite à l’ancien patron de l’entreprise et son ombre n’a, pour ainsi dire, pas (trop) plané sur l’assistance.
Welkom in België
Même si elle ne prendra officiellement ses fonctions de directrice financière (CFO) du groupe Belgacom qu’en avril 2015, au départ de l’Américain Ray Stewart, Sandrine Dufour arpente déjà les couloirs des tours en verre de l’entreprise depuis le 4 janvier. La nouvelle recrue de la CEO Dominique Leroy a été séduite par le défi à relever chez Belgacom qui est une entreprise qu’elle considérait comme un exemple à l’époque où elle officiait chez SFR en tant que vice-présidente "Finances et Stratégie". Même si la langue de travail dans le top management de Belgacom est l’anglais et elle est parfaitement à l’aise dans la langue de Shakespeare, Sandrine Dufour a un petit handicap: elle a de sérieuses lacunes en néerlandais. Il nous revient d’ailleurs que la Française, qui admire l’esprit de consensus de la Belgique, pays exotique à ses yeux, va commencer des cours pour au moins avoir une connaissance passive de la langue de Vondel. Sa démarche serait, dit-on, très appréciée au sein des équipes, car elle démontre sa volonté d’intégration dans son nouvel environnement professionnel.
Dream in blue
Mardi dernier se tenait une séance académique à l’occasion de l’inauguration de l’aile de Launoit, une extension du bâtiment historique de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Outre la reine Paola qui a coupé le ruban tricolore et Bernard de Launoit, président de l’institution, seuls des mandataires MR ont pris la parole. Dans l’ordre: Hervé Jamar, ministre du Budget, chargé de la Loterie nationale, sponsor de la Chapelle, Mathieu Michel — fils de Louis et frère de Charles —, président du collège provincial du Brabant wallon, province actionnaire de la Chapelle, et Serge Kubla, bourgmestre de Waterloo sur le territoire duquel se trouve le bâtiment. Pas une once de rouge ou d’orange — le seul vert visible étant celui des arbres de la forêt de Soignes —, que du bleu. On aurait dit un monochrome de Klein…
Sprechen Sie Deutsch (Telekom)?
Ambiance de fête mardi soir au "Square" à Bruxelles. Orange (France Télécom), la maison mère de Mobistar, accueillait le commissaire européen à l’Économie numérique Günther Oettinger. Le commissaire allemand était invité à s’exprimer sur le thème de l’innovation. Stéphane Richard, le CEO d’Orange, a saisi l’occasion pour confier au commissaire: "Ne bloquez pas la consolidation dans notre secteur, ce serait une erreur historique".
On ne doute pas qu’Oettinger tiendra compte de ce judicieux conseil à un moment où Deutsche Telekom, l’opérateur historique allemand, part faire ses emplettes un peu partout sur le marché européen…
"L’expérience ainsi que la vision de ces patrons ne peuvent qu’être bénéfiques."
À ce propos, il nous revient que certains invités à la soirée d’Orange ont tiqué sur l’anglais pratiqué par le commissaire. Selon eux, l’homme ne parvenait pas à masquer un fort accent germanique. D’où cette réflexion, lâchée par une mauvaise langue: "Le commissaire préfère sans doute écouter Deutsche Telekom lui expliquer, en allemand dans le texte, ce qu’il doit faire pour le secteur". Curieux, tout de même, que Berlin ait tenu à décrocher le poste de commissaire en charge des télécoms, observe une autre (mauvaise langue): "Comment cela se fait-il? Est-il là pour veiller à ce que Deutsche Telekom devienne le consolidateur en chef du secteur en Europe?" Méchante question…
Petit défaut de langage
Chez Carmignac, une firme de gestion d’actifs française, le fondateur est une star. Si bien que les autres gérants de fonds de la maison intéressent peu les professionnels de la finance qui assistent chaque trimestre aux présentations de la société. Lors de ces réunions, l’équipe de Carmignac s’est vite rendu compte de l’importance de placer Edouard Carmignac à la fin des présentations, et non au début. Car on a vu plusieurs fois les professionnels de la finance se lever et courir vers le cocktail juste après la fin du discours du fondateur de la firme. Plutôt gênant, lorsque les autres gérants de la société attendent leur tour pour faire leur présentation.
Petit détail: Edouard Carmignac bégaie. Mais on entend presque les mouches voler lorsqu’il prend la parole. L’explication tient peut-être justement dans ce petit défaut du fondateur de Carmignac.
Daniel Kahneman, psychologue et prix Nobel d’Economie, souligne que lorsqu’un orateur présente des défauts dans sa voix, comme une voix trop faible, il parvient davantage à capter l’attention de l’audience pendant tout son discours.
Bonnet d’âne pour société cotée. La Commission Corporate Governance a continué d’éplucher les rapports annuels des sociétés belges cotées. Objectif: vérifier qu’elles respectent bien leurs obligations ès gouvernance d’entreprise. Cette année, Lutgard Van den Berghe (Guberna) et ses collaborateurs sont allés plus loin: ils ont analysé le contenu des explications fournies par les sociétés ayant dérogé au Code. Et dans quelques cas, ils ont failli avaler de travers… en constatant que certains rédacteurs de rapport s’étaient contentés de faire des "copier-coller" en allant piocher dans les textes publiés par d’autres sociétés! Ce type de triche n’est donc pas réservé aux seuls étudiants. N’empêche, on espère que Thomas Leysen, le président de la Commission, aura envoyé une lettre au picrate aux responsables de ce qui est, à tout le moins, une sérieuse entorse au droit d’auteur…
Rire jaune
On a ri chez Ethias cette semaine. Mais jaune. Lundi, "De Standaard" annonce un besoin de recapitalisation massive pour l’assureur. On imagine (ou pas) la tête de Bernard Thiry, le patron (liégeois) de la compagnie (liégeoise) au moment de découvrir l’article venu du nord. Le lendemain, il réplique dans "L’Echo": "Ethias n’a aucun besoin de recapitalisation".
Jusque-là, rien de bien drôle, Ethias sur la sellette, ça n’amuse personne, ni au sein de l’entreprise, ni dans les rangs politiques où le terme "recapitalisation" est maudit depuis la crise financière de l’automne 2008 qui a vu les autorités enchaîner les nuits blanches pour sauver du naufrage les grands Fortis, Dexia, KBC et autres… Ethias.
Puis une boutade a circulé au fil de la semaine, sans doute fallait-il faire tomber la pression. Avec sa titraille alarmiste, le quotidien flamand a rendu un fier service à l’assureur en incitant les clients à clôturer leur compte First, ce produit de branche 21 dont la première version (First A) garantit à vie des taux élevés (3,4% en moyenne). C’est vrai à la fin, Ethias ne rêve que de liquider ce boulet financier tellement gros qu’il bouche l’horizon à lui tout seul. Vérifications faites, en quatre jours, l’assureur a enregistré des demandes de retrait pour 45,5 millions d’euros. C’est deux fois plus que lors de la même semaine un an plus tôt mais ce n’est rien du tout par rapport aux réserves First (3,9 milliards d’euros). Il faudra trouver autre chose pour régler le cas First.
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