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Les flamands de ce gouvernement n'en touchent pas une en français

Souvent moqueurs, le ministre de l’Intérieur Jan Jambon et Kris Peters, qui a failli devenir Premier ministre, bredouillent quelques rares petits mots en français. ©BELGA

On a souvent moqué les éminences francophones pour leur mauvaise connaissance du néerlandais - n’est-ce pas, Elio Di Rupo? Mais les gros braquets flamands de ce gouvernement n’en touchent pas une en français. Et ce qui ne pourrait être qu’une question de forme, commence à impacter le fond.

Si on laissait, amis lecteurs, durant quelques lignes, la forme prendre le pas sur le fond? Et visons ce gouvernement fédéral de quatre formations politiques MR, N-VA, CD & V et Open VLD. La connaissance de la langue de l’autre, celui à qui on s’adresse et qu’on prétend gouverner, n’est peut-être pas indispensable. Mais alors qu’on réclame des efforts budgétaires énormes de la part de la population, lui expliquer dans sa propre langue serait le bienvenu… En 2014, il y a quelque chose d’inédit — si pas de catastrophique — à constater les lacunes énormes, bref le déficit, à cet attelage, du moins dans sa composante flamande, pour communiquer côté francophone. À quoi cela tient-il donc?

C’est simple comme bonjour: les gros braquets de ce gouvernement n’en touchent pas une en langue française. Prenons les cas dans l’ordre. La N-VA, d’abord. Ici, on peine à contenir nos sarcasmes, finalement, face à un parti qui a souvent moqué l’incapacité des francophones à bosser dur – ce en quoi on peut assimiler l’apprentissage d’une autre langue que sa langue maternelle. Apprendre une langue étrangère = travail compliqué et dur labeur. Voilà donc la N-VA qui se retrouve aujourd’hui prise à son propre piège ou emberlificotée dans ses propres contradictions.

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Car à part le président Bart De Wever, qui maîtrise le français à la quasi perfection, pour les autres ténors nationalistes flamands, c’est la catastrophe. Ça baragouine à peine… Jan Jambon et Theo Francken bredouillent quelques pâles petits mots de français et – pour l’heure – ne sont toujours pas capables d’aller défendre leur politique et leurs idées sur les plateaux de télévision francophones, voire dans les studios radios. On leur concède ceci: la presse les attend avec un couteau entre les dents – la curiosité aiguisée par le silence radio. De Wever est bien conscient de la faiblesse linguistique de son équipe gouvernementale et, on vous l’assure, ça le fait râler sec. "Je les oblige à prendre tous des cours de français, c’est indispensable", a-t-il récemment laissé entendre à l’un ou l’autre. Il sait que ses ministres doivent monter en puissance côté francophone afin d’aider le MR, esseulé en Wallonie et à Bruxelles.

Mais peut-être, la N-VA aurait-elle pu s’y prendre plus tôt pour faire prendre des cours de français à ses cadres…

Il serait pourtant injuste de pointer uniquement les carences linguistiques de la N-VA. Car dans cette affaire de langue, CD&V et Open Vld, dans une moindre mesure, peuvent aussi plaider coupable. Kris Peeters, l’homme qui a failli devenir Premier ministre, est lui aussi à la peine à l’heure de deviser en français. C’est d’autant plus surprenant que, dans son parti, existe une longe tradition des cadres maîtrisant à la quasi perfection la langue de l’autre grande communauté du pays – d’Herman van Rompuy à Jean-Luc Dehaene en passant, hé oui, par Yves Leterme.

Qui aura le bonnet d’âne du plus mauvais élève en français? La compétition est rude entre Jambon, Francken, Peeters et De Block…

Enfin, pour être de bon compte, il faudra dire aussi que Maggie De Block, la libérale flamande, ne maîtrise pas suffisamment le français pour pouvoir venir vendre sa politique au sud du pays. À sa décharge, elle n’est pas vice-Première ministre, c’est le parfait bilingue Alexander De Croo qui occupe le poste pour l’Open Vld. Bref, vous l’aurez compris, la compétition pour le bonnet de cancre linguistique est dure entre Jambon, Francken, De Block et Peeters.

C’est d’autant plus dommageable pour ce gouvernement en terme de perception, que le MR n’a pas que des champions de la com’ dans son écurie ministérielle – pour employer un euphémisme. Passons sur Charles Michel et Didier Reynders pour nous attarder sur les autres élèves de la classe libérale. Le très discret Hervé Jamar sait qu’il doit muscler sa com’. Il vient d’ailleurs de recruter une experte pour le booster dans ce sens-là (Salut, Martine!). On a aussi beaucoup glosé sur la capacité de la ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant, à aligner deux fois de suite des chiffres corrects: pour la bourgmestre de Jurbise, les prochaines semaines seront décisives en terme de com’. Soit elle parvient à devenir la Maggie De Block du gouvernement (franc-parler associé à une expertise sans faille des dossiers), soit elle part en vrille et devient – ironie du sort – ce qu’elle dénonce à propos d’André Antoine: "le clown de cette équipe". Les deux autres libéraux, Willy Borsus et Marie-Christine Maerghem, sont sur des lignes plus discrètes. Mais ils devront davantage sortir de leur coquille, surtout le prudentissime Borsus, s’ils veulent impacter positivement l’opinion publique.

On se retrouve donc, aujourd’hui, avec la situation inverse de l’équipe Di Rupo. Les trois vice-Premiers flamands, Alexander De Croo, Pieter De Crem et Johan Vande Lanotte, maîtrisaient à la perfection le français… Ce qui ne leur servait pas à grand-chose, puisque minorisé côté flamand, c’est surtout là qu’ils devaient porter leurs efforts. Manque de chance, ce n’est pas la connaissance du néerlandais d’Elio Di Rupo, de Joëlle Milquet et de Laurette Onkelinx qui ont pu les aider à ce niveau-là.

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Allez, tournée générale de Plan Langues pour tout le monde, AUB!

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