Médecins et mutuelles en ont assez du carcan budgétaire
Le comité de l’assurance a proposé une enveloppe de 27,6 milliards d’euros pour les soins de santé en 2020. Il est demandé au futur gouvernement fédéral de revoir la norme de croissance des dépenses de 1,5% par an.
Vingt-sept milliards et six cents millions: c’est le montant du budget 2020 des soins de santé sur lequel médecins et mutuelles se sont mis d’accord lundi soir au sein du comité de l’assurance de l’Inami. Cette proposition doit encore être avalisée le 21 octobre par le conseil général de l’Inami, une instance qui réunit mutuelles, patrons, syndicats et représentants du gouvernement.
Le comité de l’assurance est parti du budget 2019 (26,5 milliards) auquel il a ajouté le dépassement de l’indice pivot, l’indexation des honoraires et la norme de croissance légale de 1,5% (prévu pour faire face au vieillissement). Ce qui donne 27,6 milliards d’euros, alors que les estimations techniques de l’Inami avançaient le chiffre de 27,9 milliards. En choisissant de rester 369 millions en dessous, le comité de l’assurance souligne "qu’il opte pour un dialogue constructif" et une "capacité à proposer des solutions aux problèmes".
Hormis le secteur pharmaceutique, la plupart des autres acteurs ont dépensé moins que l’objectif qui leur avait été assigné. C’est pourquoi le comité de l’assurance estime que 162 millions d’euros doivent être épargnés dans les spécialités pharmaceutiques, soit le dépassement estimé de ce secteur en 2019. Après quoi il devrait subsister une marge de 101,3 millions pour des initiatives nouvelles.
Une vision à long terme
Les syndicats médicaux (Absym, Cartel et AADM) jugent que les médecins ne sont "pas gâtés" par la répartition actuelle, alors qu’ils avaient "respecté leurs engagements budgétaires en 2019 et montré l’augmentation la plus faible de tous les secteurs".
Au final, les médecins recevront 18 millions en plus pour leurs honoraires. "Ce n’est pas grand-chose", déplore Jacques de Toeuf, négociateur pour l’Absym, qui ajoute: "Pour une revalorisation de 20% de la consultation tant en médecine générale que spécialisée, il faudrait 440 millions. Ils ne sont pas là."
Médecins et mutuelles estiment du reste que "la norme de croissance légale doit être augmentée" car "le cadre budgétaire actuel ne correspond plus aux besoins".
Les membres du comité de l’assurance réclament "une vision politique à long terme avec des objectifs de santé clairs". Un message qui s’adresse directement au futur gouvernement fédéral.
Selon le Bureau du Plan, le budget des soins de santé devrait progresser de 2,5% chaque année pour répondre à l’évolution des besoins (vieillissement, maladies chroniques, innovation). À l’horizon 2024, l’écart entre la norme de 1,5% et l’évolution des besoins pourrait atteindre 2 milliards d’euros.
Le budget des soins de santé est le deuxième plus important à l’échelon fédéral, après celui des pensions (47 milliards d’euros en 2018). En dépit des affaires courantes, le gouvernement dispose d’une certaine marge de manœuvre. "Le budget des soins de santé est le seul budget en 2019 qui n’a pas fait l’objet de douzièmes provisoires ni de prudence budgétaire", précise-t-on au cabinet de la ministre des Affaires sociales Maggie De Block (Open Vld).
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