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"Chaos" dans les finances de la Sofico

Les entreprises de voirie n’ont plus reçu de commandes depuis février 2019. ©belga

Le ministre wallon de la Mobilité Philippe Henry (Ecolo) accuse son prédécesseur, Carlo Di Antonio (cdH), d’avoir lancé des chantiers routiers à des fins électoralistes sans que l'argent soit disponible. Il manquerait 140 millions d'euros!

La réunion s’est tenue discrètement jeudi dernier. Dans la foulée de leur gouvernement hebdomadaire, où il a été beaucoup question de la crise du coronavirus, les ministres wallons se sont revus en début de soirée pour aborder les grandes lignes du plan infrastructures autour des routes et de la mobilité. Jusqu’ici, rien d’anormal. Très discret dans sa communication, le ministre-président Elio Di Rupo (PS) a déjà réuni ses troupes à de nombreuses reprises afin d’aborder les gros dossiers thématiques de la législature. Fin février, l’exécutif wallon s’est par exemple penché sur l’avenir du tarif prosumer et la fusion des gestionnaires de distribution de gaz et d’électricité en Wallonie. Un autre gouvernement thématique est convoqué la semaine prochaine afin de valider une série d’options concernant le futur plan de transition, héritier du plan Marshall.

Une odeur de soufre

Jeudi dernier, la réunion avait néanmoins un petit parfum de crise. Le ministre Philippe Henry (Ecolo), en charge de la Mobilité et des investissements dans les routes, a porté à la connaissance de ses collègues la situation financière délicate dans laquelle se trouvait la Sofico, le bras armé de la Région dans le financement et la gestion du réseau routier et hydraulique en Wallonie. "La situation est cataclysmique", s’empresse d’expliquer le ministre. "Il y a un vrai problème dans la gestion budgétaire de la Sofico". Philippe Henry va jusqu’à parler d’une situation de "chaos" et estime qu’il manque aujourd’hui 140 millions d'euros. Une situation "interpellante" que confirment les socialistes. "Le cdH a chargé la barque!" 

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"Il s’agit ici d’une gestion électoraliste faite par mon prédécesseur avec de l’argent public entre 2018 et 2019."

Philippe Henry
Ministre de la Mobilité

Le ton est donné! Philippe Henry rejette la faute sur son prédécesseur Carlo Di Antonio (cdH). "Il y a eu des engagements par le gouvernement précédent et mon prédécesseur au-delà de l’argent disponible". En clair, le ministre estime que "trop de chantiers routiers ont été engagés" au regard du budget dont disposait la Sofico. "On se retrouve avec 140 millions de dépenses sur 2018 et 2019 alors que cette somme n’était pas disponible. La limite annuelle que doit engager la Sofico dans les investissements est de 150 millions. Or, le gouvernement précédent a été au-delà avec un excès de dépenses. Il s’agit ici d’une gestion électoraliste faite par mon prédécesseur avec de l’argent public entre 2018 et 2019."

Plus de commandes depuis février 2019

140 millions
Le problème!
Le budget annuel de la Sofico pour les travaux routiers est de 150 millions. Pourtant, entre 2018 et 2019, les chantiers engagés ont dépassé de 140 millions les budgets disponibles.

Cette situation, d’après Philippe Henry, n’est pas sans conséquences sur les entreprises du secteur. "Il y a un vrai problème pour les entreprises de voirie. Elles n’ont plus eu de commandes depuis février 2019. Les entreprises sont logiquement inquiètes parce que leur carnet de commandes ne se remplit plus."

"Si c’était une entreprise isolée, la Sofico serait en état de faillite."

Philippe Henry
Ministre de la Mobilité

Tout en pointant la responsabilité engagée par l’ancien gouvernement, Philippe Henry estime qu’il y a eu de nombreuses failles dans le contrôle. "Il y a eu un déficit sur le contrôle de la Sofico. Le contrôle n’a pas fonctionné et il y a eu une volonté ministérielle de couvrir les engagements de la Sofico. Or, le gouvernement a toujours moyen de contrôler un organisme public et de suivre son évolution notamment par l’intermédiaire de ses commissaires de gouvernement. Si c’était une entreprise isolée (privée, NDLR) la Sofico serait en état de faillite. Aujourd’hui, le MR (partenaire du cdH à la fin de la précédente législature, NDLR) considère qu’il a été au minimum abusé car il n’y a pas eu de décision collégiale en gouvernement. Il y a clairement une responsabilité politique engagée par mon prédécesseur." Et de pointer un cas similaire survenu lors de son premier mandat de ministre en 2009. "Lors de mon premier mandat de ministre, j’ai connu cette situation dans le dossier des boues de dragage. Benoît Lutgen (cdH), ministre avant moi, avait lancé d’énormes contrats non financés. C’est une non-gestion absolue."

Et maintenant ? "On doit passer d’une situation chaotique à une situation claire. Il faut organiser l’absorption des engagements antérieurs. Il y aura encore 13 millions à absorber en 2021. Il va falloir gérer cette situation difficile sans dégrader le budget de la Wallonie. Evidemment, les objectifs du plan infrastructures restent fixés même si des ajustements au niveau du timing seront peut-être à faire. Ce plan est prévu sur 7 ans. Certains chantiers seront peut-être rééchelonnés mais on reste dans la ligne. Mais à l’avenir, il ne peut évidemment plus être possible de dépenser de l’argent qui n’existe pas."

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