L'UE adopte "Step", l’instrument stratégique qui s’est dégonflé comme une baudruche
La Commission avait espéré mobiliser 160 milliards d’investissements pour redéployer l'industrie ; l’enveloppe finalement consentie n'arrive pas à la cheville de cette ambition.
Mercredi matin, les législateurs européens ont scellé un accord sur la création d'une plateforme pour les technologies stratégiques pour l'Europe – ou "Step". La nouvelle législation crée un "sceau de souveraineté", qui labellisera les projets éligibles pour faciliter leur accès aux financements, dans les technologies de rupture, numériques, biotech, ou encore de décarbonation.
L’idée est notamment de mobiliser des ressources existantes au sein des grands instruments de l'Union pour déployer rapidement le soutien aux projets que l'Union entend stimuler. Les priorités Step bénéficieront d'un taux de cofinancement à 100%, ainsi que d'un taux de préfinancement de 30%. Mais d'argent frais, il n'y en a qu'à la marge.
"C'est bienvenu, mais la plateforme aura besoin de beaucoup plus d'investissements pour assurer qu'elle ait un plus grand impact à l'avenir."
Des moyens pour la défense
Dans sa proposition initiale, la Commission avait demandé d’ajouter une enveloppe de 10 milliards d'euros, estimant pouvoir les utiliser pour susciter en tout 160 milliards d'investissements. Au lieu de ça, la nouvelle plateforme ne sera dotée que de 1,5 milliard d'euros supplémentaires, via le Fonds de défense européen. L'effet de levier potentiel n'est ici que de 2 milliards d’euros.Combiné avec les financements existants, le potentiel d'investissement total estimé est de 50 milliards d'euros, indique la Commission.
"C'est bienvenu, mais la plateforme aura besoin de beaucoup plus d'investissements pour assurer qu'elle ait un plus grand impact à l'avenir", a réagi l'eurodéputé conservateur allemand Christian Ehler (PPE), qui portait la législation au Parlement européen. En 2022, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait parlé d'un futur fonds de souveraineté européen pour assurer "que l'avenir de l'industrie se crée en Europe". On est loin de cette ambition.
Un nouvel instrument pour l'Ukraine
Ce montant, plus faible que demandé, avait été convenu le 1ᵉʳ février par les chefs d’État et de gouvernement, lorsqu’ils avaient conclu la révision du cadre financier pluriannuel de l'Union (CFP). Ils avaient validé la création d’une enveloppe de 50 milliards d’aide à l’Ukraine (dont 33 de prêts et 17 de subventions) : les ministres et eurodéputés ont scellé mardi un accord politique sur la création de l’instrument qui va opérationnaliser ce soutien, la Facilité pour l’Ukraine.
La rallonge prévoit en outre 2 milliards pour les politiques de contrôle migratoire ; 7,6 milliards pour la coopération avec des pays tiers ; 2 milliards pour assurer que l'Union paye ses charges d'intérêts dans les temps ; et 1,5 milliard pour répondre aux événements imprévus.
Les plus lus
- 1 "Das Auto", la sortie de route du secteur auto fait trembler l'Allemagne
- 2 Audi Brussels: l'usine fermée "jusqu'à nouvel ordre", le blocage du boulevard se poursuit ce lundi
- 3 Formation du gouvernement fédéral: qui sont les hommes de l'ombre des partis politique belges ?
- 4 Vingt ans après, le fondateur du Belgian Owl prend un nouveau départ
- 5 Keynote Apple: dopée par les promesses d'IA, l'action Apple va-t-elle continuer à grimper?