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L'ancien leader unioniste d'Irlande du Nord Ian Paisley est mort

©Photo News

Connu pour ses déclarations fracassantes, Ian Paisley avait été surnommé "Docteur No" en raison de son intransigeance envers les partis catholiques d'Irlande du Nord. Il finit pourtant par partager le pouvoir sans état d'âme avec ses anciens ennemis.

Le révérend Ian Paisley, figure historique du protestantisme radical en Irlande du Nord et ancien Premier ministre de la province britannique, est décédé à 88 ans, a annoncé vendredi son épouse Eileen.

Voix de stentor et stature de colosse, Ian Paisley a marqué pendant plus d'un demi-siècle de ses diatribes anti-indépendantistes et "antipapistes" la vie politique en Ulster, avant de partager le pouvoir sans état d'âme avec ses anciens ennemis.

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Ian Paisley s'est fait le croisé de la couronne britannique, "loyal au Christ, à l'Ulster et à la reine". Dans sa lutte pour le maintien de la province dans le giron du Royaume-Uni, il s'est opposé inlassablement pendant des décennies aux "terroristes républicains" de l'IRA.

Né le 6 avril 1926 à Ballymena (Ulster), ce fils de pasteur, qui commence lui-même à prêcher à l'âge de 16 ans et fonde à 25 sa propre église, rentre en politique en 1963. Il organise une manifestation contre la mise en berne de l'"Union Jack" au fronton de la mairie de Belfast à l'occasion de la mort du pape Jean XXIII.  Il lance quelques années plus tard le Parti unioniste démocrate (DUP), formation des protestants conservateurs opposés à tout accord avec les catholiques, et devient le chef de file de la fraction la plus intransigeante des protestants unionistes.

S'il n'a jamais cautionné le terrorisme loyaliste, M. Paisley a mis sur pied plusieurs organisations protestataires, s'opposant notamment au mouvement des droits civiques lancé par les républicains pour abolir les discriminations dont ils étaient les victimes dans les années 60. Il fait six semaines de prison en 1968 pour avoir bloqué avec ses partisans une marche pour les droits civiques.

Le tribun redoutable et outrancier multiplie les coups d'éclat, de son inimitable voix rocailleuse. En 1977, il s'oppose à la dépénalisation de l'homosexualité en lançant la campagne "Sauvons l'Ulster de la sodomie". Il se fait un jour exclure de l'hémicycle du Parlement européen où il est élu, pour avoir qualifié le pape Jean-Paul II d'antéchrist.

Volte-face

Même la reine n'a pas toujours grâce à ses yeux: "Elle est devenue le perroquet du gouvernement travailliste", lance-t-il en 1998, quand il apprend qu'elle pourrait effectuer une visite dans la république d'Irlande voisine.  Son opposition forcenée à tout compromis avec les catholiques, notamment aux accords du vendredi Saint en 1998 ouvrant la voie à un partage du pouvoir entre catholiques et protestants après 30 années de troubles sanglants, lui vaut le surnom de "Mr. No". Dans la province, il se dit en plaisantant que "la dernière fois que Paisley a dit oui, c'était à son mariage".

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Moins de dix ans plus tard, celui qui avait juré que "jamais, au grand jamais" il ne transigerait, fait pourtant une volte-face spectaculaire: le DUP accepte de partager le pouvoir avec le Sinn Fein catholique, l'autre parti le plus influent en Irlande du Nord.

L'octogénaire, réputé ambitieux, devient en 2007 le chef d'un gouvernement bi-confessionnel, avec comme vice-premier ministre Martin McGuinness, numéro deux du Sinn Fein et ancien lieutenant de sa branche armée, l'armée républicaine irlandaise (IRA).

"Si quelqu'un m'avait dit un jour que je ferais ça, je ne l'aurais jamais crû", reconnaît-il lui-même. Mieux encore, les deux frères ennemis deviennent proches. "C'était un adversaire politique, c'est devenu un ami", a déclaré vendredi McGuinness. Son expérience du pouvoir sera toutefois de courte durée: en 2008, le révérend cède la direction du DUP et quitte son poste de Premier ministre. Retiré de la vie politique et religieuse depuis, ce père de cinq enfants avait des problèmes de santé depuis plusieurs années et portait un pacemaker. En 2004, il déclarait déjà "marcher dans l'ombre de la mort"

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