Les demandes d'asile en Europe au plus haut depuis la crise de 2015

L'Union européenne (UE), la Norvège et la Suisse ont enregistré 519.000 demandes d'asile au cours du premier semestre de l'année 2023, ce qui représente une augmentation de 28% par rapport à la même période en 2022. Cette hausse, accentuée par la guerre en Ukraine et l'instabilité en Afrique et au Moyen-Orient, porte les demandes à leur niveau le plus élevé pour cette période de l'année depuis la crise migratoire de 2015-2016. C'est ce qui ressort d'un rapport publié mardi par l'Agence de l'Union européenne pour l'asile (AUEA).

"En raison de cette augmentation, de nombreux pays de l’UE sont sous pression pour traiter les demandes et protéger ceux qui en ont besoin", affirme l'AUEA. La liste des demandes non traitées ne cesse de s'allonger. Ainsi, le nombre de candidats réfugiés attendant une décision en première instance s'élève à 682.000, ce qui représente une augmentation de 34% par rapport à la même période en 2022.

Cette tendance haussière est observée depuis la fin de la pandémie de covid et des confinements qui avaient ralenti les flux migratoires. Si le mouvement se poursuit, les demandes d'asile devraient atteindre un million d'ici à la fin de l'année. Lors de la crise migratoire, les demandes, tirées vers le haut par la guerre en Syrie, avaient atteint 1,3 million en 2015 et 1,2 million en 2016.

Or, l'UE, confrontée à un manque de solidarité entre États, n'a toujours pas adopté son projet de Pacte migratoire, ce vide politique profitant aux partis d'extrême droite.

Syriens et Afghans en tête des demandes d'asile

L'Allemagne, le pays rencontrant le plus de succès auprès des migrants, représente 30% des demandes d'asiles introduites au premier semestre. C'est le double du deuxième pays, l'Espagne (17%) et du troisième, la France (16%).

Les Syriens (66.600), les Afghans (55.000) totalisent à eux seuls un quart des demandes d'asile. Le nombre de candidats réfugiés provenant de Syrie et du Pakistan dépasse les niveaux observés depuis la crise migratoire.

Les demandes de ressortissants turcs, iraniens et russes ont doublé par rapport à l'an dernier. Les demandes de ressortissants vénézuéliens, colombiens et péruviens atteignent aussi des records.

En outre, environ 4 millions d'Ukrainiens fuyant l'invasion russe bénéficient actuellement d'une protection temporaire. 

Les autorités nationales dépassées

"Ensemble, ces tendances parallèles posent des défis importants aux autorités des systèmes d’asile et d’accueil", poursuit l'AUEA, à tel point qu’en juin 2023, l'agence offrait une assistance opérationnelle à 13 États membres afin d'alléger leur charge.

La Belgique a enregistré 15.321 demandes de janvier à juin 2023, ce qui représente environ 3% du total en Europe. Les candidats réfugiés proviennent avant tout d'Afghanistan, de Palestine et de Syrie.

Le rapport 2023 de l'AUEA, publié en juillet, avait épinglé les difficultés des autorités belges à assurer le traitement des demandes et la prise en charge des candidats réfugiés, en raison notamment d'un manque d'infrastructure d'accueil. Pas moins de 35.925 demandes étaient encore pendantes en Belgique à la fin du premier semestre.

6,7 millions d'Ukrainiens

Environ 6,7 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays à cause de la guerre provoquée par la Russie, selon une étude publiée le 4 septembre par le Center for Economic Strategy, un think tank basé en Ukraine. Cela représente une hausse de 600.00 par rapport aux dernières estimations.

Une grande partie d'entre eux, entre 1,3 et 3,3 millions, pourraient ne pas rentrer chez eux, affirment les chercheurs ukrainiens, ce qui représente 8% de la population totale du pays.