L'EI, entre revers et victoire
Les forces kurdes peshmergas, appuyées par l'aviation irakienne, ont réussi à reprendre trois villages au nord-est de Bagdad aux jihadistes de l'Etat islamique. En Syrie, l'EI progressait face aux rebelles et au régime de Bachar al-Assad.
Les forces kurdes irakiennes gagnaient du terrain en Irak sur les jihadistes de l'Etat islamique (EI) qui ont en revanche enregistré une importante victoire en Syrie voisine en s'emparant d'un aéroport militaire stratégique.
Washington, qui a mené depuis le 8 août plus de 90 frappes contre l'EI dans le nord de l'Irak, reste de son côté déterminé à poursuivre ses raids, menaçant d'étendre son intervention à la Syrie.
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moualem, a, lui, déclaré lundi que Damas était prêt à coopérer contre le "terrorisme" dans le cadre d'une coalition internationale ou régionale, y compris avec les États-unis et la Grande-Bretagne, mais que toute frappe contre les jihadistes sur le sol syrien devrait être coordonnée avec le gouvernement de Bachar al Assad.
En Irak, le gouvernement fait face depuis le 9 juin à une offensive de l'EI, un groupe sunnite extrémiste qui s'est emparé de territoires dans cinq provinces du pays, entraînant la fuite de dizaines de milliers de personnes.
Les forces kurdes peshmergas, appuyées par l'aviation irakienne, ont réussi lundi à reprendre trois villages au nord-est de Bagdad, dans la province de Diyala, ainsi que l'une des routes principales utilisées par l'EI pour transporter combattants, matériel et vivres.
Les troupes kurdes sont en outre sur le point de contrôler toutes les entrées de la ville de Jalawla, qu'elles cherchent à reprendre à l'EI depuis deux semaines.
"Jalawla est stratégique, car c'est une porte d'entrée pour Bagdad", a déclaré Shirko Merwais, haut responsable d'un parti politique kurde. L'Irak "mène des frappes aériennes et les peshmergas (...) des combats au sol", a-t-il ajouté.
"Coopération historique"
"Au début, la coordination entre les peshmergas et le gouvernement irakien était faible, mais maintenant que le danger que représente d'EI est devenu plus important, elle est bien meilleure", a-t-il souligné.
Bagdad a décidé début août d'appuyer la contre-offensive des peshmergas, un mouvement rare de coopération illustrant la gravité de la situation.
Suite à un entretien téléphonique, le vice-président américain, Joe Biden, et le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, "ont convenu de l'importance de continuer la coopération historique en cours entre les peshmergas et les forces de sécurité irakiennes", a déclaré la Maison Blanche dimanche.
Les Kurdes, toujours soutenus par l'aviation irakienne, ont également réussi à repousser deux assauts sur la ville majoritairement chiite de Touz Khourmatou, à 175 km au nord de Bagdad, après avoir repris dimanche la zone de Qaraj, au sud-est de Mossoul (nord), première ville tombée aux mains des insurgés le 10 juin et leur place forte depuis.
De l'autre côté de la frontière, en Syrie, l'EI a en revanche enregistré une importante victoire en prenant dimanche l'aéroport de Tabqa, dernier bastion du régime de Bachar al-Assad dans la province septentrionale de Raqa.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de 541 morts, dont 170 soldats tués pour la seule journée de dimanche, depuis le lancement mardi de l'assaut des jihadistes contre l'aéroport.
L'EI, qui affronte en Syrie à la fois les rebelles et le régime de Bachar al-Assad, a proclamé fin juin un "califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak.
"Agir sérieusement' contre l'EI"
Sur le plan international, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a accusé l'EI de mener un "nettoyage ethnique et religieux" en Irak, et a appelé à juger les responsables des éventuels crimes contre l'humanité.
Après l'exécution sommaire du journaliste américain James Foley, les États-Unis ont durci ces derniers jours leur rhétorique envers les jihadistes, condamnant une "attaque terroriste" et annonçant une réponse puissante qui pourrait s'étendre à la Syrie, malgré la menace de l'EI de tuer un second otage américain si les raids se poursuivaient.
Un responsable militaire américain a déclaré que la préparation de frappes contre des "objectifs très importants", comme des personnalités de l'EI, pourrait prendre entre "une heure à une semaine".
Signe de la préoccupation grandissante également dans le monde arabe, l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le Qatar et la Jordanie ont souligné dimanche "la nécessité d'agir sérieusement" contre l'EI.
Outre la menace jihadiste, Bagdad doit également apaiser les tensions confessionnelles attisées par une attaque ayant fait 70 morts vendredi contre une mosquée sunnite dans la région de Diyala qui avait entraîné des heurts entre sunnites et chiites.
Lundi, un attentat suicide contre une mosquée chiite à l'est de Bagdad a fait 11 morts.
Le Premier ministre désigné, Haïdar al-Abadi, a appelé ses concitoyens "à resserrer les rangs pour empêcher les ennemis de l'Irak de provoquer des troubles".
L'attaque de vendredi, perpétrée par des miliciens chiites, risque d'accroître la colère de la minorité sunnite envers le gouvernement à majorité chiite qui a besoin de sa coopération dans son combat contre l'EI, et compliquer davantage les tractations en vue de former un gouvernement d'union.
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