Le gouvernement de Poutine incendié sur plusieurs fronts
Répressions policières, opposants politiques emprisonnés, inaction face à des feux de forêts d’une ampleur historique… Les critiques contre les décisions du gouvernement russe déferlent sur plusieurs fronts ces derniers jours.
Plus de 1.400 manifestants arrêtés à Moscou après une violente répression. L’opposant numéro un Alexeï Navalny envoyé prison et peut-être empoisonné. Plus trois millions d’hectares de forêts sibériennes partis en fumée, ce qui provoque la colère de la population en raison de l’inaction des autorités. Nul doute, le président russe Vladimir Poutine passe un été torride.
Samedi, à Moscou, la police a chargé à plusieurs reprises contre des manifestants qui réclamaient la participation de l’opposition à une élection municipale prévue le 8 septembre dans la capitale.
Outre les nombreuses arrestations, plus de septante victimes ont été dénombrées. L’ONU a dénoncé la violence de la réaction policière. "Nous sommes préoccupés de voir que la police russe a apparemment fait un usage excessif de la force", a dénoncé Ruppert Colville, le porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, lors d’un point presse.
Le parquet russe, de son côté, a validé l’intervention musclée. Il a prévenu mardi, toute nouvelle tentative de manifestation illégale sera matée. Une nouvelle manifestation doit avoir lieu samedi prochain.
Opposant empoisonné
L’opposant russe Alexeï Navalny, arrêté samedi pour avoir appelé à la manifestation, restera en prison 30 jours, sa demande de libération ayant été rejetée mardi. Il est au centre d’une nouvelle affaire d’empoisonnement visant le Kremlin.
"Il a été réellement empoisonné par une substance chimique inconnue."
Peu après son enfermement, Alexeï Navalny a commencé à souffrir de symptômes suspects, le visage gonflé et la peau rougie. Sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, il présente des paupières gonflées et des abcès. Après deux jours d’hospitalisation, il a été renvoyé en prison, alors que, selon son médecin, il n’est pas encore rétabli. Pour les autorités russes, il s’agit d’une allergie. Mais, selon les siens, il n’a jamais souffert d’allergie.
"Il a été réellement empoisonné par une substance chimique inconnue", affirme son avocate Olga Mikhailova. Son médecin privé est du même avis et a envoyé des cheveux et un vêtement de l’opposant à un laboratoire privé. En 2017, Alexeï Navaly avait été agressé à l’aide d’un gaz qui lui avait laissé un traumatisme à l’œil droit.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Poutine en 2008, les histoires d’empoisonnements se sont multipliées, que ce soit lors de la mort d’un opposant, d’un ancien espion ou d’un journaliste.
Protestation contre l’inaction face aux feux de forêts
Ces événements ont lieu dans un contexte de grogne sociale qui ne se limite pas aux seules revendications électorales. Un autre front s’est ouvert qui pourrait coûter cher au président Poutine.
Le plus grand feu de l’histoire de Russie fait des ravages en Sibérie depuis le mois de juin. Plus de 3,2 millions d’hectares ont brûlé, ce qui équivaut à la surface de la Belgique. Le rideau de fumée provoqué par les brasiers s’étend sur six fuseaux horaires. La superficie la plus grande touche la Yakoutie (1,2 million d’hectares).
Ces feux déclenchent un grand malaise au sein de la population pour plusieurs raisons. La fumée commence à atteindre des villes de l’Oural, de la Volga et même le Kazakhstan, touchant directement les habitants qui se plaignent de problèmes respiratoires. Or, il est trop tard pour éteindre les brasiers, entretenus par des chaleurs extrêmes et des vents très forts.
Les autorités interviennent pour éviter que les flammes n’atteignent les habitations. Mais pour 90% de la surface touchée, elles ont décidé d’attendre les pluies et la neige. Moscou refuse d’éteindre les incendies lorsque le coût est supérieur au gain.
Sur les réseaux sociaux, la colère monte de plus en plus. "La situation est hors de contrôle parce qu’il a été décidé, au début, de ne pas éteindre les feux alors qu’ils étaient encore petits", dit Grigory Kuskin, chef du programme anti-incendie de Greenpeace Russie. Une pétition réclamant une intervention a atteint plus de 300.000 signatures. Depuis le début de l’année, plus de 12 millions d’hectares ont brûlé.
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