Trois scénarios pour en finir avec Donald Trump
Destitution, révocation ou statu quo. Trois scénarios, au-delà des rumeurs, se profilent sur l'avenir de Donald Trump après que le président des États-Unis ait incité ses "supporters" à marcher sur le Capitole.
Après les violences survenues au Capitole mercredi dernier, l'incertitude prédomine aux États-Unis sur le sort du président Donald Trump, accusé d'avoir encouragé les insurgés à empêcher la certification du président élu Joe Biden. Cinq personnes sont décédées suite à ces événements. Au moins 25 procédures ont été ouvertes devant la justice pour des faits de terrorisme domestique. Les démocrates, quant à eux, ont avancé lundi vers la destitution du président.
Les condamnations fusent de toute part contre Trump. Des médias, des entreprises, les démocrates et une partie des républicains réclament son éviction. Sa démission serait étonnante. Il est peu probable que le président sortant, qui se considère lui-même comme un "génie stable", soit enclin à reconnaître sa culpabilité. Les rumeurs d'autopardon présidentiel semblent aussi infondées.
"Trois scénarios sont envisageables à l'heure actuelle", estime Régis Dandoy, politologue à l'ULB.
Une fin de mandat naturelle
Le premier scénario consiste à laisser Donald Trump terminer son mandat jusqu'à l'investiture de Joe Biden, le 20 janvier. "Le gouvernement Trump meurt de sa belle mort, ce qui évite d'entamer une procédure qui ferait de la publicité au président sortant et de l'ombre à Biden", dit Régis Dandoy.
"Le gouvernement Trump meurt de sa belle mort, ce qui évite d'entamer une procédure qui ferait de la publicité au président sortant et de l'ombre à Biden."
Cette hypothèse se heurte au principe de réalité. Les événements du Capitole sont graves et inédits. Le président Trump a nié durant plusieurs semaines le résultat de l'élection puis galvanisé ses troupes pour qu'elles marchent sur ce symbole de la démocratie.
Les démocrates, et plusieurs républicains, réclament son départ.
La procédure en "impeachment"
La première option est celle d'une procédure en destitution ("impeachment"), la deuxième lors du mandat de Trump, comme le réclament plus de 200 représentants. Des parlementaires ont déposé lundi un acte d'accusation contre Donald Trump, première étape vers l'ouverture formelle cette semaine d'une deuxième procédure de destitution contre le président américain. Cet acte devrait être voté mercredi à la Chambre.
La procédure, prévue à l'article 2 de la Constitution, est complexe. Le président des Etats-Unis bénéficiant de l'immunité jusqu'à la fin de son mandat, il ne peut être jugé que par le Sénat, qui statue à la majorité des deux tiers. L'"impeachment" a été lancée quatre fois contre un président des Etats-Unis, sans jamais aboutir. Andrew Johnson, Bill Clinton et Donald Trump ont été déclaré innocents par la majorité qui leur était favorable. Richard Nixon a évité la procédure en démissionnant.
"Le plus probable, c'est que les démocrates lancent la procédure en destitution comme un ballon d'essai, pour surfer sur la vague anti-Trump", explique Régis Dandoy, "mais il y a peu de chances qu'elle aboutisse, pour des raisons de majorité et de stratégie. Trump a utilisé le premier 'impeachment' comme une tribune".
"Le plus probable, c'est que les démocrates lancent la procédure en destitution comme un ballon d'essai, pour surfer sur la vague anti-Trump."
Pour les démocrates, l'avantage d'un "impeachment" serait de bloquer l'avenir politique de Donald Trump, qui pourrait être enclin à se représenter à la présidentielle de 2024.
L'inconvénient, c'est que la procédure en destitution, instruite au début de mandat de Biden, risquerait de briser l'entente cordiale entre les démocrates et les républicains, plus enclins à la coopération que d'habitude.
Le 25e amendement
"Pence n'a aucun intérêt à invoquer le 25e amendement, cela le rendrait impopulaire au sein du parti républicain, où Trump est toujours influent."
Des représentants ont également demandé lundi l'adoption à l'unanimité d'une résolution appelant le vice-président Mike Pence à révoquer le président pour inaptitude à remplir ses fonctions, en invoquant le 25e amendement de la Constitution américaine. Le vote aura lieu mardi.
Mike Pence aurait ensuite 24 heures pour se décider. Mais le vice-président a laissé entendre qu'il n'a pas l'intention de recourir à la révocation. "Pence n'a aucun intérêt à invoquer le 25e amendement, cela le rendrait impopulaire au sein du parti républicain, où Trump est toujours influent", poursuit Régis Dandoy.
Le président américain et son vice-président se sont rencontrés lundi soir dans le Bureau ovale, a indiqué à l'AFP un responsable américain. Le vice-président n'aurait pas l'intention de démettre le président sortant de ses fonctions en invoquant le 25e amendement de la Constitution américaine, comme le souhaitent les Démocrates.
Les deux hommes, dont c'était la première rencontre depuis les violences de mercredi au Capitole, ont eu une "bonne conversation", selon la même source.
Selon ce responsable, Donald Trump n'a pas l'intention de démissionner avant la fin de son mandat, le 20 janvier.
Poursuites judiciaires
En dehors des hypothèses de révocation ou de destitution, Donald Trump pourrait faire l'objet de poursuites auprès des juridictions ordinaires, une fois son mandat terminé. "Plusieurs affaires attendent Trump, sur le plan fiscal et pour des histoires de mœurs antérieures à son mandat", précise Régis Dandoy. Ces procédures pourraient éventuellement aboutir à une déchéance de ses droits civils et politiques.
Plusieurs voix évoquent des poursuites pour "trahison" ou "sédition" suite aux événements du Capitole, Trump ayant incité ses troupes à passer à l'action par des propos jugés "quasi séditieux". Mais il est trop tôt pour prévoir sa mise en cause par la justice américaine lors du méga-procès qui s'annonce sur cette insurrection.
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