Des personnalités belges se mobilisent pour un cessez-le-feu à Gaza
Ils et elles écrivent au Premier ministre Alexander De Croo et demandent que la Belgique prenne une série de "mesures immédiates" pour aider à "faire cesser les armes" et les "violations graves" du droit international.
"Votre discours de Rafah ne peut être qu'un début." C’est ainsi que s’adressent une série de personnalités belges du monde académique et de la société civile au Premier ministre Alexander De Croo pour lui suggérer d’augmenter la pression en vue d’un cessez-le-feu dans la Bande de Gaza.
Parmi les seize signataires de la lettre figurent notamment Françoise Tulkens (ancienne juge et vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme), David Van Reybrouck (essayiste), Olivier Vandecasteele (ancien otage détenu en Iran), Simone Susskind (présidente du Centre communautaire juif laïc), Bernard Foccroulle (ancien directeur de la Monnaie), Damien Vandermeersch (magistrat), Henri Bartholomeeusen (avocat et ancien président du Centre d'action laïque) ou encore Gaëtan Vanloqueren (professeur à l’ICHEC et l’UCLouvain et initiateur de la lettre).
Le 24 novembre dernier, Alexander De Croo s’était rendu avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez au poste-frontière de Rafah (entre Gaza et l’Égypte) où il avait prononcé un discours qui avait provoqué une mini-crise diplomatique avec le gouvernement israélien.
Obligation juridique
Les signataires de l’appel constatent que le gouvernement israélien persiste dans "une voie militaire brutale et disproportionnée qui provoque des violations massives du droit international humanitaire et des droits humains".
Ils demandent dès lors à la Belgique de faire ce qui est en son pouvoir pour imposer l’application du droit international pour que cessent les violences, et notamment de rejoindre les pays qui ont demandé à la Suisse de convoquer en urgence une conférence des parties signataires de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre. "La Belgique a l'obligation juridique de prendre toutes les mesures conformes au droit international de nature à faire cesser les violations graves des règles impératives de droit international dont nous avons connaissance", soulignent-ils.
Les auteurs de la lettre évoquent un "risque de génocide en cours de réalisation".
Ils invitent par ailleurs à examiner dans quelle mesure certains crimes commis dans la bande de Gaza seraient susceptibles d’être traités par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Vu l’ampleur et le côté systématique des destructions opérées à Gaza, ils évoquent "un risque de génocide en cours de réalisation".
Les initiateurs de l’appel suggèrent de suspendre le transfert d’armes vers les parties au conflit, de suspendre le commerce de produits issus des territoires occupés, de reconnaitre l’État de Palestine ou encore de mettre sur pied un groupe d’États membres européens dans une initiative de paix. La Belgique, l’Espagne et l’Irlande sont épinglées comme pouvant constituer un noyau dur, étant donné leur position volontariste jusqu’ici dans ce dossier.
Dans un souci d’équilibre, les auteurs de la lettre reconnaissent également la gravité des massacres commis par le Hamas entre le 7 et le 10 octobre et admettent que "les réticences de certains gouvernements à condamner sans réserve cette effusion de barbarie ont contribué à faire douter la communauté juive de son droit intrinsèque à la vie et à la sécurité, et de notre capacité d’empathie face à la terreur subie par Israël".
Solutions à deux États
Sur le plus long terme, un plaidoyer est lancé en faveur d’une solution à deux États, en favorisant un dialogue entre les éléments modérés tant du côté israélien que palestinien. À défaut d’une telle solution, ils mettent en garde contre "l’immense perception globale d’une situation de ‘deux poids, deux mesures’ que le monde occidental semble complètement sous-estimer".
Les auteurs se disent conscients qu'en suivant leurs recommandations, le Premier ministre s'exposera à des critiques . Mais ils assument, estimant que leurs demandes "sont justes, basées sur le droit international, et porteuses à terme de paix et de sécurité pour les civils tant en Palestine et en Israël que partout dans le monde".
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- Seize personnalités belges demandent au Premier ministre Alexander De Croo d'accentuer la pression en faveur d'un cessez-le-feu à Gaza.
- Ils estiment que la Belgique a des obligations juridiques en la matière au regard du droit international.
- Ils suggèrent notamment de suspendre le transfert d'armes vers les parties au conflit et l'importation de produits issus des territoires occupés.
- Pour arriver à une solution à deux États, il faut promouvoir le dialogue entre les modérés des deux camps.
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