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Derrière Espirito Santo, un empire de près de 150 ans

Ricardo Salgado ©REUTERS

La famille Espirito Santo, dernière dynastie de banquiers portugais fondée au XIXe siècle, a vu s'effondrer en l'espace de quelques semaines un empire bâti sur son joyau, la banque BES, transformée finalement en structure de défaisance d'actifs toxiques.

Le renflouement de BES annoncé dimanche par la banque du Portugal intervient après le dépôt de bilan des trois principales holdings du groupe Espirito Santo, présent également dans le secteur des assurances, de l'immobilier, du tourisme ou encore de la santé, sur cinq continents.

Le millefeuille Espirito Santo

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Le groupe Espirito Santo repose sur une cascade de holdings aux ramifications complexes basées au Luxembourg, qui contrôlent des centaines d'entreprises.

La holding de tête Espirito Santo International (ESI) a été la première à déposer le bilan, le 18 juillet, alors que des irrégularités dans ses comptes, dévoilées fin mai, avaient plongé le groupe dans la tourmente.

Deux autres holdings lui ont emboîté le pas, Rioforte, à la tête des branches non financières du groupe, et Espirito Santo Financial Group (ESFG), premier actionnaire de BES.

La banque, joyau du groupe

Pour sauver la banque Espirito Santo, qui avait publié mercredi une perte semestrielle record de 3,57 milliards d'euros, le gouvernement portugais et la Banque du Portugal ont annoncé dimanche la création d'une nouvelle banque, baptisée Novo Banco.

L'Etat et les banques injecteront 4,9 milliards d'euros dans la nouvelle entité, qui récupère les actifs sains de BES, ses deux millions de clients et ses 20% du marché portugais, et devra élaborer un plan de restructuration solide.

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Les actionnaires de BES, dont la famille Espirito Santo (20,1%) et la banque française Crédit Agricole (14,6%), sont purement et simplement écartés de Novo Banco.

Ils héritent des actifs toxiques, dont les titres de dette du groupe Espirito Santo et BES Angola, regroupés dans une structure de défaisance, ou "bad bank".

La saga Espirito Santo

L'histoire de la dynastie Espirito Santo commence en 1869 avec la création d'un bureau de change à Lisbonne qui deviendra la banque Espirito Santo.

En 1975, après la chute de la dictature, la banque est nationalisée. Plusieurs membres de la famille s'exilent, notamment au Brésil, en Suisse ou au Royaume-uni, pour reconstruire leur empire.

En 1991, la banque est de nouveau privatisée et reconquise par la famille Espirito Santo, grâce notamment à une alliance avec le Crédit Agricole qui a pris fin en mai dernier.

L'ancien patriarche du groupe Espirito Santo, Ricardo Salgado, qui dirigeait BES depuis 23 ans, a été arrêté et mis en examen le 24 juillet dans le cadre d'une affaire de blanchiment d'argent.

Libéré contre le paiement d'une caution de 3 millions d'euros, l'ancien patron de la BES avait été écarté, le 20 juin dernier, de la direction de la banque, emporté par une tempête sonnant le glas d'un empire vieux de près de 150 ans.

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