"Le coût régulatoire nous pèse" (Valérie Urbain, Euroclear Bank)
Euroclear Bank, le géant du règlement/livraison, est dirigé depuis bientôt cinq ans par Valérie Urbain. Elle fait le point sur les gros dossiers qui touchent son entreprise, comme le déménagement des locaux de Braine-l’Alleud, la possible introduction en Bourse, l’incertitude sur les marchés ou encore de la place des femmes dans la finance.
Goldman Sachs a été mandaté afin de trouver des solutions pour vendre des participations d’Euroclear. Où en est-on?
C’est une décision tout à fait normale par rapport à l’évolution de notre actionnariat. Les actionnaires aiment bien avoir à un moment donné une certaine liquidité possible. Le board a donc demandé à Goldman Sachs de travailler sur des options pour rendre nos actions plus liquides. Cela doit permettre à certains actionnaires de sortir et à d’autres de rentrer plus facilement que ce n’est le cas aujourd’hui. Ce travail est actuellement en cours.
Deux options sont sur la table…
La première concerne des placements privés avec des investisseurs institutionnels. Une introduction en bourse partielle constitue la seconde. Nous sommes un financial market infrastructure, une entité extrêmement régulée avec certaines obligations à remplir. Nous sommes dès lors un garant de la stabilité financière et une IPO partielle ou des placements privés pourrait nous permettre de garder un pacte d’actionnaires suffisamment solide pour continuer à assurer la stabilité des marchés et notre rôle systémique.
Les phrases clés
"Le board a demandé à Goldman Sachs de travailler sur des options pour rendre nos actions plus liquides."
"Ces dernières années, plus de 80% de nos investissements informatiques étaient relatifs à des mises en conformité réglementaire."
"Nous essayons donc d’attirer des femmes dans la finance, mais surtout de les retenir et de les promouvoir."
Vu cette fonction, que représente le coût régulatoire sur vos activités?
C’est un poste très important, d’autant qu’Euroclear Bank est la seule entité du groupe à avoir un statut bancaire. Si un Japonais veut investir en dollars sur des titres européens, une banque doit faire le "bridge". Notre rôle est d’amener des liquidités et de transformer de devises. Vu notre statut bancaire, nous sommes autant soumis à la réglementation propre aux dépositaires centraux, mais également à toute la réglementation spécifique aux banques. De plus, nous travaillons sur plus de quarante marchés, nous devons également respecter les règles locales. Nous avons des obligations réglementaires effectivement très poussées et cela mange une grosse partie de nos investissements. Ces dernières années, plus de 80% de nos investissements informatiques étaient relatifs à des mises en conformité réglementaire.
Au mois de juillet, Euroclear Bank a réalisé des transactions records en termes de volumes. Comment expliquer une telle agitation?
Plusieurs facteurs, comme la guerre commerciale ou le Brexit, créent actuellement une grande incertitude, ce qui a pour conséquence de générer de la volatilité. Et qui dit volatilité, dit volume de transactions très important. En somme, nous aimons bien l’incertitude.
Euroclear est actuellement en plein déménagement.
Toutes nos activités en Belgique vont être centralisées à Bruxelles d’ici la fin de l’année. Quelque 313 personnes vont quitter nos bureaux de Braine-l’Alleud pour venir dans la capitale rejoindre les 2.000 employés actuels, et cela n’aura pas d’impact sur l’emploi.
"Le monde de l’entreprise n’a pas fait de progrès quant à la place des femmes depuis 30 ans."
Vous êtes une des fondatrices de Women in Finance. Pourquoi avoir lancé une telle association?
Le monde de la finance pourrait faire mieux en termes de représentation féminine au sein des instances gouvernantes. Les quotas pour les conseils d’administration commencent à avoir un certain effet. On constate cependant, notamment chez Euroclear, qu’il y a un peu plus de femmes que d’hommes à l’entrée, mais plus on monte dans l’organisation, plus on perd des femmes. Nous essayons donc d’attirer des femmes dans la finance, mais surtout de les retenir et de les promouvoir.
Quel est votre sentiment quant à la représentation féminine dans la finance?
On a un peu reculé de manière générale, le monde de l’entreprise n’a pas fait de progrès.
accord avec le dépositaire central de titres chinois
Euroclear Bank a annoncé ce lundi la conclusion d’un mémorandum d’entente avec le dépositaire central de titres chinois (China Central Depository & Clearing).
Cet accord doit permettre "l’augmentation des services transfrontaliers et, en fin de compte, d’établir un lien efficace visant à soutenir l’ouverture du marché obligataire interbancaire chinois", précise Euroclear dans un communiqué de presse.
Les deux parties vont également explorer d’autres possibilités, entre autres dans le domaine des services de gestion des garanties.
L’objectif est notamment de promouvoir l’utilisation des obligations émises en renminbi en dehors du territoire chinois.
En 2018, Euroclear Bank a traité 230 millions de transactions sur titres représentant 791.000 milliards d’euros. Le groupe Euroclear est également le plus grand dépositaire au monde, avec 28.800 milliards d’euros de titres sous gestion.
Les plus lus
- 1 La Hongrie bloque un prêt européen de 35 milliards d'euros à l'Ukraine
- 2 Len Sassaman, le créateur du bitcoin pourrait être enterré dans un cimetière de Louvain
- 3 La fonction publique bruxelloise explore à reculons les pistes d'économies
- 4 Ouragan Milton: tout savoir sur la "tempête du siècle" qui parcourt la Floride
- 5 Ségolène Frère grimpe à bord du spécialiste des compléments nutritifs Insentials