L'écosystème belge des batteries lui aussi dans le doute
Umicore et Syensqo ont reporté des projets d'usines en raison du ralentissement de la croissance de la demande de véhicules électriques et du basculement des technologies pour les batteries.
Quand les constructeurs automobiles européens éternuent, c'est tout l'écosystème des batteries qui prend froid. Le spécialiste belge des technologies des matériaux Umicore en sait quelque chose, avec une action qui ne cesse de chuter à la Bourse de Bruxelles. En recul de 60% depuis le début de l'année, le titre est encore tombé ce lundi à un nouveau plus bas depuis 2009.
Au cœur des problèmes du groupe, sa division de matériaux pour batterie, pour laquelle le CEO Bart Sap a annoncé fin juillet une dépréciation de 1,6 milliard d’euros, alors qu'elle était amenée à devenir son moteur de croissance dans les années à venir.
Les analystes de Citigroup ont ramené à zéro la valeur de la division batterie d'Umicore.
À l'instar d'autres acteurs européens, le groupe a, lui aussi, misé sur le mauvais cheval en privilégiant les batteries de type NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt), alors que les constructeurs automobiles optent de plus en plus pour le modèle moins coûteux de type LFP (Lithium-Fer-Phosphate).
Le problème a pris une telle ampleur que les analystes de Citigroup ont ramené à zéro la valeur de cette division batterie. Dans l'attente des résultats de la révision de la stratégie pour l'activité de matériaux pour batteries, et en raison de la faiblesse de la demande pour les véhicules électriques, Umicore a suspendu la construction de son usine à Loyalist, au Canada.
Umicore n'est pas le seul acteur belge du secteur à souffrir et à se poser des questions. Le groupe chimique Syensqo a annoncé retarder de deux ans le calendrier de construction de sa gigafactory de PVDF (matériaux de batteries) d'Augusta (Géorgie), dans la foulée de la publication de résultats semestriels ternes au début du mois. "Compte tenu du ralentissement de la croissance à court terme de la demande de véhicules électriques [...], nous avons réévalué les installations prévues dans les matériaux de batteries jugées nécessaires pour répondre à la demande anticipée, en particulier les investissements planifiés en Amérique du Nord", a fait valoir la CEO Ilham Kadri pour argumenter sa décision de ralentir la cadence des investissements. Le projet bénéficie d'une subvention de 178 millions d'euros dans le cadre de l'Infrastructure Investment and Jobs Act, un paquet législatif d'aide aux investissements décidé sous Joe Biden.
Selon une enquête du Financial Times, près de 40% des grands investissements industriels annoncés sur le sol américain dans la première année des programmes d'aides du gouvernement Biden pour les technologies vertes et les semi-conducteurs ont été soit retardés, soit suspendus. En cause, des conditions de marché détériorées et un climat d'incertitudes réglementaires et politiques.
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