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Jean Muls attaque bpost et Dirk Tirez en justice

L'ex-CEO de bpost Belgique, Jean Muls, estime avoir fait l'objet d'un licenciement abusif. ©ANTONIN WEBER / HANS LUCAS

Selon l'ex-CEO de bpost Belgique, Jean Muls, on l'a licencié pour l'empêcher d'enquêter sur la potentielle collusion de bpost dans le dossier de la distribution des journaux.

Jean Muls, l'ancien CEO de bpost Belgique, licencié moins d'un an après sa prise de fonction, a décidé d'attaquer bpost et Dirk Tirez (ancien CEO de bpost Group) en justice pour licenciement abusif et déraisonnable.

Jean Muls, défendu par Herman Craeninckx (Strelia) estime, entre autres, qu'il a été licencié afin de l'arrêter dans son enquête interne afin de voir si bpost était bel et bien impliqué dans une collusion en vue de remporter le marché de la distribution des journaux.

Engagé le 10 janvier 2022 comme CEO de bpost Belgique, Jean Muls a rapidement été mis au courant d'accords passés entre bpost, des éditeurs de journaux flamands (DPG et Mediahuis) et le distributeur PPP en vue de remporter le marché de distribution des journaux pour les années 2023-2027. Dès que Jean Muls a été mis au courant de l'existence d'accords, il a voulu enquêter et a commencé à trouver des preuves de l'implication de l'un ou l'autre cadre de bpost dans cette collusion.

Une évaluation pourtant satisfaisante

Dans le courant du mois de juillet 2022, une évaluation de Jean Muls effectuée par Dirk Tirez a conclu que les prestations du CEO de bpost Belgique étaient tout à fait satisfaisantes. Parallèlement à cela, tandis que Jean Muls continuait à enquêter sur la potentielle collusion, bpost a lancé un audit interne afin de faire toute la clarté sur cette affaire.

"Il est évident que monsieur Muls était proche de découvrir la vérité et qu'il avait déjà alerté, autant que faire se peut, ses supérieurs hiérarchiques au sein de bpost."

Extrait de la citation en justice de Jean Muls contre bpost et Dirk Tirez

Le 1ᵉʳ octobre 2022, la responsable des ressources humaines de bpost a fait savoir que l'audit interne n'avait donné aucun résultat. Surpris, Jean Muls a demandé à rencontrer Dirk Tirez afin de pouvoir en discuter avec lui. Cette rencontre, programmée le 3 octobre 2022, a débouché sur le licenciement de Jean Muls. Pour justifier ce licenciement, bpost a évoqué, entre autres, une "divergence d'opinions" et le fait de ne pas avoir atteint ses objectifs.

Le 7 octobre 2022, quatre jours après le licenciement de Jean Muls, la présidente de bpost, Audrey Hanard, décidait de lancer une enquête forensic afin de pousser plus avant les investigations concernant la potentielle collusion.

Dans ses grandes lignes, cette nouvelle enquête a démontré l'implication de Dirk Tirez dans la collusion, poussant bpost à se séparer de son CEO au début du mois de décembre 2022. "Il est évident que monsieur Muls était proche de découvrir la vérité et qu'il avait déjà alerté, autant que faire se peut, ses supérieurs hiérarchiques au sein de bpost", peut-on encore lire dans la citation.

Un licenciement abusif?

Jean Muls estime aujourd'hui que son licenciement est abusif et que les motifs de ce licenciement ne sont qu'une façade cachant les motifs réels de son renvoi. Dans la citation envoyée à bpost et à Dirk Tirez, Jean Muls démonte un par un les reproches qui lui ont été adressés.

200.000
euros
Jean Muls, ancien CEO de bpost Belgique, réclame 200.000 euros à bpost pour licenciement déraisonnable et abusif.

L'ancien CEO de bpost Belgique et son avocat expliquent que Jean Muls a contribué à la "bonne performance de bpost", qu'il a "œuvré à la réduction des coûts et à l'amélioration du portefeuille commercial" et qu'il a participé à l'élaboration du plan stratégique pluriannuel de bpost.

"Acharnement grandissant"

Dans sa citation en justice, Jean Muls n'en démord pas, il estime avoir été licencié pour l'empêcher de poursuivre son enquête interne sur la collusion. "Dès qu'il était connu que M. Muls se démarquait de la pratique de collusion pour remporter le contrat de concession de la presse, il a fait l'objet d'un acharnement grandissant de la part de sa direction et de ses collègues impliqués dans la collusion", lit-on encore dans la citation.

Aujourd'hui, l'ancien CEO de bpost Belgique réclame un peu plus de 200.000 euros pour licenciement "manifestement déraisonnable" et plus de 120.000 euros de bonus non payés.

"Nous prenons note de la démarche de Jean Muls. Nous défendrons notre décision et nous sommes confiants quant au jugement du tribunal."

Bpost

Licencié moins d'un an après sa prise de fonction, il estime que les transformations demandées nécessitaient une politique axée sur le long terme. "La carrière de M. Muls est jusqu'à maintenant irréprochable. La médiatisation de son licenciement et l'évocation de ces faux motifs portent atteinte à son honorabilité et sont tout simplement humiliants", lit-on encore dans la citation. Pour ce licenciement abusif, Jean Muls réclame un euro provisionnel à titre de dommages et intérêts.

La faute de Dirk Tirez

Enfin, Jean Muls estime que Dirk Tirez, son ancien patron, a commis une faute en lui cachant la réalité des accords passés en vue de décrocher la concession portant sur la distribution des journaux. "Dès le départ, M. Tirez a choisi de dissimuler des informations importantes à M. Muls, l'empêchant dès lors d'accomplir sa tâche de CEO de bpost correctement", lit-on dans la citation. À ce titre, Jean Muls réclame également un euro provisionnel à titre de dommages et intérêts.

"Nous prenons note de la démarche de Jean Muls. Nous défendrons notre décision et nous sommes confiants quant au jugement du tribunal", a déclaré bpost. De son côté, Dirk Tirez n'a pas souhaité réagir.

Le résumé
  • Moins d'un an après son entrée en fonction comme CEO de bpost Belgique, Jean Muls avait été licencié par bpost. Il était question de divergences d'opinion et de manque de résultats par rapport à des objectifs.
  • Aujourd'hui, il attaque bpost et Dirk Tirez (ancien CEO du groupe) en justice pour licenciement déraisonnable et abusif.
  • Il estime avoir été licencié pour l'empêcher d'enquêter sur la collusion entre bpost et d'autres parties pour décrocher la distribution des journaux.
Dossier | Bpost

L'entreprise publique autonome est dans la tourmente depuis plusieurs mois. En cause: des problèmes de gouvernance à répétition.

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