Faire ses courses à l’étranger n’est pas toujours moins cher

Selon la Fevia, la Fédération de l’industrie alimentaire belge, les Belges ont dépensé 543 millions d'euros dans les supermarchés étrangers l'année dernière. Un phénomène favorisé par la proximité des pays voisins (50% de la population vit à moins de 50 kilomètres d'une frontière) et les 561.00 voitures de société en circulation.

Avec la collaboration de Daltix, cabinet d'études spécialisé dans la comparaison des prix, la Gondola Academy a voulu objectiver le phénomène en comparant les étiquettes de 2.604 produits de consommation courante avec trois pays: France, Allemagne et Pays-Bas.  

Pour permettre une comparaison pertinente, l'analyse est basée sur les grandes marques et exclut les promotions, et ce, auprès d’enseignes au positionnement prix comparable, en l’occurrence Colruyt en Belgique, Albert Heiin aux Pays-Bas, Leclerc en France et Rewe en Allemagne.

Résultats contrastés

Les résultats sont contrastés. Ainsi aux Pays-Bas, Albert Heijn est plus cher que Colruyt pour la majorité des produits étudiés, jusqu’à 43% de plus pour les produits de soins corporels. Seules les boissons et les plats préparés y sont moins chers.

En France, c’est l’inverse: dans toutes les catégories de produits, Leclerc est moins cher. Cela va du vin (-21%) à l’alimentation sèche (-44%), en passant par les produits d’entretien (-27%) ou les boissons (-28%).

En Allemagne, les résultats sont un peu plus équilibrés: Colruyt obtient de meilleurs scores pour les produits non alimentaires, les conserves et le vin. Dans les autres catégories, le géant germanique est moins cher, des surgelés (-4%) aux produits pour les animaux domestiques (-34%), en passant par les boissons (-13%) ou les produits de soins du corps (-20%).

Une question de perception

"On est parfois loin de la perception du consommateur belge qui a l’impression que tout est moins cher chez nos voisins alors que ce n'est pas toujours le cas. Si la Belgique est plus chère dans certaines catégories de produits, comme les alcools et les boissons, c’est essentiellement pour une question de taxation plus élevée", résume Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola.

"Le commerce transfrontalier restera un problème pour la Belgique, surtout à une époque où les prix des supermarchés montent en flèche", estime, de son côté, Martijn Martens, responsable de la recherche à la Gondola Academy. "Idéalement, les décisions en matière de consommation devraient être uniformisées au niveau européen, mais l'unanimité est nécessaire pour cela, ajoute-t-il. Et comme la consommation est fortement liée à la culture locale, cela ne sera pas facile à réaliser."