Après l'Italie, Medi-Market met le cap sur l'Espagne

Des magasins lumineux, qui s'étendent en général sur 400 mètres carrés et proposent jusqu'à 10.000 références. Les points de vente Medi-Market ont pignon sur rue en Belgique et au Luxembourg, mais aussi en Italie, "le" pôle de croissance du groupe détenu par Imocobel, le véhicule de la famille De Clercq. En 10 ans, la chaîne créée par Yvan Verougstraete, qui s'est réorienté vers la politique (lire l'encadré), a ouvert 150 points de vente, essentiellement des parapharmacies, mais aussi des pharmacies et des instituts de beauté.

Depuis trois ans, Medi-Market est dirigée par Cédric Antoine. Assez étonnamment, le parcours professionnel de ce Français originaire de Cagnes-sur-Mer, près de Nice, et diplômé de HEC à Paris est jusqu'ici intégralement belge. Il s'est, en effet, lancé dès la fin de ses études chez Louis Delhaize en Belgique, où il a travaillé au département financier avant de se tourner vers le commercial. Il s'est notamment vu confier la direction d'un gros hypermarché Cora au Luxembourg en 2008, avant de devenir directeur exécutif de Cora Belgique-Luxembourg. Non sans développer au passage les ventes en ligne: c'est lui qui a lancé le concept Wink, pure player de la préparation de courses en ligne.

Son expérience acquise dans la grande distribution a clairement joué en sa faveur au moment où il a fallu trouver un successeur à Yvan Verougstraete. "Mon arrivée chez Medi-Market a été pour moi l'occasion de valoriser une palette de compétences acquises durant vingt ans, et de construire une entreprise robuste avec une croissance soutenue à l'international", raconte-t-il.

Un développement spectaculaire

En reprenant les rênes de Medi-Market, Cédric Antoine n'a pas acheté un chat dans un sac. La chaîne, qui se prévaut de vendre des produits de parapharmacie et des médicaments sans prescription (OTC) jusqu'à 20% moins cher que la moyenne du marché, attire de plus en plus le chaland.

Ses magasins accueillent 18.000 clients par jour et sa base de données répertorie 1,7 million de clients belges, soit un ménage sur trois. De quoi lui permettre de s'arroger une part de marché de 18% en parapharmacie et en OTC en Belgique.

Medi-Market continue de se développer de manière spectaculaire. En 2023, son chiffre d'affaires a été porté de 245 millions à 330 millions d'euros, soit une croissance de plus de 30%, qui s'est confirmée au premier semestre 2024. Essentiellement grâce à l'expansion de l'enseigne, qui continue d'ouvrir des points de vente, y compris chez nous, principalement en parapharmacie (la pharmacie représente 20% des revenus). Et la rentabilité est, elle aussi, plus que jamais au rendez-vous.

"En Belgique, nous prévoyons 10 à 15 ouvertures par an d'ici à 2028. Nous connaissons un développement rapide en Flandre où nous avons déjà ouvert cette année de nouveaux magasins à Lommel, Turnhout, Anvers ou encore dans le centre de Gand. Trois autres ouvertures sont encore prévues d'ici à la fin de l'année", précise Cédric Antoine. De quoi disposer de 80 parapharmacies avant la fin 2024, auxquelles s'ajoutent une dizaine d'autres au Grand-Duché.

L'Espagne en 2025

Mais le pôle de croissance principal se situe désormais sur les marchés extérieurs. En Italie tout d'abord, un marché investi en 2019. "Cette année, nous ouvrirons 15 nouveaux magasins en Italie, et entre 2025 et 2028, nous prévoyons 30 ouvertures par an en moyenne", explique le patron de Medi-Market.

Après une expansion dans le nord (Milan, Turin, Parme, Bologne, Bergame, Udine, Brescia…), la chaîne belge entend étendre sa couverture jusqu'à Rome à partir de cette année. A priori, elle ne devrait pas ouvrir de magasins plus au sud. "La zone de consommation que nous couvrons est déjà au moins trois fois supérieure à celle de la Belgique."

D'ici trois ans, le marché italien de la parapharmacie devrait peser plus lourd que le maché domestique. "Nous en serions en tout cas très fiers. En 2023, elle représentait 15% de nos revenus. D'ici à 2027, les parapharmacies italiennes devraient réaliser un chiffre d'affaires supérieur aux parapharmacies belgo-luxembourgeoises", se félicite Cédric Antoine.

Si le marché français, très concurrentiel, est momentanément laissé de côté (le magasin ouvert en 2019 près de Tourcoing a fermé fin 2022 pour des raisons d'organisation et par manque de taille), l'année 2025 devrait être marquée par l'irruption de Medi-Market sur le marché espagnol. Un peu comparable au marché belge avec sa myriade de petites officines (c'est le réseau le plus dense d'Europe), il permettra surtout au groupe belge de valoriser son modèle de parapharmacie, inexistant à ce jour en Espagne.

D'ici à cinq ans, plus de 50% des revenus du groupe devraient provenir de l'étranger si la mayonnaise prend comme espéré. "Si la croissance est au rendez-vous en Italie et en Espagne, nous pourrions nous ouvrir à d'autres marchés", précise Cédric Antoine. Qui entend rester prudent. "Nous sommes passés rapidement de l'adolescence à l'âge adulte, le rythme de développement doit rester maîtrisé."