La société ferroviaire Lineas aperçoit les premiers millions dont elle a besoin
Le fonds Argos et le Fédéral travaillent à une injection de 20 millions d'euros dans le champion belge de fret ferroviaire. Un premier pas d'un tour de près de 100 millions.
Lineas est à la recherche de 100 millions d'euros de capitaux frais depuis un certain temps déjà. Depuis des années, le champion belge du fret ferroviaire affiche des chiffres dans le rouge, en raison d'éléments externes et internes (covid, inondations, problèmes au niveau des chaînes d'approvisionnement, prix de l'énergie...). 2022 n'est pas en reste.
L'ancienne filiale logistique de la SNCB (dite B Logistics jusqu'en 2017) traîne également une lourde dette. Sur l'exercice allant de l'été 2020 à la fin 2021, l'endettement est passé de 217 millions d'euros à 303 millions d'euros. Et ce, alors que l'entreprise a monétisé la majeure partie de son matériel roulant dans le cadre d'une opération de type "sale & leaseback" pendant cette période.
Cette opération a rapporté 170 millions d'euros en novembre de l'année dernière, une somme ayant servi principalement à rembourser un prêt de 115 millions d'euros arrivant à échéance. En sus, la société prévoit également de recentrer l'activité sur ses principaux axes de trafic.
De l'argent frais
Il n'empêche, de l'argent frais est en route, a-t-on appris. Les deux actionnaires de Lineas – que sont le fonds d'investissement Argos Wityu (90 %) et le gouvernement fédéral (10% via la SFPI) – avanceront une première tranche de l'augmentation de capital prévue. Celle-ci pourrait permettre à Lineas de bénéficier à court terme d'un apport de quelque 20 millions d'euros.
Si, comme prévu, les deux actionnaires mettent chacun 10 millions d'euros sur la table, la participation du gouvernement fédéral devrait dépasser la minorité de blocage. Dans un deuxième temps, Lineas devra toujours dégoter les 80 millions d'euros restants. Bernard Gustin, CEO, aurait bien vu cet argent provenir (en partie) d'un tiers. "C'est l'occasion de nous associer avec un partenaire qui renforce notre stratégie", nous confiait-il mi-octobre.
"C'est l'occasion de nous associer avec un partenaire qui renforce notre stratégie"
L'intéressé n'est autre que l'ancien patron de la compagnie aérienne Brussels Airlines et l'actuel président du gestionnaire du réseau à haute tension Elia . Il a succédé le 1er février à Geert Pauwels, remercié pour services rendus.
Signalisation
Lineas a également levé des fonds au début de l'année grâce à la vente de sa filiale The Signalling Company (TSC) au constructeur de trains tchèque Skoda Group. TSC développe et fabrique des systèmes de signalisation pour les trains et les chemins de fer en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne.
Skoda est pour sa part l'un des plus grands fabricants de trains d'Europe centrale et appartient à la société d'investissement tchèque PPF, qui est notamment actionnaire du fabricant d'autobus Temsa. L'entreprise n'a rien à voir avec le constructeur automobile et filiale de Volkswagen depuis les années 90.
Bis repetita
À noter, ce n'est pas la première fois que Lineas se cherche de l'argent. Un refinancement de 60 millions d'euros pour poursuivre la stratégie de croissance internationale et éponger le coût de la crise covid au passage a ainsi déjà été opéré en 2021, avec le concours de Belfius et BNP Paribas, au-delà des actionnaires existants.
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