Fagron fait son shopping mais gare au cauchemar du passé
Avec trois acquisitions en quelques mois, Fagron a repris sa stratégie de rachats, une stratégie qui l'a conduit droit dans le mur en 2015.
Comme l’illustre à la perfection le graphique de cours ci-dessous, Fagron qui s’appelait alors Arseus, une ex-filiale d’Omega Pharma, a connu son heure de gloire à la Bourse de Bruxelles entre 2013 et 2015 avant de s’effondrer et de frôler le dépôt de bilan.
La mort clinique de ce fournisseur de préparations magistrales et de produits parapharmaceutiques à destination des officines a pu être évitée grâce à une sonde de 200 millions d’euros qui lui a permis de retrouver la voie de la convalescence.
Action triplée
C’est grâce à une stratégie d’acquisitions à tout va que Fagron a vu son cours de Bourse tripler en trois ans. Entre 2010 et début 2015, elle a procédé au rachat de 18 entreprises principalement aux Etats-Unis et au Brésil. Mais c’est cette même fièvre acheteuse mal gérée et mal contrôlée avec notamment des déconvenues aux USA qui a entraîné Fagron droit dans le mur.
Aujourd’hui, la situation financière semble bien assainie. En 2017, le ratio d’endettement (dette financière nette sur Rebitda) est passé de 3,18 à 2,48. Les ventes ont progressé de 3,6%, le Rebitda de 5,7% avec une marge de 22% et la société a généré un cash-flow opérationnel de 84,2 millions d’euros. Cerise sur le gâteau, les actionnaires vont même recevoir un dividende de 0,10 euro par action.
Pour conduire Fagron vers une nouvelle phase de croissance, la direction du groupe a été confiée, fin de l’année dernière, à Rafael Padilla qui a remplacé Hans Stols.
Le retour du "buy-and-build"
Avant l'arrivée en fonction du nouveau CEO, la société cotée sur Euronext avait déjà repris, modestement, la voie qui lui avait valu son succès, celle de la stratégie "buy-and-build". Active en Croatie et en Bosnie, Kemig a été acquise durant l’été. Puis ce fut le tour d’All Chemistry au Brésil. Ces deux entités affichent des ventes tournant autour de 4 millions d’euros pour 437 millions au niveau de Fagron.
Aujourd’hui, l’ex-Arseus met la main sur un plus gros morceau en rachetant le groupe texan Humco pour un prix de départ de 38,6 millions d’euros pouvant être augmenté d’un maximum de 18,3 millions sur deux ans en fonction des performances. Humco vend ses propres produits pharmaceutiques et des produits de marque non remboursés et cela dans 45.000 officines. Il a généré des ventes de 32 millions de dollars avec une marge en ligne avec les activités de Fagron en Amérique du Nord, soit 14,7% en 2017.
->A lire: Fagron rachète un concurrent US
"Grandes opportunités"
"Stratégiquement, nous pensons qu’il s’agit d’un bon mouvement pour Fagron écrit Frank Claassen, analyste chez Degroof Petercam. Cela renforce sa position sur le marché américain attractif des médicaments non remboursés et lui donne accès à 45.000 pharmacies dans des régions sans doublons." Il estime, en outre, que le multiple payé -10 fois l’Ebitda (jusqu’à 15 fois si le prix maximum est atteint)- se justifie par les grandes opportunités au niveau de la vente croisée. Ce rachat ajoute 6% aux revenus totaux de Fagron et 4% à son Ebitda a-t-il, par ailleurs, calculé. Il reste à l’achat sur la valeur avec un objectif de cours de 14,5 euros.
Prudence...
Au regard de ces trois acquisitions, on est toutefois en droit de s’interroger sur l’opportunité d’une reprise de la stratégie de rachats qui, par le passé s’est soldée, au final, par une mise sous respirateur artificiel du groupe. On ne peut qu’espérer que la direction actuelle tirera les enseignements des errements passés pour avancer prudemment et sans précipitation.
Sur les quatre analystes qui suivent la valeur, deux recommandent un achat et deux conseillent de la conserver. L’objectif de cours moyen de 13,38 euros représente un potentiel de hausse de 4,2% par rapport au cours de Bourse de Bourse actuel (12,84 euros). Le plus optimiste est Kempen avec un objectif de 15 euros. ING et KBC sont plus réservés avec un "target" de 12 euros.
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