En panne de résultats sportifs et financiers, Manchester United est mis à l’étalage

Est-ce déjà le début de la fin de l’intérêt des investisseurs américains pour le soccer? Après avoir fait main basse sur plusieurs grands clubs européens (Liverpool, Manchester United, Chelsea AC Milan…), certains envisagent déjà de céder leurs billes. Et non des moindres.

Début novembre, on apprenait que Fenway Sports Group, un consortium actif dans le sport business - Red Sox de Boston (baseball), les Penguins de Pittsburgh (hockey sur glace) et FC Liverpool (football) – avait décidé de mettre ce dernier en vente. Rebelotte mardi en fin de soirée avec l’annonce que la famille Glazer envisageait de se séparer de Manchester United. Peu auparavant, le club annonçait la fin "d’un commun accord" de sa collaboration avec la méga star portugaise Cristiano Ronaldo (lire ci-contre).

"Le conseil d'administration a autorisé une évaluation approfondie des alternatives stratégiques, ont déclaré Avram Glazer et Joel Glazer, coprésidents exécutifs du club. Nous évaluerons toutes les options pour nous assurer que nous servons au mieux nos fans et que Manchester United maximise les importantes opportunités de croissance disponibles pour le club aujourd'hui et à l'avenir."

Selon Reuters, le milliardaire britannique Jim Ratcliffe, patron du groupe chimique Ineos et investisseur dans le cyclisme (Ineos Grenadier), la F1 (33% de l’équipe Mercedes) et le football (OGC Nice) avait déjà exprimé son intérêt pour l'achat du club l’été dernier. Même l'inévitable Elon Musk a été cité comme possible repreneur.

Un club mythique

Manchester United est un des clubs les plus titrés en Europe (3 Ligues des champions, 20 fois champion d’Angleterre, entre autres). Mais il n’en finit plus d’essayer de renouer avec son prestigieux passé depuis que la famille Glazer en a pris les commandes en 2005. Cette dynastie de la côte est des États-Unis, qui a fait fortune dans l’immobilier, en contrôle la majorité des parts, le solde étant coté en Bourse de New York.

Mais elle est très critiquée par les fans qui déplorent l’absence de résultats sportifs, un peu à l’image, toutes proportions gardée de ce que reprochent les supporters du RSC Anderlecht au tandem Coucke-Vandenhaute. Le dernier titre de champion d’Angleterre remonte à 2013 et la dernière victoire en Ligue des Champions à 2008. La bisbrouille avec Ronaldo est un peu le symbole de ces errances.

Puissance érodée

Les "Red devils" comme on les surnomme, ont terminé le dernier championnat d’Angleterre à une peu glorieuse  6^e place, les privant des dizaines de millions de la Ligue des Champions. Si "ManU" reste un des clubs les plus puissants financièrement, il ne domine plus la planète foot business comme il le faisait encore il y a quelques années lorsqu’il trônait au sommet de l’étude annuelle Deloitte Football Money League qui analyse la santé financière des 20 plus grands clubs européens. Selon son édition 2022, Manchester United n’est plus "que" le 5^e club générant le plus de revenus.

À l’issue de l’exercice 2021-2022 clôturé fin juin, il a enregistré un chiffre d’affaires de 558 millions de livres (675 millions d’euros), mais a affiché une perte de 115,5 millions de livres, son dernier exercice dans le vert datant de 2018-2019. Comme pour les autres clubs, la crise sanitaire est passée par là.

L’annonce de sa mise en vente a en tout cas été bien accueille en bourse. Mercredi, le titre a bondi de 9% avant bourse à Wall Street. Sa capitalisation boursière tourne autour de 2,5 milliards de dollars environ. Loin toutefois des 4,3 milliards de dollars atteint à son sommet en 2018.