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Jonas Gerckens: "On ne fait pas de la voile pour l'argent"

Avec son nouveau bateau, Jonas Gerckens vise un top 10 dans sa catégorie (class40) à la Route du Rhum qui démarre ce dimanche. ©BenjaminSellier/Wind4Production

Initialement prévu ce dimanche, le départ de la Route du Rhum a été reporté à mardi ou mercredi, en raison de la météo. C'est donc dans quelques jours que Jonas Gerckens s'élancera depuis Saint-Malo pour sa deuxième Route du Rhum. Il vise le top 10 et a investi en conséquence dans son nouveau bateau.

Les prochaines semaines de Jonas Gerckens s'annoncent éprouvantes. Et assez silencieuses. S'il souhaite parler météo autour d'un bon plat lyophilisé, l'homme devra se contenter des poissons et dauphins en guise d'interlocuteurs. Dans quelques jours, le plus célèbre des skippers belges s'élancera avec une soixantaine d'autres participants pour la célèbre Route du Rhum, en class40 (monocoque de 12 mètres de long). La mythique course entre Saint-Malo et la Guadeloupe devrait durer entre 15 et 18 jours.

Elle aura nécessité une préparation bien plus longue. S'il a déjà pu faire ses armes sur l'épreuve en 2018 et en profiter pour décrocher le record belge avec une 14e place dans sa catégorie, pour cette édition, l'objectif est tout autre. Désormais, il a les moyens de ses ambitions.

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"La voile est de plus en plus à la mode auprès du grand public et donc des sponsors. Le côté vert et les valeurs de notre discipline sont assez tendance ces dernières années."

Jonas Gerckens
Skipper et chef d'entreprise.

Un monocoque flambant neuf

Depuis une grosse année, Jonas Gerckens est propriétaire d'un monocoque flambant neuf. De quoi viser un top 10, voire mieux. "Mais cela ne sera certainement pas simple, sourit d'emblée le skipper. On est une vingtaine à avoir cette ambition, il y aura donc forcément des déçus". Depuis sa première Route du Rhum, la concurrence a pris de l'ampleur. "Habituellement, on compte sept ou huit concurrents équipés d'un nouveau bateau. Cette année, il y en aura une trentaine sur les 55 partants de la catégorie", explique-t-il.

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Son sport a le vent en poupe. Pas seulement auprès des marins. "La voile est de plus en plus à la mode auprès du grand public et, donc, des sponsors. Avec la pandémie, ils se sont privés d'investissements durant deux ans. On sent donc qu'ils se lâchent plus", explique-t-il. "Il y a aussi un intérêt plus marqué de manière générale. Le côté vert et les valeurs de notre discipline sont assez tendance ces dernières années. On voit aussi arriver des sociétés qui investissaient dans d'autres sports avant et se tournent désormais vers la voile".

300.000
EUROS
Chaque année, Jonas Gerckens doit pouvoir compter sur un budget d'environ 300.000 euros pour financer l'amortissement de son navire, anticiper le coût des casses et payer les assurances.

Jonas Gerckens fait partie des trente chanceux équipés d'un bateau de dernière génération. "La différence se fait notamment à l'avant du voilier où un élément permettait jusqu'ici de fendre la vague. Sa nouvelle version permet de glisser par-dessus, ce qui accélère considérablement la vitesse", détaille le Liégeois.

Depuis qu'il s'est lancé à temps plein dans la navigation, c'est la première fois qu'il profite d'un nouveau bolide. Jusqu'à l'an dernier, il avait toujours navigué sur des bateaux d'occasion. L'investissement n'est pas anodin. Son voilier lui a coûté entre 650 et 750.000 euros "hors voiles, qui sont des consommables qu'on change régulièrement et qui coûtent quelques dizaines de milliers d'euros", explique-t-il.

Investisseurs privés et sponsors

Pour financer son cheval de course, Jonas Gerckens a fait appel à sa banque, mais également à des investisseurs privés qui espèrent bien récupérer plus que leur mise de départ. "Il ne s'agit donc pas de sponsoring, je dois les rembourser régulièrement avec intérêt. Le plus gros défi est donc de négocier le meilleur taux d'intérêt avec ma banque et les partenaires", relève-t-il.

L'achat de son joli monocoque ne représente toutefois qu'une partie de ses dépenses. Outre le remboursement de son prêt, le sportif doit également réunir un budget d'environ 300.000 euros chaque année. Il sert à financer l'amortissement de son navire, anticiper le coût des casses et payer les assurances. Les fonds lui sont aussi nécessaires pour payer son équipe, les inscriptions aux courses et sa préparation. "Ce budget annuel est essentiellement financé par du sponsoring", indique-t-il.

Ses principaux partenaires sont Volvo, Air Belgium, Beobank ou encore Galler. Il leur assure une série de services, dont des sorties en mer, des séminaires en entreprise et, évidemment, une jolie visibilité sur son voilier.

"Si je performe assez bien à la Route du Rhum, mon prize-money me permettra tout juste de rembourser les 14.000 euros d'inscription."

Jonas Gerckens
Skipper et chef d'entreprise

"Toutes mes dépenses et mon budget sont largement calculés à l'avance. L'objectif est de rentrer dans mes frais avant même le début des grandes courses. Ce sont des rendez-vous incontournables, mais sur lesquels je ne peux pas m'appuyer, car je pourrais très bien casser et abandonner après seulement quelques heures. Cela compromettrait alors tout le projet. Tout ce qui ressort des grandes échéances n'est donc que du bonus."

Prize-money dérisoire

Jonas Gerckens passe donc une bonne partie de son temps à chercher du financement. "J'ai ma propre société et une équipe pour m'aider à gérer tout ça. Avant d'être sportif, je suis un chef d'entreprise", sourit-il.  Pour boucler son budget, Jonas Gerckens peut également compter sur le soutien de l'Adeps qui lui offre un contrat pro.

Pas question, en revanche, de s'appuyer sur les prix remportés en course. "Si je performe assez bien à la Route du Rhum, mon prize-money me permettra tout juste de rembourser les 14.000 euros d'inscription", sourit-il.  "Mais si je finis 15e par exemple, je toucherai autour de 500 euros. Je ne vais pas me plaindre pour autant.

Dans la catégorie inférieure, je repartirais avec un sac à dos", rigole le skipper. "On ne fait clairement pas de la voile pour l'argent. Ce n'est d'ailleurs pas plus mal. Cela permet de garder une atmosphère saine dans notre sport."

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