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C'est le grand écart entre les performances des actions américaines et européennes

©REUTERS

Wall Street fait largement la course en tête. La petite Bourse belge ne démérite pas. Mais par rapport aux autres marchés européens, l’écart de return est au plus haut depuis près de 40 ans! Seul un hypothétique "rally" de fin d’année permettrait aux prévisionnistes de sauver leur bilan.

Vous l’avez sans doute entendu, et peut-être déjà vu, le sapin de Noël est arrivé sur la Grand-Place de Bruxelles. C’est le signe que la fin de l’année est proche, et, avec elle, l’heure des premiers bilans. Précisément, le bilan provisoire des prévisionnistes boursiers n’est guère reluisant. Souvenez-vous de la fin de l’année passée. Tous les stratégistes ne juraient que par les actions européennes: "Oui, l’année 2014 sera celle de la zone euro."

Plus de onze mois plus tard, il faut bien déchanter. Les actions américaines sont largement en tête du peloton. L’écart entre la performance des actions US et celle des actions européennes est même le plus large depuis 1976, soit voici près de quarante ans! C’est la firme Bank of America/Merrill Lynch qui nous révèle ce record historique.

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Alors que constatons-nous dans les faits? L’indice Standard and Poor’s 500 affiche une progression de près de 12% à Wall Street depuis le début de l’année alors que les indices européens, notamment l’Eurostoxx, sont plutôt proches de 0%. Pire pour les investisseurs américains, avec la baisse de l’euro face au dollar, cette non-performance européenne se traduit par une perte de 7% en dollars. Faites vos comptes, au total, une différence de près de 20% entre les actions américaines et les actions européennes!

Le réflexe de "flight to growth" a profité jusqu’ici aux marchés américains.

Un seul marché européen parvient en réalité à sauver la face. Et on vous le donne en mille: c’est le marché belge, dont on dit pourtant qu’il n’intéresse plus vraiment les investisseurs locaux. L’indice Bel 20 a progressé de 10,6%, emmené par des Belgacom, Delhaize et bpost dont la hausse dépasse les 30%. Cela ne suffit manifestement pas à rassurer tous les investisseurs, puisque le baromètre ING/L’Echo publié cette semaine a subi un coup de froid très automnal.

Quant au sondage de Bank of America/Merrill Lynch réalisé auprès des gestionnaires internationaux, il montre à loisir que ces gestionnaires, quelque peu échaudés, ne savent plus très bien sur quel pied danser avec les actions européennes. Ils leur préfèrent de loin les actions américaines ou japonaises.

Sans surprise, c’est d’ailleurs le péril d’une déflation européenne qui devance de loin dans la grille des risques pour 2015 celui d’une dégradation de la situation géopolitique.

En cette année 2014, les investisseurs ont manifestement adopté une attitude de "flight to growth". Et dans cette course à la croissance, les Etats-Unis ont plusieurs longueurs d’avance sur l’Europe. Les propos tenus en début de semaine par Peter Praet au "Financial Times" en disent d’ailleurs assez long sur le sentiment actuel. Le chef économiste de la Banque centrale européenne se dit inquiet par cette sorte de pessimisme de long terme pour la croissance qui s’installe dans la zone euro. "Les autorités doivent être très attentives à cela", lance-t-il. Sans le citer, notre compatriote fait sans doute là implicitement référence au "cas japonais". Un Japon qui vient une nouvelle fois de retomber en récession…

Est-ce à dire que tout est parfait du côté des Etats-Unis? Non. La banque centrale américaine reste d’ailleurs très vigilante. Un élément du dernier compte-rendu des réunions des 28 et 29 octobre de la Réserve fédérale (Fed) publié cette semaine a été peu médiatisé, mais est très évocateur du sentiment qui règne au sein des banques centrales. Au cours du mois d’octobre, les marchés des actions et des obligations ont subi plusieurs sérieuses secousses. Mais après avoir évalué cette volatilité des marchés et les peurs renouvelées d’une déflation en Europe, la Fed a évité d’en parler dans son communiqué final. Inutile d’agiter le chiffon rouge, a-t-on jugé à Washington. Car parler de la volatilité des marchés en ce mois d’octobre aurait pu suggérer que la banque centrale était particulièrement inquiète, ce qui aurait pu encore accroître la nervosité des investisseurs ou faire croire que la Fed interviendrait à coup sûr en cas de nouvelles secousses.

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Quoi qu’il en soit, les marchés, comme drogués, restent plus que jamais sous l’influence des banques centrales. La démonstration en a encore été donnée vendredi après la baisse des taux de la banque centrale de Chine et les propos de Mario Draghi. De quoi permettre aux marchés européens d’enjoliver un peu leur bilan 2014 (+ 1% à + 3%). À la faveur d’un dernier sursaut, les marchés boursiers pourraient-ils finalement sauver le piètre bulletin des prévisionnistes?

[Suivez Marc Lambrechts sur Twitter en cliquant ici]

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