Les marchés en déroute, la Réserve fédérale au pied du mur
Lundi rouge vif sur les marchés financiers. Les investisseurs craignent que la Fed doive agir en urgence. Voire annoncer des baisses plus importantes que prévu.
Exit Boucles d’or? Les marchés financiers sont violemment sortis de leur torpeur estivale ces derniers jours après la publication de mauvais indicateurs macroéconomiques aux États-Unis. En proie au doute, les investisseurs se demandent désormais si leurs espoirs dans un léger ralentissement ("soft landing" en anglais) de la croissance ne sont pas pures illusions.
"Le sentiment [de marché] a radicalement changé en un mois."
Ce changement d'état d'esprit provoque un raz de marée rouge vif sur les marchés boursiers. Sur le Vieux Continent, l'indice phare Stoxx Europe 600 - qui regroupe les plus importantes sociétés cotées des deux côtés de la Manche - a perdu plus de 2%. Les valeurs cycliques ont été, sans surprise, les plus attaquées: le secteur de l'énergie a terminé dans le bas du classement (-3,46%), suivi par les compartiments de l'immobilier (-3,14%) et des matières premières (-2,59%).
"Le sentiment a radicalement changé en un mois. Nous sommes passés d'une confiance élevée, d'une concentration record d'actions et d'une quasi-absence de baisse des taux aux États-Unis, à un marché qui prévoit désormais cinq baisses de taux d'ici à la fin de l'année aux États-Unis et une chute des marchés d'actions au Japon", constatent les experts de Saxo Bank.
Krach historique des actions japonaises
À la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei 225 a dégringolé de 12,4%. Du jamais vu depuis le krach boursier du 20 octobre 1987. Outre le contexte macroéconomique, la hausse surprise du taux directeur de la Banque du Japon (BoJ), annoncée mercredi dernier, fait fuir les investisseurs internationaux, qui avaient largement profité de la faiblesse du yen ces derniers mois.
À Wall Street, les trois grands indices actions ont également souffert. Le Dow Jones évolue en baisse de 1,97%, le S&P 500 de 2,36% et le Nasdaq de 2,65%.
Mais la panique ne s'arrête pas aux marchés boursiers. La plupart des prix de matières premières ont également été sous pression, comme les prix pétroliers. Le Brent de la mer du Nord a reculé d'environ 1% pour retomber à près de 76 dollars le baril. Soit son plus bas niveau depuis début janvier. Côté cryptomonnaies, le bitcoin a également été malmené, décrochant de plus de 10% avant de limiter ses pertes.
Les investisseurs se sont rués sur les obligations d'État, ce qui a temporairement pesé sur les rendements obligataires. Le taux américain à 10 ans a cédé jusqu'à 10 points de base avant de revenir vers les 3,81%. Son équivalent allemand a suivi la même trajectoire, se stabilisant autour de 2,18%.
Récession?
Tout a commencé avec la publication, jeudi, de l'indice ISM manufacturier aux États-Unis. Celui-ci est tombé à un creux de huit mois, à 46,8, dans un contexte de baisse des nouvelles commandes. Mais l'étincelle qui a mis le feu aux poudres sur les marchés financiers est le mauvais rapport sur l'emploi américain, publié vendredi, qui a fait craindre un ralentissement plus marqué que prévu de l'économie américaine. Obligeant les économistes à revoir leurs scénarios à court terme.
"Nous avons augmenté notre probabilité de récession sur 12 mois de 10 points de pourcentage, à 25%."
"Nous avons augmenté notre probabilité de récession sur 12 mois de 10 points de pourcentage, à 25%", écrivent les analystes de Goldman Sachs dans une note.
Ils s'attendent à des baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) d'un quart de point en septembre, novembre et décembre. Mais d'autres experts prévoient désormais des baisses plus importantes, de 50 points de base. À moins que la banque centrale agisse en urgence dès cet été.
Les plus lus
- 1 Fabien Pinckaers (CEO d'Odoo): "80 développeurs sortent de l'UCLouvain chaque année. Si je pouvais, j'en engagerais 400"
- 2 L'instabilité des berges du canal précipite la chute du musée Mima
- 3 Les créations d'emplois aux États-Unis pulvérisent les attentes
- 4 Un marché public de 48.000 bonnets pour bpost suspendu
- 5 L'Iran "ne reculera pas", Israël prépare sa riposte