Les taux d'intérêt directeurs de la BCE devraient être abaissés en septembre
La Banque centrale européenne (BCE) a tenu sa réunion ce jeudi. Comme prévu, elle n’a rien modifié. Mais les propos contenus dans son communiqué ouvrent cette fois la porte à une baisse de ses taux directeurs. Probablement lors de la prochaine réunion le 12 septembre.
Attendions-nous à de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire de la part de la Banque centrale européenne (BCE) lors de sa réunion de ce jeudi? Pas vraiment. De fait, la BCE a maintenu ses taux directeurs inchangés. Aucune mesure n’a donc été adoptée. "C’est parce que les responsables monétaires veulent se donner le temps de la réflexion d’ici la prochaine réunion qui se déroulera le 12 septembre", dixit Mario Draghi, le président de la BCE, lors de la conférence de presse.
EDITO | Des marchés en mode irrationnel
Communication affinée
Pour autant, quelque chose a bien changé par rapport au communiqué publié à l’issue de la précédente réunion. C’est au niveau du langage qui s’est quelque peu affiné sur le plan de l’évolution future des taux d’intérêt directeurs, que cela est perceptible. Le communiqué publié cette fois par l’institution financière basée à Francfort indique que "le Conseil des gouverneurs s’attend à ce que les taux directeurs de la BCE restent à leur niveau actuel ou plus bas au moins jusqu’au premier semestre de 2020, et en tout état de cause aussi longtemps que nécessaire pour assurer la poursuite d’une convergence soutenue de l’inflation vers son objectif à moyen terme".
"Si la BCE n’a rien modifié jeudi, c’est parce qu’elle veut se donner le temps de la réflexion d’ici la prochaine réunion."
Pour Bernard Keppenne, chef économiste auprès de CBC Banque, "l’important dans ce message est évidemment l’expression ‘plus bas’ qui ouvre la porte à une baisse du taux des dépôts fixés depuis 2016 à -0,40%". Cette baisse, entrevoit l’économiste, devrait avoir lieu en septembre.
Toujours selon le communiqué, le Conseil a en outre "demandé aux comités de l’Eurosystème concernés d’étudier les options, y compris les moyens de renforcer la communication avancée sur les taux directeurs, les mesures d’atténuation comme la conception d’un système modulé de rémunération des réserves, et les options sur la taille et la composition de nouveaux achats nets d’actifs potentiels". En clair, "cela signifie que la BCE se donne la possibilité de réactiver son programme de rachats d’actifs financiers", explique Bernard Keppenne.
Appel à la politique budgétaire
La Banque centrale européenne (BCE) a déclaré ce jeudi n’avoir "aucune objection" à ce que Christine Lagarde assume sa présidence, jugeant qu’elle avait l’expérience requise pour le poste. "Le Conseil des gouverneurs n’a aucune objection à formuler à la candidate proposée, Christine Lagarde, qui est une personne dont l’expérience et la compétence sont reconnues sur les questions monétaires et bancaires", a déclaré la BCE.
Cette annonce représente une étape officielle vers sa nomination par les gouvernements de la zone euro. Elle pourrait alors remplacer Mario Draghi le 1er novembre. "Christine Lagarde sera une présidente exceptionnelle de la BCE", a commenté Mario Draghi lors de la conférence de presse, ajoutant que, "comme à la BCE, les décisions du Fonds monétaire international (FMI) se prennent de façon collégiale, sur la base de concertation entre les services".
Quant à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il accepterait le poste de président du FMI si on le lui proposait, Mario Draghi a répondu par la négative. "Mon emploi du temps ne me le permettra pas", a-t-il répondu, sans donner de précisions sur la suite de sa carrière professionnelle.
Lors de la conférence de presse, Mario Draghi a justifié le choix des propos contenus dans le communiqué. "Les risques entourant les perspectives de croissance de la zone euro demeurent orientés à la baisse, reflétant la présence prolongée d’incertitudes liées aux facteurs géopolitiques, à la menace croissante du protectionnisme et aux vulnérabilités des marchés émergents." À suivre les derniers indicateurs économiques disponibles et les données d’enquêtes, la croissance devrait être légèrement plus faible au 2e et 3e trimestre de cette année, estime le président de la BCE.
Sur le chapitre de l’inflation, Mario Draghi a précisé que les pressions restent atténuées, tandis que les anticipations ont régressé "Mais elles pourraient se raffermir en fin d’année." Au cas où le ralentissement devait se confirmer, Mario Draghi a encore dit qu’"il faudra dans certains pays, voire dans l’ensemble de la zone euro, un gros effort des pouvoirs publics. C’est la politique budgétaire qui doit monter en première ligne".
Sur les marchés financiers, les investisseurs ne savaient pas trop bien comment réagir. Les cours des actions bancaires, des obligations souveraines et de l’euro ont fait preuve d’une forte indécision. En fin de journée, l’euro qui était tombé jusqu’à 1,11 dollar au milieu de l’après-midi, est revenu à 1,116 dollar.
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