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Malgré les turbulences boursières, la Fed pourrait attendre

Jerome Powell, le président de la Fed, se montrera-t-il à l'écoute des marchés lors du symposium annuel de Jackson Hole, fin août? Ce sera l'un des prochains grands rendez-vous à surveiller. ©Getty Images via AFP

Même si la probabilité d'une intervention en urgence de la Fed pour calmer les marchés a augmenté, le scénario d'une intervention en septembre tient la corde.

Après la débâcle boursière de lundi, tous les regards se tournent vers la Réserve fédérale. La Fed, qui a maintenu ses taux directeurs à un niveau élevé fin juillet, est accusée d'avoir manqué de vision et d'être désormais à la traîne par rapport au ralentissement de la croissance économique aux États-Unis. Le dernier rapport mensuel sur l'emploi américain semble indiquer que la première économie mondiale s'oriente vers un ralentissement plus brutal qu'estimé, avec un risque accru de récession à la clé.

"La Fed réalise à présent qu'elle a fait une erreur, elle a attendu trop longtemps pour passer à l'action", a déclaré l'économiste Campbell Harvey, professeur de finance à l'université Duke, à l'agence Bloomberg. Les investisseurs parient dorénavant sur une baisse des taux d'intérêt directeurs des États-Unis de 50 points de base (0,5 point de pourcentage) en septembre, suivie d'autres assouplissements monétaires en novembre et décembre, le tout devant ramener le taux des fonds fédéraux 100 points de base plus bas qu'aujourd'hui.

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15%
Chances d'intervention
D'après les marchés, il y a 15% de chances de voir la Fed intervenir avant sa réunion de la mi-septembre.

Certains estiment même, à l'instar de l'économiste Philippe Gijsels (BNP Paribas Fortis), que la banque centrale américaine pourrait devoir intervenir en urgence, avant sa prochaine réunion. Les positions des investisseurs sur le marché des contrats à terme sur les taux d'intérêt laissent entrevoir une probabilité d'environ 15% d'une intervention de la Fed avant la mi-septembre. Mais parmi les membres du FOMC (Federal open market committee), l'organe décisionnel de la banque centrale, des voix se sont élevées pour repousser cette hypothèse.

L'attentisme est privilégié

"Les chiffres de l'emploi sont ressortis plus faibles qu'attendu mais ne sont pas encore le signe d'une récession", a déclaré Austan Goolsbee, président de la Fed de Chicago, dans une interview à CNBC, lundi soir. "Je ne pense pas qu'il faille anticiper la direction que prendra l'économie pour prendre les décisions" de politique monétaire, a-t-il ajouté. Alors que ce banquier central est catalogué comme une "colombe", soit un partisan d'un plus grand interventionnisme de la Fed, il attend donc d'avoir davantage de données économiques avant la prochaine réunion de politique monétaire pour se prononcer sur une éventuelle baisse de taux.

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"La Fed est prête à faire ce dont l'économie aura besoin quand nous serons certains de ce dont il s'agit, et il y a beaucoup d'informations qui seront publiées avant notre prochaine réunion."

Mary Daly
Présidente de la Fed de San Francisco

Mary Daly, présidente de la Fed de San Francisco, semble, elle aussi, pencher pour l'attentisme. "Des ajustements de la politique monétaire seront nécessaires dans les trimestres à venir", a-t-elle reconnu lors d'une conférence, dans la nuit de lundi à mardi. Mais "la Réserve fédérale est prête à faire ce dont l'économie aura besoin quand nous serons certains de ce dont il s'agit, et il y a beaucoup plus d'éléments d'informations qui seront publiés entre maintenant et notre prochaine réunion", a-t-elle nuancé.

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Les déclarations de ces deux membres de la Fed ont provoqué un léger tassement des anticipations de baisses des taux directeurs américains parmi les investisseurs. Les économistes d'Amundi se montrent prudents au sujet des attentes d'assouplissement monétaire. "Les bilans des entreprises et des ménages sont suffisamment solides pour que le ralentissement économique ait lieu de manière ordonnée, estiment-ils. Par conséquent, nous prévoyons trois baisses de taux de 25 points de base aux États-Unis en tant que principal scénario."

Prochaines statistiques à surveiller

Pour les économistes d'ING, la banque centrale américaine peut se permettre d'attendre. "Certains affirment que la dynamique s'essouffle et que la préoccupation de la Fed passe de l'inflation à l'emploi, mais, à moins d'une tension dans le système financier, nous ne voyons pas la nécessité d'une intervention imminente et la Fed peut en effet attendre de voir les nouvelles données avant de décider que faire lors de la réunion du FOMC de septembre", indiquent ces économistes, qui jugent que les anticipations des marchés au sujet de la baisse des taux sont exagérées.

"Le rapport sur l'emploi d'août sera probablement l'élément déterminant de la trajectoire de baisse des taux."

Michael Strobaek et Nannette Hechler-Fayd'herbe
Responsables de l'investissement chez Lombard Odier
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Parmi les statistiques qui retiendront le plus l'attention dans les prochaines semaines, les chiffres du marché du travail du mois en cours seront à suivre de près. "Le rapport sur les emplois non agricoles du mois d'août, qui sera publié avant la réunion de septembre de la Fed, sera probablement l'élément déterminant de la trajectoire de baisse des taux", estiment Michael Strobaek et Nannette Hechler-Fayd'herbe, responsables de l'investissement chez Lombard Odier.

Ces données seront publiées le 6 septembre. Entre-temps, d'autres événements (voir encadré) retiendront l'attention des investisseurs... et de la Fed.

Les événements à tenir à l'œil dans les prochaines semaines

Dans les jours à venir, les marchés fluctueront au gré de nombreuses informations économiques. Les plus importantes seront les statistiques sur l'inflation, notamment l'inflation PCE, mesure préférée de la Fed, le rapport mensuel sur l'emploi aux USA, les discours des banquiers centraux à Jackson Hole, ou encore les résultats du géant technologique américain Nvidia.

Voici une liste non exhaustive des événements que les investisseurs suivront de très près prochainement (N.B. : quand l'heure est précisée, il s'agit de l'heure belge):

  • 14 août (14h30): inflation aux États-Unis en juillet
  • 22 au 24 août: symposium des banquiers centraux à Jackson Hole
  • 28 août (après clôture de Wall Street): résultats trimestriels de Nvidia
  • 30 août (14h30): inflation PCE (personal consumption expenditures) en juillet aux USA
  • 3 septembre (16h): ISM manufacturier d'août aux États-Unis
  • 5 septembre (16h): ISM des services d'août aux États-Unis
  • 6 septembre (14h30): emploi américain au mois d'août
  • 12 septembre 2024 (14h15): décision de la Banque centrale européenne (BCE), conférence de presse de Christine Lagarde à 14h45
  • 18 septembre (20h): décision de la Réserve fédérale (Fed), conférence de presse de Jerome Powell à 20h30
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Le résumé
  • La Réserve fédérale est accusée d'être en retard sur le ralentissement économique aux USA.
  • Certains pensent qu'en conséquence, la banque centrale américaine devra intervenir en urgence avant sa réunion de septembre.
  • Deux membres de la Fed ont laissé entendre qu'ils préféraient attendre d'obtenir de nouvelles données.
  • Selon plusieurs économistes, la Fed peut se permettre de rester patiente.
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