Un ton plus ferme pour la BCE?
Les analystes ne s'attendent pas à ce que la Banque centrale européenne hausse prochainement son taux directeur.
La Banque centrale européenne (BCE) devrait afficher un ton plus ferme jeudi face à l'inflation mais les analystes n'attendent pas une hausse imminente de son principal taux directeur. Lundi, l'économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark a assuré que l'institution monétaire agirait "rapidement et de manière décisive" si l'objectif de la BCE d'une inflation proche mais inférieure à 2% à moyen terme dans la zone euro s'avérait compromis.
Or l'inflation en zone euro a atteint 2,4% en janvier, après 2,2% en décembre, en raison notamment de la hausse des prix de l'énergie qui, avec le soulèvement en Libye, ont encore renchéri. Le chiffre pour février est attendu lundi.
La déclaration de M. Stark a alimenté les spéculations sur une hausse du taux de son taux directeur, qui stationne à 1% depuis mai 2009, dès la réunion de jeudi du Conseil des gouverneurs de la BCE à son siège de Francfort, poussant l'euro à la hausse. Mais si le président de l'institution monétaire Jean-Claude Trichet devrait adopter "un ton plus belliqueux (...) il ne devrait pas préparer le terrain à une hausse imminente des taux" qui risquerait de "faire retomber dans la récession" les pays les plus fragiles de la région, estime l'économiste de Capital Economics Ben May.
En effet, si la croissance de l'activité privée dans la zone euro a encore accéléré en février, atteignant son plus haut niveau depuis près de cinq ans, selon l'indice PMI publié lundi, elle reste encore inégale selon les pays.
M. Trichet pourrait en revanche annoncer des changements dans la politique de prêts illimités aux banques, dont certaines sont devenues dépendantes de la BCE, exigeant des garanties plus importantes ou en excluant certaines par exemple, selon les économistes de RBS. Il pourrait aussi laisser entendre la fin des opérations de prêt sur trois mois qui avait été prolongées en décembre pour un trimestre. Le président de la BCE a signifié à plusieurs reprises que la BCE pouvait mettre fin à ces mesures "non-conventionnelles" avant d'augmenter ses taux, et que les deux démarches n'étaient pas liées dans le temps.
Les analystes de RBS n'attendent pas de mouvement sur les taux avant le troisième trimestre 2011, "très probablement en septembre". Ils tablent en revanche sur une révision à la hausse des prévisions d'inflation de la BCE. Elles pourraient passer selon eux de 1,8 à 2,1% pour 2011 et de 1,5 à 1,7% pour 2012.
Pourtant, la masse monétaire M3, un agrégat qui sert à la BCE à déceler des menaces inflationnistes à moyen terme, a progressé de 1,5% en janvier sur un an, soit bien moins qu'attendu par les analystes.
Pour Michael Schubert de Commerzbank, ce chiffre, publié vendredi, "confirme l'évaluation récente de la BCE selon laquelle les pressions inflationnistes à moyen terme restent contenues".
La BCE devrait annoncer la poursuite de son programme de rachat d'obligations publiques entamée au printemps 2010 pendant la crise de la dette grecque, malgré sa répugnance affichée à le faire.
Elle réclame de voir le Fonds de soutien européen (FESF) jouer ce rôle à sa place mais ses appels, couplés à ceux de la Commission européenne, se heurtent pour l'instant à l'opposition de l'Allemagne, première économie de la zone, où vendredi, un collectif de près de 200 économistes, a affirmé ne voir pas d'alternative à une restructuration de la dette de certains Etats.
L'institution monétaire doit aussi actualiser ses prévisions de croissance et pourrait annoncer attendre +1,8% pour 2011 et 2012, contre 1,7 et 1,5% respectivement attendus jusqu'ici.
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