Après la débâcle de la tech en bourse, l’heure est-elle venue de "buy the dip"?

La "tech" a connu quelques semaines bien difficiles en bourse. Ainsi, l’indice technologique américain Nasdaq 100 a perdu près de 11% sur un mois, alors que, dans le même temps, l’indice élargi S&P 500 a cédé 6%. Une tendance qui a, d’ailleurs, traversé l’Atlantique, le Stoxx 600 Technology Index ayant chuté d'environ 13% sur la période, contre une baisse de 5% pour l’indice paneuropéen Stoxx 600.

Il faut dire que de multiples vents contraires soufflent sur l’industrie technologique ces dernières semaines. Les investisseurs délaissent notamment les grands gagnants boursiers d’hier, alors que les doutes quant aux retombées de l’intelligence artificielle se multiplient. De quoi plomber certains champions continentaux et véritables chouchous des investisseurs ces dernières années, comme Nvidia et ASML , qui ont perdu plus de 20% en l'espace d'un mois à peine.

Du côté des analystes, on pense toutefois que cela pourrait représenter une opportunité pour les investisseurs de faire quelques bonnes affaires de part et d’autre de l’Atlantique, des voix s’élevant désormais pour recommander de "buy the dip".

Valorisations attrayantes en Europe

C’est le cas de Barclays et Deutsche Bank qui ont tous deux relevé leurs recommandations sur la technologie européenne à la suite de la correction des dernières semaines.

Ainsi, pour Emmanuel Cau, stratège chez Barclays, la sous-performance significative des semi-conducteurs européens en bourse a laissé la trajectoire des actions en dessous de la dynamique des bénéfices. L’occasion pour l'analyste de saluer ASML, qui devrait profiter des robustes dépenses d'investissement liées à l'IA, mais aussi les entreprises de logiciels, ces dernières offrant une alternative de "qualité et défensive" au sein du portefeuille technologique.

Un sentiment partagé par la troupe de Maximilian Uleer, chez Deutsche Bank. Ce dernier mentionne des "opportunités d'achat sélectives", car le positionnement dans la technologie, bien que toujours élevé, "n'est plus excessif, et encore moins en Europe par rapport aux États-Unis".

"Après la chute brutale des valeurs technologiques, la valorisation du secteur commence à redevenir plus attrayante", note ainsi la maison de courtage.

"Formidable opportunité"

Si pour certains les positions demeurent élevées outre-Atlantique, Piper Sandler pense toutefois y avoir aussi repéré quelques bons coups. Selon le broker, la récente débâcle de la tech offrirait une "formidable opportunité" d’investir dans la star des marchés Nvidia , mais aussi dans son concurrent Advanced Micro Devices .

L’analyste Harsh Kumar conseille ainsi aux investisseurs de "passer outre le récent ralentissement du marché étant donné le leadership des produits et le positionnement sur le marché d'AMD et de [Nvidia]".

Il s'intéresse, tout d'abord, au groupe de Jensen Huang, qui a aussi été plombé par les craintes autour des retards de livraison potentiels de sa nouvelle gamme de puces Blackwell. Or, selon Kumar, il n’y aura pas "d’impact significatif" sur Nvidia, alors que les retards devraient au final être limités. "Fondamentalement, [Nvidia] reste l'acteur le plus puissant dans l'espace des accélérateurs d'IA avec une part estimée à 80 % du marché libre d'ici à 2028."

En ce qui concerne AMD, Piper Sandler considère que le groupe des semi-conducteurs sera parfaitement placé pour profiter des déboires potentiels de Nvidia en ce qui concerne ses puces Blackwell, mais aussi des difficultés de son autre rival Intel , à qui il pourrait chiper des parts de marché.

Nervosité

Soulignons également que l'enthousiasme de l'analyste pour les deux groupes est partagé par une ribambelle d'experts à Wall Street. Ainsi, Rhys Williams, chez Wayve Capital Management, note que la dernière saison des résultats laisse présager un bel avenir pour Nvidia. De fait, Microsoft, Alphabet, Meta et Amazon, qui représentent ensemble plus de 40% du chiffre d'affaires du groupe, ont tous confirmé qu'ils continueraient d'investir dans l'infrastructure IA. Des commentaires positifs pour le géant des semi-conducteurs, perçu comme le principal bénéficiaire des dépenses liées à la technologie. "Personne n'a réduit les chiffres et dit que les choses ne fonctionnent pas avec l'IA. C'est juste que les gens sont très nerveux."

Du côté de chez Srini Pajjuri, analyste chez Raymond James, on ne voit toutefois pas le sort boursier du géant technologique s'améliorer tout de suite, alors qu'il ne devrait pas y avoir de catalyseurs pour l'action avant la publication de ses résultats, à la fin du mois d'août.