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interview

Joseph Pinto (M&G Investments): "Les obligations non cotées sont promises à une forte croissance"

Joseph Pinto, CEO de M&G Investments: "Notre cotation en bourse me rappelle que nous devons continuellement créer de la valeur".

"Nous voyons le marché des obligations non cotées croître fortement, en particulier en Europe", souligne Joseph Pinto, CEO de la firme britannique M&G Investments.

Avec près de 3 milliards d’euros d’investisseurs belges sous gestion, la firme britannique M&G Investments est un acteur étranger majeur sur notre marché des fonds. Le groupe, qui gère au total 368 milliards d’euros, est connu dans notre pays, entre autres, pour son très prisé fonds mixte M&G Dynamic Allocation.

Le groupe se distingue aussi de la plupart des autres gestionnaires d’actifs par le fait que sa société mère, M&G, dans laquelle sont également logées les activités d’assurance du groupe, est cotée. "Cette cotation exige une plus grande vigilance, car vous êtes constamment surveillé. Cela vous rappelle que vous devez constamment créer de la valeur", épingle Joseph Pinto.

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"L’IA nous aide à traduire les fiches des fonds en plusieurs langues."

Joseph Pinto
CEO M&G Investments

Cela s’est également vérifié début juillet, à l’annonce du départ du responsable obligataire du groupe, Jim Leaviss, après 27 ans de service. Cette figure du secteur des fonds a fait de M&G Investments l’un des plus grands investisseurs obligataires d’Europe. "C’est évidemment une perte, mais c’est un choix personnel que nous devons respecter. Mais je suis persuadé que nous surmonterons ce départ."

Et Joseph Pinto de pointer l’équipe stable constituée autour de Jim Leaviss. "Nombre de nos gérants obligataires sont chez M&G depuis le début de leur carrière. Ces longues carrières sont une constante au sein du groupe et garantissent le maintien de notre culture d’entreprise", estime le CEO de la firme.

Sur le marché des fonds, on assiste à un boom des solutions d’investissement passif, qui suivent un indice. Que pense l’investisseur actif que vous êtes de cette évolution?

Selon moi, la gestion active et la gestion passive ont toutes deux leur place, mais la première doit prouver sa valeur ajoutée. Une étude récente (menée par Ignites, NDLR) montre que M&G est l’un des gestionnaires d’actifs les plus performants en Europe. Quoi qu’il en soit, nous sommes et resterons un gestionnaire actif. Nous n’avons aucun projet en matière de gestion passive. La popularité croissante des solutions passives a toutefois pour conséquence que les gestionnaires actifs sont contraints de réduire les frais de leurs fonds. Notre firme doit donc également accorder plus d’attention aux coûts d’exploitation et à la rentabilité.

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Dans quelle mesure la digitalisation croissante vous aide-t-elle à réduire vos coûts d’exploitation?

Il est clair qu’une telle numérisation améliore l’efficacité, tout au long de la chaîne de valeur de l’industrie des fonds. Ne fût-ce que pour la création de documents de fonds dans différentes langues, la technologie et l’intelligence artificielle peuvent être d’un grand secours. Cela vise aussi la chaîne de distribution entre le gestionnaire d’actifs et le client final. Des technologies telles que la blockchain, où un jeton numérique contient toutes les informations sur un fonds, peuvent fortement simplifier la distribution. Cette technologie conduit à plus de transparence et permet d’acheter des fonds moins chers et plus rapidement. L’accès au marché des fonds devient ainsi plus facile.

"Notre objectif n’est pas tant la taille que l’ajout d’expertise là où nous n’avons pas ou peu de présence."

Joseph Pinto

L’attention portée aux frais pousse à la consolidation du secteur. Envisagez-vous un rachat pour continuer à croître?

Bien sûr, nous observons le marché. Mais un rachat doit s’appuyer sur des cultures d’entreprise similaires. C’est un secteur très dépendant des personnes. Si des collaborateurs partent parce qu’une fusion ne fonctionne pas, de l’expérience se perd. Une acquisition ne peut se faire que si les deux parties sont d’accord et si elle crée une valeur ajoutée. En outre, notre objectif n’est pas tant la taille que l’ajout d’expertise là où nous n’avons pas ou peu de présence. L’acquisition de boutiques spécialisées dans un créneau particulier peut s’avérer précieuse, car nous pouvons utiliser notre réseau de distribution mondial. Enfin, je vois également de nombreuses opportunités dans la coopération entre notre division gestion d’actifs et la division assurance du groupe. Cela offre un avantage concurrentiel et crée également des synergies.

Vous vous intéressez notamment aux titres non cotés, actions (private equity) comme obligations (private debt). Quelle est leur importance aujourd’hui?

Le capital-investissement et la dette privée ont leur place dans un portefeuille diversifié. Ces types d’investissements étaient auparavant réservés aux investisseurs professionnels, mais ils sont de plus en plus accessibles aux investisseurs particuliers.

"Nous voyons de nombreuses opportunités de croissance pour la dette privée, surtout maintenant que les banques se retirent de ce segment."

Joseph Pinto

L’ELTIF — un fonds européen à long terme qui investit dans des titres non cotés — est un bon exemple de la démocratisation du private equity et de la dette privée. Sa version révisée, ELTIF 2.0, répond à un certain nombre de préoccupations des investisseurs concernant la liquidité, le dépôt minimum, etc. Un ELTIF 2.0 qui investit dans la dette privée fait déjà partie de notre offre aujourd’hui. Nous voyons de nombreuses opportunités de croissance pour la dette privée, surtout maintenant que les banques se retirent de ce segment. En tant que l’un des plus grands prêteurs européens, nous sommes très bien placés pour exploiter ces possibilités.

En quoi voulez-vous vous distinguer des concurrents?

En tant que gestionnaire actif, nous cherchons à créer de la valeur ajoutée pour nos clients. Il s’agit donc de déterminer les domaines où nous pouvons y arriver. Un gestionnaire sait, par exemple, qu’il est plus difficile de créer de la valeur avec un fonds d’actions américaines parce que ce marché est très efficient. Dans le segment des titres non cotés, par exemple, c’est différent: un gestionnaire peut plus facilement y créer de la valeur.

"Les ETF actifs conviennent très bien pour les fonds 'quant' et les fonds dits 'enhanced'."

Joseph Pinto

Nous accordons également beaucoup d’importance à la recherche et à l’analyse. Notre équipe d’analystes très complète entretient également des liens étroits avec les gestionnaires de fonds. Forts de notre culture d’entreprise, nous parvenons également à garder les talents à bord. La plupart des gestionnaires de fonds ont une longue expérience chez M&G. Cela renforce notre crédibilité auprès de nos clients, ce qui se reflète aussi dans les chiffres et les rendements.

Vous voulez rester un gestionnaire actif. Mais envisagez-vous aussi des solutions telles que les ETF actifs, c’est-à-dire des fonds actifs sous forme d’ETF?

Oui, nous y réfléchissons et nous les lancerons en temps voulu. Pour l’instant, je pense qu’ils conviennent très bien pour les fonds "quant" (fonds composés sur la base de modèles mathématiques, NDLR) et les fonds dits "enhanced" (fonds qui prennent un indice comme base de leur composition, mais y appliquent leurs propres accents, NDLR).

BIO

Joseph Pinto

  • Né en 1969.
  • Depuis 2023, CEO de M&G Investments.
  • Auparavant, notamment responsable des solutions d’investissement chez Natixis Investment Managers et directeur opérationnel chez AXA Investment Managers.
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