"Short selling": les bienfaits du prédateur
En l'espace de quelques jours, l'action Gowex cible du "short seller" Gotham City s'est écrasée en Bourse. A juste titre: les comptes du spécialiste du Wi-Fi gratuit dans les centres urbains ont été falsifiés au cours des quatre dernières années.
Dans le monde de la Bourse, les “short sellers”, font l’unanimité contre eux. Ces vendeurs à découvert qui parient sur la chute d’une action sont honnis par la communauté financière qui les considèrent comme des charognards cupides et sans scrupules. Demandez aux actionnaires de Thrombogenics ce qu’ils en pensent….
Et si, tout compte fait, ces investisseurs à contre-courant accusés d’avoir amplifié la crise financière en se régalant d’entreprises implosées par la défenestration de leur cours de Bourse n’étaient pas si toxiques que cela. Et si, osons forcer le trait, elles constituaient même un acteur indispensable dans un éco-système où tous les autres intervenants ont soit failli à leur mission, soit ont été aveuglés par l’argent (trop) facile d’une " succes story " hypnotique.
C’est ce que laisse à penser l’explosion de la société espagnole Let's Gowex frappée en pleine gloire par une étude assassine de la société Gotham City Research, un obscur " short-seller " conseiller en placement.
Dans une étude de 90 pages, Gotham démontre que la belle aventure de Let’s Gowex- l’installation de Wi-Fi gratuit dans les centre urbains- n’est en fait qu’une baudruche gonflée artificiellement à tel point que l’action ne vaudrait plus un maravedi. Ce qui, depuis les aveux de ce week-end du président du conseil d’administration Jenara Garcia qui a reconnu que les comptes avaient été falsifiés au cours des quatre dernières années au moins et la demande de protection de la loi sur les faillites est bien ce qui est en train de se passer. Let’s Go Down….
I made the deposition and confession. I want to collaborate with the justice. I face the consecuencies.— Jenaro Garcia (@jero_net) 6 Juillet 2014
RIP Gowex donc ainsi que les rêves de ses petits actionnaires.
Gotham City est-il le diable ? A-t-il torpillé une belle entreprise ? Non. Ce " short seller " a fait œuvre utile. Il faut bien le reconnaître; Il a accompli, à leur place, le travail que ni les cinq analystes qui suivaient la valeur (dont quatre étaient à l’achat), ni le commissaire aux comptes, ni les autorités financières et encore moins les actionnaires ont été capables de faire.
Tout comme dans le cas de Thrombogenics, d’ailleurs où, dès juillet 2013, dans l’euphorie générale, un broker évoquait un objectif de cours de 8,5 euros au moment où l’action valait 31 euros. Moins d’un an plus tard, les faits lui ont donné raison, à lui aussi….
En début d’après-midi, Gotham a publié un communiqué pour réagir aux aveux du CEO de Gowex. L’occasion pour cette société de briser une lance en faveur des short-sellers et de tenter de redorer l’image de ces investisseurs un peu particuliers.
En voici un court extrait (la traduction est de mon fait) :
Les intervenants du marchés, les médias et les régulateurs devraient se focaliser sur la validité du message délivré par le short-seller plutôt que de tirer sur le messager. Sans doute les régulateurs devraient-ils aussi enquêter davantage sur les entreprises et les CEO qui bénéficient de la diffusion de mensonges plutôt que sur les vendeurs à découvert qui tentent de les mettre à jour.
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