Un référendum... What else, Georges?
Reconnaissons à Georges Panpandréou un art consommé du rebondissement. Si sa brillante idée du référendum précipite sa mise à la retraite, il pourra toujours mettre ce talent au service des scénaristes d’Hollywood.
Avec cette annonce, il a pris tout le monde de court. En premier lieu, les pompiers en chef de la crise de l’euro, le couple Merkozy. Mais également tous ceux qui, depuis des mois, se creusent le cervelet, affolent leur calculettes et passent des nuits blanches pour concocter le plan de sauvetage d'une pays au bord de la faillite.
Et quand, au terme de palabres incessantes et d’une enfilade de sommets, on pense enfin avoir touché le but, quand les marchés se remettent à rêver de jours meilleurs, quand Nicolas Sarkozy s’apprête à dérouler le tapis rouge cannois du G20, auréolé de sa stature de co-sauveur de l’euro, Panpandréou nous donne sa petite leçon de démocratie. Une spécialité locale qui s’est assez bien exportée, cela dit.
Alors qu’est-ce qui a bien pu pousser le Premier ministre grec à dynamiter le timide renouveau de confiance qui pointait le bout de son nez dans la zone euro en lançant l’idée d’une consultation populaire ?
Trois hypothèses circulaient mercredi. Les voici de la plus surprenante à la plus vraisemblable.
-->Cette décision ne serait pas étrangère au limogeage de tout l’Etat-major de l’armée grecque. Ce dernier aurait-il manifesté son irritation face aux plans de rigueur imposés par le gouvernement Papandréou. Un tour de vis qui frappe de plein fouet ces fonctionnaires que sont les militaires.
-->Selon certains observateurs, l’idée de référendum serait un gros coup de bluff du Premier ministre pour revoir le plan de sauvetage au bénéfice de la Grèce. Le timing aurait été soigneusement choisi, juste 48 heures avant l’ouverture du G20, pour mettre une pression maximale sur la communauté internationale.
-->Enfin, et je penche plutôt pour cette hypothèse, Papandréou ne veut pas porter seul le poids de la rigueur qui se fera sentir pendant des années. Pour ne pas se griller et vouer le parti socialiste à des décennies d’opposition, il invite ses concitoyens à donner leur avis. Une décision de politique politicienne née d’un manque de courage et de l’absence totale du sens des responsabilités.
Et que l’on ne vienne pas me parler de démocratie, de l’Europe des peuples face à l’Europe des marchands. Je préfère l'équité. Les Grecs ont triché (maquillage des comptes, économie souterraine), les Grecs ont dépensé sans compter (quelques exemples ici). Les Grecs doivent payer. Ce n'est que justice. Et au moment de passer à la caisse, on leur laisserait la possibilité de refuser l’addition en mettant en danger, du même coup, toute la zone euro ? Tout bonnement irresponsable.
Enfin, il faut que le peuple grec sache, et je pense qu’ils seront de plus en plus nombreux à en être conscients au cours des semaines qui viennent, que leur avenir est dans la zone euro. En sortir signifierait un bond dans le passé aux conséquences économiques désastreuses. Bien plus cruelles que les années de rigueur qui s’annoncent.