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Dividendes bancaires aussi généreux que les taux longs des emprunts d'Etat

Les banques sont désormais tellement bon marché et leurs dividendes si élevés que certains investisseurs n'hésitent plus, malgré les moments difficiles qu'elles vivent avec la crise du crédit, à considérer cette combinaison comme imbattable.

(l'écho) A force de se dire qu'il vaut mieux revenir un peu tard sur ces valeurs plutôt que de se positionner trop tôt à l'achat, on court le risque de manquer le point de retournement et, du même coup, une bonne partie du rebond boursier.

Même si elles nous réservent sans doute encore quelques mauvaises surprises au quatrième trimestre, la crise des dérivés de crédit risquant encore de les amener à enregistrer de nouvelles dépréciations dans leur portefeuille de dettes structurées, on ne peut nier que les financières ont été matraquées.

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Outre-Atlantique, l'indice KBW Bank, qui reprend les 24 principales institutions financières US en leur accordant une pondération qui est fonction de leur capitalisation, s'est contracté de près de 17% depuis ses sommets de février (contre un gain de près de 6% pour le S&P 500). Cela fait trois trimestres consécutifs de baisse pour le benchmark US, sa plus longue phase de déprime!

Une sanction justifiée lorsque l'on sait que les cinq principales banques américaines ont enregistré au troisième trimestre leur plus faible chiffre d'affaires combiné en plus de trois ans du fait de l'augmentation des défauts sur les crédits subprimes.

Citigroup a annoncé la semaine dernière une baisse de 57% de ses profits, en ce compris une dépréciation de 6,5 milliards de USD destinée à tenir compte de créances douteuses. Ce qui a valu à son cours de flancher cette année de près de 30% et de tomber à un plancher inégalé depuis 2003.

Dividendes historiques…

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En contrepartie, les banques US ont versé en octobre à leurs actionnaires 3,81% bruts, en moyenne et en rythme annuel, de leurs cours de Bourse sous forme de dividendes (contre seulement 1,87% pour le S&P 500). Du jamais vu depuis que l'indice KBW Bank fut élaboré il y a treize ans!

La dernière fois que Bank of America ou Wells Fargo ont affiché de tel rendement du dividende (5,4% et 3,8%) remonte au début des années 90, et ce juste avant que le secteur financier n'enregistre un bond de 44% consécutif à un cycle de baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed). L'histoire va-t-elle se répéter ?

Afin de mettre un peu de baume au cœur des actionnaires de Citigroup, la deuxième institution financière US, en termes de valeur de marché, leur versera en novembre le dividende trimestriel le plus élevé depuis 20 ans: 5,04% du cours de l'action (en rythme annuel). Ce qui est 4,3% de plus qu'en juillet 1998.

Et que dire de Washington Mutual (-45% par rapport à ses plus hauts de début d'année), le plus important pourvoyeur de prêts et détenteur d'épargne US offrant un rendement du dividende de 7,99% (un pic depuis 1986), le tout pour un ridicule ratio cours/valeur d'inventaire de 1,06.

Qui plus est, le dividende des banques US dépasse désormais largement celui des compagnies de télécoms (3,48%) et de services publics (2,9%), dont les dividendes ont été les plus généreux du S&P 500 ces cinq dernières années.

… et P/E attractifs

Si l'on ajoute à cela le fait que les valeurs bancaires US ne se traitent en moyenne qu'à 12,3 fois leurs bénéfices attendus cette année, leur plus faible multiple depuis 1999, l'hypothèse d'un rebond en Bourse ne paraît pas complètement farfelu.

«C'est justement quand tout le monde est inquiet au sujet d'un secteur d'activité que ce dernier offre des dividendes attractifs», observe Wouter Weijand, gestionnaire pour le compte d'ABN Amro.

Lorsque l'on observe des ventes paniques ou qui peuvent, comme c'est le cas actuellement, s'assimiler à un mouvement de panique, il est rare que les investisseurs fassent preuve de discrimination. Ils ont plutôt tendance à vendre tout le secteur. C'est ce qui explique que, quel que soit leur marché d'origine, les groupes bancaires ont été mis à rude épreuve ces derniers mois (lire encadré). En fait, seules les banques asiatiques (hors Japon), dont l'indice MSCI qui leur est consacré affiche un gain 2007 de 16%, ne suivent pas la tendance haussière des dividendes: leur «dividend yield» avoisine 1,6% contre 6,5% en juin 2003, alors que les dividendes distribués par le MSCI relatif aux banques mondiales s'élève à 4,03% contre 0,67% en mai 2002. Pour ne reprendre que le cas des financières reprises dans l'indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong, ces dernières se sont envolées de 46,43% et sont valorisées à 22,4 fois leurs bénéfices attendus en 2007. Ce qui s'accompagne d'un modique rendement du dividende de 1,91%, contre 4,04% en avril 2003.

Réédition du scénario de 1990-1991?

La seule fois où, au cours des deux dernières décennies, les bancaires ont connu une telle envolée de leur rendement du dividende, remonte à 1990-1991, avec la crise des «savings and loans» qui s'était soldée par l'effondrement d'un millier d'institutions financières et avait conduit la Fed à ramener son taux directeur, servant de référence aux taux interbancaires, de 8,25% à 3%.

Ceux qui ont le courage ou l'audace de jouer les bancaires insistent sur le rôle clef de la Fed dont le cycle de baisse des taux devrait, disent-ils, relancer la machine économique US.

Lors du précédent cycle de détente monétaire de la Fed (janvier 2001-juin 2003), la baisse du loyer de l'argent de 6,5% à 1% a contribué à ce que les bénéfices de Citigroup soient multipliés par 26% entre 2001 et 2003, contre un gain de 71% pour Bank of America, ou une multiplication par quatre pour JPMorgan.

Dans l'immédiat, une chose est sûre, le rendement du dividende des banques US a grimpé, en moyenne, de 0,8% cette année, ce qui les rend presque aussi compétitives que les emprunts d'Etat US. Avec un rendement de 4,37%, les Treasuries à 10 ans n'offrent plus qu'une prime de 0,56% par rapport au rendement des dividendes de l'indice KBW Bank. Sur le Vieux Continent, elles sont même légèrement plus généreuses que les taux longs (4,21%), à concurrence de +0,2%. Compte tenu de leur récente dépréciation boursière, le jeu en vaut certainement la chandelle. Mais comme souvent en Bourse, il conviendra de déterminer le bon timing. Ce qui revient, sans doute, à attendre la fin de la publication des résultats trimestriels qui, pour l'heure, se solde par 46% de «surprises» bénéficiaires négatives dans le chef des banques.

Luc Charlier

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