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Et si on achetait des tonnes de CO2?

Développer le marché des droits de réchauffer la planète ou taxer purement et simplement l'émission de CO2? Voilà une question que ne manqueront pas de se poser les pays qui se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
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(l'écho) Stany Schrans a bien une préférence, lui qui développe pour Fortis une série de services financiers autour de ce marché qui pesait 22,5 milliards d'euros l'an passé (+240% par rapport à 2005, au moins +100% attendus en 2007). «Au prix actuel de 20 euros la tonne environ, on pompe déjà 40 milliards d'euros par an dans l'économie», souligne-t-il. Et si la relative stabilité de ce prix montre que les quotas imposés sont raisonnables et acceptés par l'industrie via ce mécanisme de marché, qu'en serait-il d'une taxe, s'interroge-t-il? «Difficile de choisir le bon niveau: si les quotas avaient été trop sévères et que le prix s'était par conséquent envolé à 100 euros la tonne, c'eut été une catastrophe pour la compétitivité de l'économie européenne! Ce mécanisme de marché est déjà complexe. Une taxe le serait encore davantage».

Petit rappel

En vue de respecter leurs engagements de Kyoto, les pays européens créent, seuls, le marché des European Union Emissions Trading Scheme (EU ETS), afin que les producteurs qui émettent trop de gaz puissent acheter des droits auprès de ceux qui en économisent et ainsi éviter une amende (40 euros par tonne de CO2 excédentaire).

Entre 2005 et 2006, ce système permet d'économiser 150 millions de tonnes de CO2. Une goutte d'eau à l'échelle planétaire mais un bon début: pour le période 2008-2012, l'amende passera à 100 EUR/T et les quotas permis seront fortement réduits, en attendant une nouvelle montée en puissance au-delà de cette période (l'Europe veut au moins 20% de réductions d'ici 2020). Résultat: un déficit de 250 à 300 millions de droits par an est attendu dès 2008, estime Kris Voorspools, analyste chez Fortis.

Vers une explosion du prix?

Pas nécessairement, puisque les pays émergents, même s'ils n'ont pas signé Kyoto, ont été impliqués dans le mécanisme. Tout projet de réduction d'émission de gaz (énergie verte, cogénération, usine au gaz plutôt qu'au charbon etc.) peut prétendre à l'obtention de certificats, eux même convertibles en ETS. Autant dire un potentiel énorme.

Ce qui ne veut pas dire que l'investisseur individuel ne va pas être sollicité. «On négocie par lot minimal de 5.000 tonnes, soit 100.000 EUR, sinon les coûts administratifs sont trop élevés. Mais certaines banques se sont déjà penchées sur la possibilité d'impliquer les épargnants. Les fonds de pension, des hedge funds, voire des acteurs du private equity, proposeront prochainement des produits dans ce sens».

Evidemment, ce sera moins facile à comprendre que le dollar ou le pétrole puisque le prix du CO2 sera influencé par des facteurs politiques, par le prix des matières premières ou encore par la pluie et le beau temps (un hiver doux fait baisser la consommation, les pluies augmentent le niveau des barrages hydrauliques, etc.). Mais le krach d'avril 2006 (quand on s'est rendu compte que les émissions étaient moindres qu'attendu), semble relégué au rang de maladie de jeunesse d'un marché en forte croissance.

A terme, les certificats verts, tels que délivré en Régions wallonne et flamande pour la production d'énergie verte, devraient, par ailleurs, être mis en relation avec ce marché puisqu'ils affichent la même finalité, pronostique Kris Voorspools.

Jean-Yves Klein

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