(l'écho) Des dix-huit sous-groupes sectoriels, il est quasi celui qui performe à présent le moins bien depuis le début de cette année. Il accuse une perte de 8,75%. Sur la seule journée d'hier, il a reculé de 2,3%.
On le devine, la crise du subprime est passée par là. Elle est la raison principale de la méforme des valeurs financières. La chute de ces dernières aurait pu être beaucoup plus sévère si les banques centrales n'étaient pas intervenues pour assurer la liquidité des marchés.
Si, grâce aux actions des banques centrales, les investisseurs font preuve depuis quelques jours de moins de nervosité, ce n'est pas pour autant que l'on peut affirmer que les problèmes sont désormais derrière nous. Alors que la plupart des organismes financiers ont à cette heure quasi tous annoncé les résultats enregistrés au cours des six premiers mois de l'année, le flux d'informations en provenance de ce secteur va aller en diminuant au cours des semaines à venir. «L'on peut penser, affirme Dirk Peeters, analyste auprès de KBC Securities, que le thème du subprime reprenne un peu plus d'acuité, causant ainsi davantage de maux de tête aux investisseurs et mettant sous pression un peu plus encore les cours des actions financières.» «Même si, en regard des valorisations, nos objectifs de cours tiennent tout à fait la route, ajoute l'analyste, peut-être qu'il est encore trop tôt pour acheter ces actions.»
Montants en question dans le Benelux
La crainte d'avoir des surprises - des faillites par exemple - est ce qui suscite la méfiance des marchés envers les actions financières. Les difficultés rencontrées récemment par les banques allemandes IKB et Sachsen LB favorisent un tel environnement.
Les institutions financières du Benelux risquent-t-elles, pour leur part, de subir de semblables déconvenues? Pour le savoir, Dirk Peeters est parti à la recherche des montants «exposés au subprime» et qui se trouvent dans les portefeuilles d'investissement de nos banquiers et assureurs.
ABN Amro est celle qui paraît être la plus exposée, avec un montant de 60 à 70 milliards d'euros. Mais cette exposition au subprime est indirecte, dans la mesure où elle est constituée de papiers commerciaux (dettes à court terme, du type prêts voiture ou hypothécaire) qui sont regroupés dans des «conduits».
Avec 4,1 milliards d'euros, ING est la banque la moins confrontée au problème du subprime.
En Belgique, Fortis n'a guère donné d'informations suffisantes sur le sujet.
«En coulisse toutefois, précise Dirk Peeters, il se murmure que le bancassureur serait exposé à hauteur de 26 milliards d'USD, dont 60% aux Etats-Unis.» Comme chez ABN Amro, l'exposition de KBC est également indirecte. Elle se monte à près de 9,4 milliards d'euros.
Chez Dexia, qui se situe dans un cas différent des autres banques dans la mesure où elle assure des obligations plutôt que d'y investir, les montants en jeu concernent 9 milliards d'euros.
Enfin, du côté des assureurs, Aegon est exposé à hauteur de 3,4 milliards d'euros, AXA à 6,2 milliards d'euros, tandis que le Luxembourgeois Le Foyer n'a aucun investissement lié de près ou de loin au subprime. Tout comme la petite banque commerciale néerlandaises SNS Reaal.
A noter que les expositions des institutions financières bénéficient de différents ratings auprès des agences de notations. Même si ces produits ont beaucoup perdu de leur capital «confiance» auprès des investisseurs, on notera qu'une grande majorité d'entre eux bénéficient de la note «AAA» ou «AA». Chez ING, par exemple, 93% de l'exposition directe au subprime, soit 3,2 milliards d'euros, est classée «AAA/AA». 99% du portefeuille subprime d'Aegon d'une note «AA» ou mieux.
Jeu d'écriture
Au total, l'exposition au subprime des institutions dans le Benelux s'élève à un peu plus de 100 milliards d'euros. Ce montant comprend celui supposé de Fortis, ainsi que les estimations indirectes de KBC et d'ABN Amro. Que l'on se rassure toutefois. Ce n'est au mieux qu'une petite partie de ce montant que les institutions devraient effectivement perdre en cas de problème. Si l'on prend l'exemple de Fortis qui a une exposition supposée de 26 milliards d'euros (15,6 milliards d'euros), Dirk Peeters estime que les pertes du bancassureur pourraient bien n'être que de 170 millions d'euros. Pour l'analyste, qui ne pense pas qu'un accident puisse se produire parmi les banques et les assurances du Benelux, «on verra déjà plus clair lors de la publication des résultats pour le trimestre en cours». Il se peut toutefois que les pertes éventuelles subies dans le cadre du subprime, explique encore l'analyste, n'affectent pas les résultats. Selon que l'investissement ait été réalisé de façon à pouvoir être cédé à tout moment ou non, la banque a l'obligation - ou pas - de faire apparaître dans sa comptabilité les fluctuations des valorisations. Et l'on ne verra ainsi pas grand-chose avant l'échéance du produit financier. La banque a parfois aussi la possibilité de «jouer» avec ses fonds propres. L'on peut très bien imaginer que Fortis puisse rapporter l'éventuelle perte de 170 millions avancée plus haut sur ses fonds propres. Ce qui devrait, dans ce cas, ne pas faire apparaître de pertes.
Marc Collet