La tendance
(l'echo) -La monnaie unique a fortement reculé jeudi sur le marché des changes, notamment minée par le rebond du yen après des propos laissant entendre que le Groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) devrait critiquer la faible valeur de la devise nippone lors de sa réunion du 17 septembre.
Peu après 18 h, l'euro s'échangeait à 1,274 USD, soit une baisse de 0,53% par rapport à la veille. En cours de séance, la monnaie de l'Union européenne est même tombée à 1,2707 USD, son plus bas niveau depuis le 15 août. Dans le même temps, elle est aussi descendue à 147,84 yen, un niveau inégalé depuis le 11 août et qui s'avère être près de 3 yen en dessous de son record historique atteint jeudi dernier à 150,73 yen pour un euro.
Le déclic est venu de propos du secrétaire d'état au ministère allemand des Finances, Thomas Mirow, qui a indiqué que la faiblesse du cours du yen serait discutée la semaine prochaine par les ministres des Finances du G7 à Singapour.
«Depuis quelques mois, le yen s'est nettement affaibli (par rapport à ses sommets de l'été 2005, la devise nippone s'est dépréciée de 11,84% face à l'euro). On va sûrement devoir en parler», a-t-il déclaré.
Ces remarques ont profité au yen car elles ont laissé penser que la Banque du Japon (BoJ) pourrait intervenir, sous la pression des pays occidentaux, pour relever le cours de sa monnaie, qui a beaucoup reculé depuis son pic de 119,19 yen pour un dollar en mars.
Le rebond du yen, synonyme de moindre compétitivité des exportateurs japonais (encore qu'à ces niveaux, il ne faut rien exagérer!), s'est traduit en Bourse de Tokyo par une baisse du Nikkei de 1,67%.Le nouveau repli du baril de Brent(-0,7% à 66,46 USD, soit près de 12 USD de moins que ses récents sommets) n'a manifestement rien changé à l'affaire.
Quelles sont les facteurs qui ont entraîné la dépréciation du yen ?
La première cause réside dans la longue période de déflation et de récession qu'a connu le Japon. Une autre raison déterminante de l'affaiblissement du yen réside dans le phénomène de 'carry-trade'. Grâce à la faiblesse des taux d'intérêt en yen, les banques et les investisseurs institutionnels empruntent des yens quasi gratuitement. Ensuite la monnaie est vendue au profit de devises à haut rendement. Ce qui permet aux investisseurs de faire une belle plus-value sur la différence de taux.
Le yen est prêt pour un mouvement de rattrapage
Selon la maison de bourse Merrill Lynch la chute du yen est exagérée. La devise nipponne serait de 26% sous-évaluée et devient dès lors la monnaie industrielle la plus attractive.
Quels sont les catalyseurs?
-Les monnaies à faible taux d'intérêt performent en général mieux que les autres devises dans un contexte de taux d'intérêt en hausse au niveau mondial.
-Les perspectives économiques du Japon laissent à présent entrevoir une possibilité de relever les taux d'intérêt à court terme.
-Sous la pression de la part de l'Occident, il y a de grandes chances que la banque centrale nipponne intervienne sur le marché.
Hier la Banque du Japon se réunissait pour la deuxième journée de sa réunion monétaire. Si les taux d'intérêt risquent de rester inchangés actuellement, il semblerait que le gouverneur prépare les marchés à une relèvement des taux l'an prochain. La banque centrale pourrait procéder à deux relèvements en 2007, ce qui porterait le taux à court terme à 0,75% à fin 2007.
Il va sans conteste que lors de la prochaine réunion du G7 programmée à Singapour la semaine prochaine, ce problème sera mis sur la table par les pays occidentaux. Ceux-ci pourraient faire pression pour que la banque du Japon soutienne rapidement le yen en vendant d'autres devises.