(l'écho) L'indice Nikkei est ainsi passé sous le seuil psychologique des 16.000 points la semaine dernière, revenant à son plus bas niveau en quinze mois. L'indice composite de la Bourse de Shanghai s'est contracté de 8% sur cette même période, tandis que le Hang Seng à Hong Kong a perdu 5,53%. Les Bourses de Singapour et Bombay ont aussi souffert et se sont respectivement contractées de 3,11% et 5,35% la semaine dernière.
Alors que jusqu'à présent les Bourses asiatiques semblaient résister au marasme ambiant sur les places financières mondiales, «il semble que le sentiment général du marché se détériore», s'est alarmé un stratège chez Sun Hung Kai Financial à Hong Kong, selon qui «un grand nombre de facteurs négatifs y contribue, comme la chute du Dow Jones et le dernier relèvement du taux de réserves obligatoires en Chine».
Samedi, la Banque populaire de Chine a effectivement annoncé qu'elle allait relever fin novembre, pour la neuvième fois cette année, le taux des réserves obligatoires des banques commerciales, afin d'empêcher une surchauffe de l'économie. Cette mesure, qui aura pour effet de resserrer l'offre de crédit en Chine, a évidemment porté un coup supplémentaire aux opérateurs des Bourses de Shanghai et de Hong Kong.
Il faut dire que les informations de nature à déprimer les marchés financiers sont légion ces dernières semaines.
Les Bourses américaines sont sérieusement enrhumées, les prix du pétrole flambent, le billet vert ne cesse de se déprécier et les craintes sur les perspectives de l'économie américaine enflent après une série de résultats d'entreprises mitigés.
Selon les analystes, les investisseurs sont, en outre, de plus en plus pessimistes quant aux répercussions sur l'ensemble de l'économie américaine des difficultés du secteur financier, profondément meurtri par la crise des prêts immobiliers à risque («subprime»).
«Le problème des crédits subprime n'affecte pas seulement le secteur financier américain. Il se répand dans toute l'économie, et cela affectera d'autres pays car les Etats-Unis sont une destination majeure pour les exportations», s'est inquiété un analyste de CSC Securities à Hong Kong.
Un autre facteur susceptible de peser sur la croissance économique fulgurante d'économies comme la Chine et l'Inde, véritables moteurs pour la région, est la nette progression des prix pétroliers. «La montée en puissance du prix de l'or noir pourrait peser sur la croissance de la demande domestique en Chine et en Inde, où la consommation d'énergie ne cesse de progresser», relève l'agence de notation financière Standard & Poor's, pour qui cette question n'est pas anodine à l'heure où la croissance des Etats-Unis, une des principales destination des exportations asiatiques, est sérieusement remise en question.
Des investisseurs japonais frileux
Au Japon, c'est la remontée du yen face au dollar qui constitue la principale contrariété pour les investisseurs, qui craignent pour les bénéfices futurs des exportateurs nippons et se débarrassent donc de leurs titres.
Le billet vert est brièvement tombé lundi sous les 110 yen, évoluant à son plus bas niveau en un an et demi face à la devise japonaise, laquelle sert de valeur refuge pour les investisseurs de plus en plus allergiques au risque.
Selon les opérateurs, les investisseurs japonais n'osent plus acheter des actions même si les prix de nombreux titres sont devenus très intéressants après la série de dégringolades du Nikkei ces derniers jours.
«Beaucoup d'actions ont chuté à des prix très attractifs. Malgré cela, les problèmes aux Etats-Unis et le taux de change du yen face au dollar coupent l'appétit des chasseurs de bonnes affaires», a commenté un gestionnaire de fonds chez Nikko Cordial Securities.
K.H.