(l'écho) Partant de cette hypothèse, la société de gestion continue à privilégier les matières premières et les marchés émergents. «Si l'économie américaine ralentit, on devrait assister à un nouvel assouplissement monétaire et donc un affaiblissement supplémentaire du dollar. Pour les économies émergentes, dont les monnaies sont liées au billet vert, il va en résulter des politiques monétaires plus souples et donc davantage de liquidités susceptibles de soutenir leur marché boursier», a commenté Eric Le Coz, membre du comité de gestion. A l'entendre, «les économies de pays comme la Chine disposent encore d'un potentiel de croissance important, qui passe par l'essor de ses infrastructures».
Le développement des infrastructures en Chine et en Inde explique pourquoi Carmignac Gestion mise encore sur une poursuite de la hausse des prix des matières premières. «Nous nous trouvons dans une période unique où plus d'un tiers de la population mondiale essaie de développer son tissu économie. Lorsque le Japon, un pays plus petit que l'Inde et la Chine, a connu son boom dans les années 60, cela avait conduit à une hausse de la demande pour les matières premières. Imaginez maintenant ce scénario avec la Chine, dont la population est dix fois supérieure à celle du Japon», explique David Field, gestionnaire du fonds Commodities chez Carmignac Gestion.
Si la demande pour les ressources naturelles continuera d'être soutenue par l'appétit chinois, l'offre restera, en revanche, contenue. «Les entreprises actives dans ce secteur n'ont investi ni en infrastructures, ni en innovations technologiques, ni en personnel depuis deux décennies. Cela prendra du temps pour rattraper ce retard», indique le gestionnaire.
De l'or noir...
Il prend l'exemple des champs pétroliers: «l'essentiel de la production de pétrole provient de puits âgés de plus de 30 ans. Or, la production commence à décliner dès la première année d'exploitation. Pour un champ mature, il faut compter des pertes de production de 5 à 10% par an. C'est ainsi qu'au Mexique, les réserves d'or noir ont chuté de plus de 40% depuis 1998.»
«Mais la plupart des nouvelles découvertes se font dans des endroits difficilement accessibles, notamment en eaux profondes. Ce qui coûte énormément d'argent aux compagnies pétrolières», observe David Field. En conséquence, celui -ci préfère délaisser les sociétés pétrolières intégrées pour se focaliser sur les compagnies de services pétroliers, comme Transocean. «Cette société dispose de la plus importante flotte mondiale d'appareils de forage de 5e génération, capable d'aller en eaux profondes. Outre une forte visibilité en matière de résultats, l'entreprise possède encore une valorisation attrayante, de 7 à 8 fois ses bénéfices pour 2009», souligne-t-il.
...à l'or jaune
L'or repose sur la même dynamique. «On a, d'un côté, un recul de la production, avec des mines de plus en plus difficiles d'accès disposant d'infrastructures vieillissantes et, de l'autre, une demande en augmentation à cause de la Chine, de l'Inde et des pays du Golfe», précise David Field. Le métal jaune bénéficie, en outre, de son rôle protecteur contre l'inflation et la faiblesse du dollar.
Les métaux industriels comme le minerai de fer, le cuivre, ou l'aluminium n'échappent pas à la règle. «Vingt années de sous-investissement dans le secteur ont conduit à une augmentation des coûts de production, de transformation et de transport de ces métaux de base», note le gestionnaire qui privilégie les sociétés capables de produire à moindre coût, comme le Brésilien CVRD. «Les valorisations restent toujours raisonnables et inférieures à celles du marché. BHP Billiton, par exemple, possède un P/E de 12 , contre 17 pour le S&P 500», ajoute- t-il.
Seule une récession pourrait venir contrecarrer cette évolution, mais le gestionnaire de fonds n'y croit pas.
Jennifer Nille