(l'écho) Le groupe de Melville, dans l'Etat de New York, précise avoir choisi Milestone Advisors et Lazard pour l'aider à évaluer ses options et rechercher des sources alternatives de financement, parmi lesquelles pourrait figurer une «liquidation ordonnée de ses actifs». L'action a dégringolé de 89% à la Bourse de New York suite à l'annonce.
La crise monte d'un cran
American Home représente environ 2,5% de l'ensemble du marché américain du crédit hypothécaire. La société est spécialisée dans le crédit dit «Alt-A», un segment intermédiaire, en termes de qualité, entre le «prime» (bonne qualité) et le «subprime». La crise contamine donc un cran supérieur du crédit, jusque-là plus ou moins épargné. «Nous sommes bien dans le cas d'un 'credit crunch' (durcissement brutal des conditions de crédit, ndlr), qui ne concerne plus seulement quelques ménages mal notés», a expliqué Aurel Leven Securities.
A l'autre bout de la planète, la Bourse australienne a amplifié le mouvement de panique suite aux déclarations de la banque Macquarie qui a averti que deux de ses fonds allaient subir des pertes pouvant aller jusqu'à 258 millions de dollars américains en raison de la crise du «subprime». Le titre de la banque a chuté de près de 11% tandis que l'un de ses fonds, Fortress, a perdu près d'un quart de sa valeur.
Comme pour jeter davantage d'huile sur le feu, quelques heures plus tard, la banque américaine Bear Stearns, récemment embarrassée par les pertes de deux de ses hedge funds, annonçait avoir cessé les remboursements sur un troisième, confronté à des sorties massives d'argent. Le fonds de 850 millions USD en «asset backed securities» a vu ses performances baisser en juillet, ce qui a amené certains investisseurs à s'en retirer.
Et pour clôturer la journée d'hier, l'agence Fitch rating a décidé de dégrader pour 2,4 milliards USD de titres adossés au «subprime» en raison de l'augmentation de retards de paiement.
Les analystes dans le brouillard
Personne ne sait avec exactitude l'impact de la crise américaine, avertissent les analystes, et les commentaires sont pour le moins contrastés. «On ne peut faire qu'attendre», se lamente Song Seng Wun, responsable de recherches à la CIMB-GK à Singapour. «Si l'économie américaine continue à croître, l'impact pourrait être limité mais dans le cas contraire, cela pourrait s'aggraver», a-t-il ajouté. Certains veulent conserver leur optimisme. «Techniquement, nous atteignons le fond et cela devient trop tard de vendre», selon Jean-Luc Buchalet, stratégiste à Factset. «Nous ne sommes pas dans le contexte de la fin du mois de février ou de juin dernier, la plus grosse partie de la correction est maintenant derrière nous. Du côté des bénéfices, nous continuons de voir de bonnes prévisions partout. Il n'y a donc pas de drapeau rouge de ce côté-là, ni en Europe, ni aux Etats-Unis.»
Les politiques, inquiets mais optimistes
Face à ce contexte d'incertitude, les déclarations politiques se sont multipliées dans un ordre également dispersé.
Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a ainsi estimé que la crise des crédits hypothécaires à risque était largement contenue et que la croissance mondiale était la plus forte que l'on ait connue depuis plusieurs décennies.
Pourtant mardi, William Poole, le président de la Fed de St Louis, était plus nuancé. «La Fed ne connaît pas - et les acteurs du marché non plus - la totalité des implications de la baisse des marchés d'actions la semaine dernière», qui avaient également chuté sur les mauvaises nouvelles du «subprime».
Mêmes hésitations en Allemagne, où le secteur bancaire a été secoué en début de semaine après les avertissements sur résultats de IKB et de Commerzbank. «Je ne vois pas de répercussions», a indiqué hier le porte-parole du gouvernement allemand. Il s'agit «d'un événement local», a-t-il ajouté.
L'inquiétude aurait néanmoins été si grande, selon le quotidien «Süddeutsche Zeitung», que le ministre des Finances, Peer Steinbrück, aurait interrompu ses vacances pour s'occuper de ce dossier. Il aurait même poussé la banque publique KfW, actionnaire à 38% dans IKB, à voler au secours de cette dernière. Le résultat ne s'est pas fait attendre: hier, KfW annonçait l'ouverture d'une ligne de crédit de 8,1 milliards d'euros pour l'un des fonds d'IKB exposé au «subprime».
Serge Quoidbach