(l'écho) On compte actuellement 1.053 différents trackers émis et 1.686 listés dans le monde pesant 745,4 milliards de dollars (soit 509,18 milliards d'euros), selon les données de Morgan Stanley. Outre- Atlantique, le nombre de ces fonds s'élève à 533 pour un montant sous gestion de 530,5 milliards de dollars (362,38 milliards d'euros). Sur le Vieux Continent, on en compte 386 pour un montant total de 86 milliards d'euros. Le Japon reste lui encore un marché confidentiel car il enregistre seulement 13 trackers pesant 25,75 milliards d'euros.
L'Europe a connu la plus forte croissance de l'encours des trackers, avec un bond de 40,4% par rapport à 2006. Cette progression s'élève à 30,4% pour les Etats-Unis et 8,8% pour le Japon. «Le volume de capitaux échangés sur les trackers a régulièrement progressé ces dernières années. En 2006, 150 millions d'euros se négociaient chaque jour, cette année ce chiffre atteint 400 millions d'euros», relève Thibaud de Cherisey, responsable des produits trackers sur Euronext.
Une offre pléthorique
L'offre n' a, parallèlement, cessé de s'étoffer sur le marché. Quelques 339 trackers (aussi appelés exchange traded funds) ont été émis depuis le début de l'année jusqu'à la fin du troisième trimestre. Morgan Stanley indique dans une étude que 528 autres produits se trouvent en voie de lancement dont 77 pour l'Europe et 398 aux Etats-Unis. «Nous avons observé une grande quantité d'introductions de trackers plus spécialisés, souvent basés sur les secteurs ou les marchés émergents», commente Freddy van Mulligen, responsable de la recherche chez Morningstar pour le Benelux. «Avant, les trackers répliquaient la performance des grands indices européens comme le DJ Stoxx 50 ou le Cac 40. Maintenant, on retrouve des fonds de plus en plus spécialisés suivant les secteurs, les pays émergents, ou des thématiques telles que l'eau ou les énergies renouvelables», renchérit Thibaud de Cherisey.
L'année 2007 a également vu l'apparition des exchange traded securities (ETC).
«Ceux-ci se traitent comme des trackers, à la différence qu'ils ont une nature juridique différente», explique le responsable des produits trackers sur Euronext. Derrière le terme ETC se cache un titre coté, et non un fonds comme pour les trackers. «Les ETC se focalisent sur des sous-jacents comme l'or ou le pétrole. De par leur nature juridique, les trackers ne peuvent suivre ceux-ci. Ils doivent obéir à un ratio de dispersion des risques», ajoute-t-il.
Un intérêt partagé par tous
La progression des trackers s'explique avant tout par l'engouement des investisseurs, aussi bien institutionnels que particuliers. Parmi les produits les plus populaires, on retrouve les trackers obligataires et ceux suivant des grands indices comme le DJ Eurostoxx 50, le Dax 30 ou le Cac 40. «Les trackers sur les obligations ont été les plus vendus, en raison de l'intérêt des investisseurs institutionnels», explique Freddy van Mulligen. Les trackers sur les pays émergents se sont particulièrement distingués cette année. Thibaud de Cherisey note que, sur les 230 produits de ce type listés, on retrouve, dans le top dix des meilleures ventes en 2007, cinq véhicules classifiés émergents. «Nous avons observé une hausse de 30% des transactions sur ces trackers», précise-t-il. Si du côté des investisseurs institutionnels les trackers obligataires se sont taillé la part du lion, du côté des investisseurs particuliers, c'est une autre tendance qui s'est imposée. «Les trackers bear ou reverse ont bien marché, plutôt du côté des particuliers, des personnes ayant l'habitude de venir en Bourse et familiarisées à l'usage de véhicules plus complexes comme les futures ou les options», observe Thibaud de Cherisey. Ceci expliquerait pourquoi la crise du subprime n'a pas eu d'impact sur l'encours des trackers, au contraire des sicav. Depuis le début de l'année, les fonds traditionnels ont enregistré un recul des flux de capitaux en Europe, alors que l'aversion au risque s'est accrue. Les fonds indiciels n'ont eu à souffrir aucun retrait.
«On pourrait observer un impact positif plus tard», commente Thibaud de Cherisey, car «cette tendance devrait profiter aux ETF obligataires, qui n'ont pas encore atteint leur vitesse de croisière, et aux fonds monétaires purs, qui n'investissent pas dans le subprime. En août, nous avons observé une utilisation importante des trackers, considérés comme un outil pour réallouer efficacement et rapidement les portefeuilles d'actifs. Car pour chaque opportunité de marché, il existe désormais un tracker.»
Transparents, moins chers que les sicav, les trackers pourraient peser plus de 2.000 milliards de dollars d'ici 2011 selon Morgan Stanley. Ces produits n'ont pas fini de séduire les investisseurs, particuliers ou professionnels.
Jennifer Nille