(l'echo) Mais le nouveau paquebot boursier est confiant dans l'avenir et ses dirigeants ont tenu à le redire hier lors d'une cérémonie tenue en grande pompe. Le nouveau directeur exécutif américain John Thain et son adjoint français Jean-François Théodore se sont dits «émus» et «fiers» d'avoir mené à bien l'union du Nyse et d'Euronext, un projet lancé en mai 2006. Pour la première fois, un investisseur pouvait acheter des actions dénominées en euro avant l'ouverture des marchés américains et les revendre en dollar lontemps après la clôture des marchés européens (pour autant bien sûr que ces actions soient cotées conjointement sur l'un des quatre segments d'Euronext et sur le Nyse). «Nous sommes l'une des très rares plateformes à gérer des transactions 13 heures par jour», commentait Jean-François Théodore lors de la conférence de presse en exergue de la cérémonie.
Séance chahutée
Côté boursier pourtant, la joie était plutôt mitigée. Le géant transatlantique a en effet glissé sur le seuil de sa cotation combinée. Après une courte pointe à 75,24 euros, le titre dévissait ensuite d'un euro avant de connaître un plus bas de 73,76 euros aux alentours de midi puis une nouvelle chute à 73,70 euros vers 16 h. L'action a ensuite évolué sur une ligne horizontale avant d'opérer un bond sans conséquence en toute fin de séance pour clôturer à 74,21 euros, 1,85% en dessous des 75,61 euros, cours de référence qui correspond au cours de clôture de l'action Nyse à New York mardi. à New York, le titre a commencé la séance à 9 h 30 locales en baisse de 1,64% à 99,34 dollars pour clôturer en retrait de 3,42%.
«L'avenir est ouvert»
Les dirigeants du groupe fusionné n'en ont pas moins réaffirmé leurs ambitions. «Nous pensons que la consolidation va se poursuivre dans le secteur des Bourses. Il y aura une consolidation géographique et une diversification en termes de produits et je pense que vous nous verrez nous impliquer», a déclaré John Thain. «Nous sommes ouverts à ce que d'autres Bourses européennes soient intégrées au modèle d'Euronext», et notamment le marché actions de Francfort, a ajouté le président du conseil d'administration Jan-Michiel Hessels, tout en admettant n'avoir pas encore reçu de demandes en ce sens. «Notre priorité est à notre propre intégration» mais «l'avenir est ouvert» en termes de fusions-acquisitions, a-t-il résumé.
Synergie
«Une fois que toute cette fanfare est passée, la question sera de savoir si ces deux marchés différents, avec deux réglementations différentes, seront capables de combiner le meilleur des deux», confie à «Bloomberg» Bruce Weber, professeur à la London Business School. «Le succès se verra dans la diminution des coûts de transaction et dans la capacité à opérer sans heurt dans les deux marchés.» Le nouveau groupe compte générer 100 millions de dollars de revenus supplémentaires en trois ans, notamment en augmentant l'activité sur le marché d'actions mais aussi sur celui des produits dérivés américains, marqué actuellement par des fusions. Sur le plan des économies d'échelle, Nyse Euronext a l'intention de réduire annuellement ses dépenses de 275 millions de dollars en consolidant son parc informatique (passage de 6 plateformes informatiques à 2 et de 10 centres de données à 4) et en échangeant sa technologie de part et d'autre de l'Atlantique. Une réduction de coût jugée conservatrice par certains analystes. Cette synergie permettra aux intermédiaires (banques, maisons de courtage) de passer des ordres sur les différents marchés avec les mêmes outils, facilitant et réduisant ainsi le coût des transactions transatlantiques. Dans ce domaine, les commissions perçues par Euronext (pour les transactions sur actions) devraient être réduites de 10 à 15% d'ici deux à trois ans.
Gestion quotidienne
Pour l'heure, le principal travail reste confiné au sein du groupe : il faudra en effet convaincre les marchés d'une bonne gestion quotidienne du rapprochement. A ce titre, la poussée de fièvre néerlandaise du début de la semaine vis-à-vis de la suprématie parisienne n'est pas de bon augure. Comme la lourdeur du conseil d'administration: «Le conseil d'administration du groupe fusionné est, avec ses 22 membres, bien trop grand pour fonctionner correctement», commente le nouveau vice-président Marshall Carter, cité dans les colonnes du «Tijd». Selon Carter, un tel nombre était la seule façon de contenter tout le monde. Le premier conseil d'administration se tient justement aujourd'hui. Le groupe pourrait y dévoiler sa politique de dividende. Serge Quoidbach